Pourquoi je ne suis pas à La Nuit sur l’étang

Pour ma génération, La Nuit sur l’étang c’est un show rock parmi tant d’autres. C’est un show rock auquel on associe une certaine mythologie, puisqu’on nous dit que ça a déjà été autre chose qu’un simple show.

Ça a déjà été une soirée de party, un rassemblement, une célébration de l’art, de la musique, de la poésie, du théâtre. Me semble que c’était une façon de se faire notre propre Nuit de la poésie. Me semble que c’est censé représenter «la folie collective d’un peuple en party», non?

J’ai souvent ressenti un devoir, ou une obligation personnelle d’aller à La Nuit. Pas nécessairement pour les artistes, qui souvent ne m’intéressaient pas, mais pour avoir l’impression de participer à quelque chose. J’y allais, soit comme bénévole, soit comme consommateur, et j’étais souvent déçu. Pas nécessairement par les artistes, qui malgré leur anonymat relatif et/ou leur manque de compréhension du contexte donnaient des bonnes performances, mais par le manque de party, le manque de dynamisme, la banalité de la chose.

J’y allais, principalement (malheureusement) pour démontrer que les jeunes participaient encore à la culture franco-ontarienne.

Il y a quelques années que je ne suis pas allé à La Nuit sur l’étang. Ce n’est pas entièrement de ma faute, je n’habitais plus à Sudbury. Bien sûr, j’aurais pu faire la route et revenir voir ma famille pour une fin de semaine, mais tant qu’à faire 8 heures de route, je pouvais voir d’aussi bons, sinon de meilleurs shows à Montréal. D’après ce que m’ont raconté mes amis sudburois lors de mon exil, je n’ai pas manqué grand-chose. J’ai manqué quelques shows rock.

Revenu maintenant dans mon cratère, dans mon étang, dans mon talus de bleuets, je ne ressens plus ce besoin d’aller à La Nuit sur l’étang. Je ne ressens plus ce besoin de prouver que les jeunes s’impliquent; on l’a prouvé avec taGueule, on l’a prouvé avec des shows de Malajube, de Dumas, des Vulgaires Machins, on continue de le prouver et en ce sens, je ne suis plus aussi inquiet que je l’ai déjà été sur la place des jeunes dans la communauté. Mais à travers tout ça, notre folie collective ne passe plus que par La Nuit sur l’étang.

En cette 39ième Nuit sur l’étang, j’ai autre chose à faire. J’ai déjà vu en spectacle la plupart des artistes invités, et je n’ai pas envie de voir un show rock parmi tant d’autres.

Lisa LeBlanc : La torieuse

On l’a appelée la «Bernard Adamus féminine» et la «Diane Dufresne de Rosaireville».

Bullshit!

L’acadienne Lisa LeBlanc est une bébitte à part entière.

Originaire de Rosaireville, un village de 42 habitants au Nouveau-Brunswick, Lisa LeBlanc is the real deal. On attendait son premier album depuis longtemps, et my god, que ç’a valu l’attente. Réalisé par Louis-Jean Cormier (Karkwa), son premier opus est une charrue authentique, percutante et touchante qui torche d’un boutte à l’autre et qui ne laissera personne indifférent. Soit tu l’adores, soit tu l’get juste pas.

Armée d’un banjo, de boot spurs et d’une gueule en chiac rauque, on a affaire à une Lisa LeBlanc surprenante et mature (Ligne d’hydro), crue et poète (Motel), charmante et honnête (J’t’écris une chanson d’amour), tordante et puante (Aujourd’hui ma vie c’est d’la marde) et éternellement rough sur les bords (Câlisse-moi là). Belle surprise: entendre Louis-Jean Cormier chanter avec humilité «Au pire on riera ensemble. On mangera du Kraft Dinner. C’est tout c’qu’on a d’besoin.»

«Lisa LeBlanc n’a pas peur des mots, ce sont les mots qui ont peur d’elle.»

— Gilles Vigneault

La gagnante du grand Prix du Festival international de la chanson de Granby en 2010 auto-proclame son style musical le folk-trash, mais son attitude envers la musique ressemble beaucoup plus au punk qu’au folk (Chanson d’une rouspêteuse). Sa musique est un fuck you aux chansons fi-filles, au folk traditionnel et aux gens qui s’prennent trop au sérieux.

Lisa LeBlanc nous livre un premier album débordant d’honnêteté et rafraîchissant comme l’odeur du fumier au printemps.

L’album éponyme est sorti sous l’étiquette Bonsound Records et est disponible dès maintenant!

Pour les fans de

Bernard Adamus, Plume Latraverse, Marcel Martel, Canailles, Patrice Desbiens, Mononc’ Serge

Moments forts

Ligne d’hydro, Cerveau ramolli, Avoir su, Motel, Câlisse-moi là

Dérape de la Francophonie

En cette Journée de la Francophonie, je partage avec vous un vidéo qui est dans la même veine que C’est un amour, sauf que celui-ci vient de l’Ontario et les saxs kitch des années ’80 ont été remplacés par des «Yo! Yo! On est francos!», des «Francoquoi?» et des «C’est cooool».

On peut-tu s’il vous plaît arrêter de pervertir la Francophonie avec des quétaineries aussi insipides? On a d’l’air désespéré!

Oui, le contenu est pertinent, mais si le médium est le message, on est notre propre source d’assimilation.

Ça me rappelle un peu (mais un peu!) ceci.

Ariane Moffatt: MA

Le nouvel album, MA, de l’auteur-compositrice-interprète montréalaise Ariane Moffatt est nommé d’après le concept japonais d’espace négatif. Il faut souligner qu’il n’y a pas grand-chose de négatif avec cet album.

Pour son quatrième disque, Ariane Moffatt a pris une approche quasiment entièrement solo. Paroles, musique, instrumentation, réalisation… c’est vraiment une œuvre à elle et une bonne à part de ça. C’est un des rares albums de ces jours que l’on peut écouter du début à la fin et ne pas s’écœurer de le reboucler à nouveau. C’est une bombe.

Cet album lancé le 27 février dernier, est de l’électropop qui pousse les frontières de ce que c’est de la pop. Le dynamisme entrainé par les compositions fait en sorte que chaque chanson est quasiment une atmosphère en soi. C’est différent des derniers trois albums d’Ariane Moffatt. Ce qui manque selon certains, c’est une chanson excitante comme Réverbère. Moi, ça ne me manque pas du tout.

Mon seul hic c’est que l’album est à moitié en anglais. C’est de valeur. Ariane Moffatt fait de la langue française un outil de groove sublime. Malgré que les chansons anglophones se tiennent très bien debout, c’est juste mieux en français.

Pour les fans de

Mara Tremblay, Marie-Pierre Arthur, Dumas, Vincent Vallières, DJ Champion, Jean-Phillipe Goncales

Moments forts

Hôtel Amour, Mon corps, Sourire sincère

Recommendations

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À l’aube du printemps: Mes Aïeux

C’était en 2000. Un groupe osait tripoter l’ADN québécois à même son folklore. Quelques puristes ont fait la grimace tandis que les autres applaudissaient ce vent de fraîcheur inusité et hautement théâtral. 13 ans et 650 000 albums vendus plus tard – merci à Dégénérations, chanson valant à elle seule trois années de bac en sociologie -, plus personne ne doute de la pertinence de Mes Aïeux. Et ils sont de retour…

À l’aube du printemps, vous avez les deux pieds dans la neige brune et la boue quand, soudain, vous levez les yeux au ciel pour y apercevoir une volée d’outardes. Un ballet majestueux où les oiseaux se relaient sans orgueil en tête du peloton afin de maintenir le cap et le rythme. Une image forte qui aura guidé Stéphane Archambault et sa bande dans l’écriture de ce cinquième album résolument en phase avec son époque, où l’on attend encore des leaders inspirants.

Dès l’ouverture, on nous prend à bras-le-corps : Viens-t-en incite à la mobilisation, au mouvement. Crescendo délicat, on emboîte le pas et on aura bien besoin de cet élan pour piquer à travers les chansons suivantes comme autant de nuages dans l’horizon. Le gris domine et les questions essentielles abondent: «Quelqu’un sait-il où on s’en va ?», «À l’autre bout du pont, qu’est-ce qui m’attend ?» (En ligne), «Y a-t-il un sens à ta vie ?» (Des réponses à tes questions). Le principal intéressé ne trouvera pas, même après avoir interrogé père, mère, prof, psy et curé. Pas plus de réponses du côté de La Stakose, qui tire sur tout, espérant abattre un coupable qui se trouve peut-être de l’autre côté du fusil. Et on croit trouver un peu de répit avec La berceuse, mais on constate rapidement qu’elle ne sert qu’à nous endormir tandis qu’on pille nos ressources naturelles…

Que ce soit musicalement ou par les termes abordés, Mes Aïeux s’éloigne plus que jamais des racines traditionnelles qui les ont tant inspirés. Oui, l’increvable Yâb’ vient faire son tour (Histoire de peur) et on salue une bastringue moderne et séductrice (Je danse avec toi) mais l’essentiel est ailleurs. On a affaire à un disque profondément ancré dans son époque. Si le résultat est parfois lourd dans le propos, l’humour sauve la mise encore une fois. Et il y a de beaux moments plus légers (Je danse avec toi, Au gré du vent) qui permettent de garder le cap et d’arriver à bon port (Bye bye). On termine le voyage émerveillé par la résilience légendaire des Oies sauvages (la chanson la plus réussie du disque) autant que par ce groupe qui a su demeurer unis, persuadés de la force du nombre sur l’individualisme ambiant et surtout, convaincus que «malgré les défaites, on a encore nos ailes»…

Date de sortie: 12 mars 2012


Pochette: Marianne Chevalier

Maudite Française, devenue franco-ontarienne

Je m’en reviens du concert donné par Patricia Cano, notre chanteuse franco-ontarienne nationale. Je suis en train de braver les 50 cm de marde blanche d’hier et les -30 degrés d’aujourd’hui. Il fait frette en hostie. Je trouve mon courage en me rappelant les derniers Dalpé et Germain que je viens de relire pour un article dit scientifique. Je pense à ces trappeurs, ces chasseurs, ces bûcherons, ces Franco-Ontariens habitant leurs espaces faits de frette, d’hiver, de maudite marde blanche. Ça me donne du courage, pis je pense à mes chums à Minsk, il faisait frette aussi là-bas; pis je pense à Chalamov, au goulag et pis à Ravensbrück, à Simone Veil et à Geneviève Anthonioz – de Gaulle; il faisait frette aussi là-bas. Pis, à un moment l’alcool baisse, pis je me dis « allons Aurélie, t’es pas une ZEK, t’es pas dans les camps, c’est pas si pire », bah non crisse c’est pas si pire, je suis à Sudbury, y fait frette, mais je ne suis pas en mode survie, mais ça m’aide de penser à eux pour braver le froid et la marde blanche.

Fuckées pas mal comme références, bah c’est ça, t’es une maudite Française devenue franco-ontarienne. Les références sont toutes mêlées. Pis là je pense à ma conversation avec Carlos Bernardo, le guitariste brésilien le plus sudburois qui soit, qui m’annonce drette là qu’il vient de déménager à Paris avec sa nouvelle blonde. Moi je pense à mon ex-chum qui m’a amenée icitte dans le frette, pis qu’est maintenant avec une Brésilienne. Je me dis : « crisse, y’aurait un roman à écrire ». Pis ma petite voix intérieure me rappelle « bah, mais tu sais pas écrire ». C’est vrai, alors y’en aura pas de roman. Mais bon, sur le chemin, face au vent, je pensais (c’est une maladie, je peux pas m’en empêcher). Je me disais que tout ça, à c’te soir, c’était bien révélateur des Franco-Ontariens, et que c’était pour ça que je me dis Franco-Ontarienne depuis un bout’. C’est que tout le monde y peut l’être franco-ontarien. Patricia, Carlos, pis moi. Pis en même temps, on vit pas dans notre petit monde icitte dans le Nord, non. Patricia, elle se partage entre icitte, pis le Brésil, pis le Pérou; Carlos, entre icitte, pis le Brésil, pis la France. Pis moi itou. Pis ma fille qui un jour du haut de ses 6 ans à un Anglo qui lui demandait « mais tu es quoi toi? » Elle lui avait répondu drette là « bah, je suis franco-ontarienne parce que je suis née dans le Sault, pis québécoise par mon père, pis française par ma mère ». Maintenant, elle peut dire qu’elle est un peu brésilienne itou parce que son demi-frère est brésilien. Pis en plus la maman du petit, la Brésilienne, elle est aussi italienne, Enwoye donc : Franco-Ontarienne, Québécoise, Française, Brésilienne, pis Italienne. Les appartenances, c’est comme la salade de fruits, plus y’en a, meilleur c’est.

Alors, voilà c’est tout! C’était beau à ce soir de voir que Patricia avait rassemblé plein de monde au Little Montreal pour récolter de l’argent pour les familles de ces pauvres victimes de travailleurs temporaires péruviens. À ce soir, y avait des franco, des anglo, des hispano, peu importe, on était là pour se souvenir. Et pis c’est drôle, mais Stef Paquette a chanté quelques tounes, dont une sur les mineurs. C’était la première fois que je l’entendais. J’ai pas pu m’empêcher d’avoir des larmes. Pis Patricia aussi elle a chanté une chanson sud-américaine sur un Manuel mort au champ de mines. Pis je me suis demandée pourquoi ça venait me chercher. Moi, je suis tourangelle et bordelaise, on fait pas dans les mines, on fait dans le vin. Mais finalement, ça venait me chercher parce que les mines, comme Franco-Ontarienne, maintenant ça fait partie de mon héritage, pis aussi parce qu’au final c’est des travailleurs, qui travaillent la terre, en dessous ou au-dessus, on s’en fiche. C’est des gens qui donnent leur vie à travailler la terre. Et quelque part, notre identité elle est là. En dessous ou au-dessus de la terre.

Pis vous savez quoi? Y avait Marcel Aymar dans la salle. Quand je l’ai vu rentrer, j’ai pas pu m’empêcher de dire « y’a l’homme invisible ». Pis, à la fin du concert, j’ai dit à mon ami, « eh, regarde y’a Marcel Aymar, la première fois que je l’ai vu, je lui ai demandé un autographe ». Pis là, mon ami, québécois de son état, y’a souri. Alors, en maudit, j’ai été lui parlé à Marcel. J’lui ai montré la vidéo que j’avais faite avec mon téléphone du concert de CANO à Sturgeon en juin passé. Juste, genre lui dire que j’étais une vraie fan. Bon c’était quétaine. Mais je m’suis dit « vous, vous pouvez pas comprendre. Vous avez grandi avec CANO. Mais moi c’est là que tout a commencé ». Anyway, pendant tout le concert, j’ai rêvé que Patricia invite sur scène Marcel, pis qu’ils fassent En plein hiver. Ça c’est pas fait, mais chu sûre que j’vais en rêver cette nuit!

Le disque compact (1982-2012)

C’est dans un silence sidéral et numérique plus tôt cette nuit que la famille et les amis du Disque Compact ont confirmé sa mort. Monsieur Disque Compact, CD pour les intimes, est mort après une longue maladie industrielle et commerciale. Inconscient depuis des lunes, il n’aurait pas souffert, sauf de l’ouïe. Il avait 30 ans.

Conçu aux Pays-Bas en 1978 avant de naître en Allemagne en 1982, Disque Compact s’est fait connaître avec l’album 52nd Street de Billy Joel, le 1er octobre 1982. Reconnu initialement pour sa qualité sonore impeccable et inusable, il n’a pas pu garder les promesses de sa jeunesse. On s’en souviendra surtout pour son incroyable vélocité au frisbee, son manteau de cellophane qui a fait sacrer tous ceux qui ont voulu le déshabiller rapidement, et le sport qu’il inventa : la course vers le lecteur pour faire next quand il se mettait à sauter comme un cabri caféiné.

Un nuage plane au-dessus de cette mort annoncée à cause d’une enquête policière qui est présentement en cours pour déterminer les véritables causes du décès. Téléchargement, piratage, l’irruption de iTunes sont au nombre des hypothèses émises par l’industrie du disque. La plus probante, soutenue par des mélomanes, serait un suicide provoqué par la nouvelle répandue par Neil Young que Steve Jobs, créateur du célèbre iPod d’Apple, et amateur de long jeu, n’écoutait strictement que des vényls à la maison.

CD est précédé dans la mort par : le minidisque (1992-2011), la cassette (1963-1997), la Elcaset (1976-1980), la cartouche 8-track (1959-1981), le cylindre phonographique (1877-1907). Le défunt laisse dans le deuil ses frères et soeurs : le MP3, le AAC et le vinyle (qui est ressuscité des morts vers 2001 suite à l’introduction de l’iPod d’Apple).

Aucun service funéraire n’est planifié. Mais CD sera enterré dans un musée du son lors d’une cérémonie agrémenté par un concert de tables tournantes et un set de DJ diabolique.

Gabrielle Goulet, la Marie Mai franco-ontarienne

C’est juste pas bon.

Ce premier EP de la franco-ontarienne Gabrielle Goulet est produit par Michel Bénac du groupe Swing et ça paraît. C’est de la grosse pop quétaine surproduite et mal écrite. Mon iTunes a planté cinq fois en essayant de faire jouer l’disque. Je le blâme pas.

J’ai pu écouter la pièce Arc-en-ciel avant qu’iTunes dégosse une première fois. Arrivé à mi-chemin dans la seconde pièce, Ta voix, iTunes a fait une autre crise. C’est pas grave. Break.

Je réécoute Ta voix d’un boutte à l’autre. J’vais y donner une chance quand même!

Ta voix me chatouille en dedans
Je suis sous ton charme, et je dois te laisser savoir, je dois te laisser savoir…
Je tombe pour toi et ta voix dans le noir me chante tout le temps
Je tombe si fort et je dois te laisser savoir, je dois te laisser savoir…

Muah ha ha ha hein ha ha hein ha ha…

Me laisser savoir quoi? Fini tes phrases!

C’est de la pop. De la pop, c’est de la pop. On sait toute que c’est de la pop. Même elle sait que c’est de la pop. Elle est la Justin Bieber, la Selena Gomez, la Hannah Montana franco-ontarienne.

Aveux: j’aime beaucoup la musique pop. De la bonne musique pop. Mais ça,  c’est pas de la bonne pop. C’est une mauvaise imitation d’un genre amaricain qui est mécanique, agaçant et tout simplement plate. Ça sent l’Swing à n’en plus cracher. Chaque chanson est une photocopie médiocre de la précédente, comme si la machine manquait d’encre.

Arrivé à la piste 3, Dans tes bras, je commence quasiment à me sentir mal pour elle. Je me pose de sérieuses questions: comment est-ce que quelqu’un peut produire quelque chose comme ça sans que personne ne lui dise que c’est pas bon?  La réponse à cette question révèle un encore plus grand problème en Ontario français. Le manque de vrai critique. Il faut qu’on arrête d’appuyer la médiocrité si on veut produire des artistes qui ont de l’allure. Mais ça, c’est un autre billet.

Je comprends qu’il faut bien « supporter la relève » mais là, à quel prix?  Qu’est-ce qu’on est en train d’envoyer comme message?

Gabrielle Goulet a du chemin à faire et est loin d’avoir fait ses preuves. Fais-toi une faveur : laisse faire les feux d’artifice, débarrasse-toi de Bénac et trouve ta voix.

Arrivé à la fin de Petite fille, la dernière pièce de l’album, mon iTunes plante pour la dernière fois.

J’éjecte le disque. J’en ai entendu assez.

Pour ceux qui aiment

Star Académie, Justin Bieber, des gilets polos franco-ontariens.

Piano Mal : Julien Sagot

Suivant de fausses rumeurs que le célèbre groupe Karkwa (le premier groupe de langue française à remporter un prix Polaris) s’était dissous, un de ses percussionnistes et membres fondateurs, Julien Sagot a fait paraître son premier album solo intitulé Piano Mal le 1er février 2012 chez Simone Records. Je dois avouer que je ne savais pas trop à quoi m’attendre, n’étant familier qu’avec son travail au sein du groupe Karkwa.

Rapidement, Sagot nous transporte vers des paysages musicaux trop peu fréquentés. Des gros accords ouverts, disjoints et lents au piano s’opposent par moment à des petits coups de guitare rapides et secs. La sonorité de l’album crie Montréal, Paris, mais aussi un désert du Far West américain. Les mêmes genres de textes poétiques et réfléchis qu’on retrouve chez Karkwa sont aussi présents dans Piano Mal. C’est la précision des mots qui règne dans ce style d’écriture moelleux et précis.

Si certaines chansons sont lentes et éclatées, d’autres sont très rythmées et linéaires. Or, même l’oreille développée a du mal à déterminer comment l’artiste vient à bout de créer ces véritables voyages sonores, elle n’a pas l’impression de s’y perdre. Chaque son, chaque note, chaque effet sont recherchés, et aucun d’entre eux n’est utilisé de façon abusive. À tout ça, on ajoute la (superbe) voix rauque de Sagot et on obtient un produit incroyablement riche et velouté.

Bref, pour le mélomane, cet album aux textures parfois rudes, parfois lisses; aux sonorités parfois chaudes, parfois froides, est un incontournable du milieu musical actuel.

Pour les fans de

Karkwa, Serge Gainsbourg, Roger Whittaker, Ennio Morricone, Arthur H et Leif Vollebeck.

Moments forts

Piano Mal, Une vieille taupe, Le trucifier