Top 17 des meilleurs albums franco-ontariens

L’équipe de taGueule me propose de préparer un ambitieux palmarès; le Top 10 des meilleurs albums de l’histoire en Ontario français. Selon mes goûts personnels, évidemment.

En même temps, je lis sur taGueule que l’on commémore ces jours-ci les cent ans de l’infâme règlement 17.

Cela me donne l’idée de concocter plutôt  un Top 17 des meilleurs albums franco-ontariens.  Juste pour adapter un peu la formule à notre histoire.

Mais d’abord, je dois exclure certains disques que j’adore;

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[li]Il n’y a pas assez de chansons en français sur le superbe disque de Patricia Cano. Exclu. Snif![/li]
[li]Alexandre Désilets a passé quelques années à Kingston mais pas assez pour que je le considère Franco-Ontarien (même si j’aimerais bien pouvoir le faire). Exclu.[/li]
[li]Le charmant mini-disque d’Amélie est trop court pour être dans ce palmarès. Exclu. (J’ai bien hâte d’entendre ce qu’elle fera avec les Singes Bleus).[/li]
[li]Le disque de David Poulin n’est pas encore lancé. Je sens que ça va être fort. On attend.[/li]
[li]Francois Lemieux, Mastik, Les Chiclettes, Yvan Vollé, Paul Demers, Louis-Philippe Robillard, Mehdi Cayenne et plusieurs autres ont fait des chansons qui m’ont marqué. Mais leurs albums sont soit trop courts – soit trop inégaux pour que je les insère dans mon palmarès personnel. Dans le cadre d’une autre occasion, j’aimerais bien faire un palmarès de mes chansons franco-ontariennes préférées.[/li]
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Mon palmarès

17. Philippe Flahaut – Seul avec les autres

Un album que personne n’a remarqué. Pourtant, ce Torontois d’origine française est un brillant parolier, mélodiste et guitariste. Sa chanson du Baiser indélébile (sur l’amour maternel) est un bijou qu’aurait pu écrire Alain Souchon.


16. Deux Saisons – Plus ça change, moins c’est pareil

Un courageux changement de son pour le groupe à l’époque. Plus inégal que Le bal des bois mais avec plusieurs chansons solides.


15. Tricia Foster – 412

Plus le temps passe, plus j’aime ce disque, surtout les chansons plus politiques et altermondialistes.


14. Cindy Doire  – Chapeau de pluie

Si seulement Cindy peut, un jour, enregistrer un album francophone aussi efficace que ses disques anglais! Si le disque Sticks and mud était en français, il serait dans mon Top 5.


13. Robert Paquette – Dépêche-toi soleil

Sans Robert, y aurait-il eu tout le reste? Et son premier album demeure mon préféré, pour sa spontanéité et sa candeur.


12. Konflit Dramatik – Univers dissimulé

Le meilleur disque de rock de notre histoire. Excessif et immature mais puissant et provocateur.


11. Stef Paquette – Le Salut de l’arrière-pays

Comme tout le monde, j’aime la chanson de l’Homme exponentiel. Mais le Salut de l’arrière-pays est un disque magnifique d’un bout à l’autre, magnifiques mélodies, magnifiques arrangements et Stéphane qui chante avec cœur et sobriété sur des textes solides de Normand Renaud et Guylaine Tousignant. Un hommage aux petites villes du nord.


10. Tricia Foster – Commerciale

Surtout pour deux grandes chansons: Force ou faiblesse et Au nom de l’amour. En passant, son nouvel album Négligée n’est pas encore dans mon palmarès. Mais peut-être que dans six mois il y sera. Il me faut d’abord l’apprivoiser. Ca s’en vient!


9.  Deux Saisons  – Au bal des bois

Un grand groupe de party! Ginette Spraynet, Ottawa, Le verre de scotch, le Bal des bois… eh qu’on a eu du fun à chanter ca!!!


8. Andrea Lindsay – Les sentinelles dorment

Il faut le faire: une anglophone de Guelph qui écrit de si belles chansons en français. Et le charme dans la voix de cette fille là!!! Comment résister à Comment te le dire… Le temps de l’amour… Gin bombay… Le charleston?


7. En bref – Éponyme

Ils ont marqué une époque pendant leur trop courte carrière (qui a repris récemment). J’ai un faible pour Depuis toi. Et Ici dans le nord est la meilleure de nos chansons identitaire.


6. Marcel Aymar – Aymar

Il n’a fait qu’un disque solo en carrière. Mais quelle réussite, quelle voix… et les ambiances, les atmosphères… tout bricolé à la main! Jouissif.


5. Cano – Au nord de notre vie

Moins de grandes chansons que Tous dans le même bateau mais plus trippant, musicalement. Puis, il y a le doublé Au nord de notre vie et Spirit of the north….majestueux!


4. Damien Robitaille – L’homme autonome

Pratiquement aussi bon que le prochain album.


3. Damien Robitaille – L’homme qui me ressemble

Le compositeur de chanson le plus doué de l’histoire de l’Ontario français. Il y a les hits (Je tombe, Électrique, Porc Épic) et les grandes chansons (Dans l’horizon, Astronaute, Amnésie).


2. Konflit Dramatik – Éponyme (Tête de poisson)

Un album sous-estimé ici comme ailleurs. Un disque coup de poing. La chanson Tête de poisson me bouleverse à chaque écoute. La chanson de la «douche froide» est une réponse moderne à Dimanche après-midi de Cano. Et la reprise de God is an american est parfaite.


1. Cano – Tous dans le même bateau

Un grand groupe, un grand album, des chansons géantes… En plein hiver, Viens nous voir, Dimanche après-midi… etc.


PS: Par souci d’honnêteté intellectuelle et pour éviter toute apparence de conflit d’intérêt, j’aimerais préciser que j’ai officiellement – quoi que modestement – contribué aux textes de deux des disques de mon Top 17. Il s’agit des albums Chapeau de pluie de Cindy Doire et Univers dissimulé de Konflit Dramatik.

PS2: J’espère évidemment que la publication de Mon Top 17 fera gonfler les ventes des albums, re-stimulera la diffusion radiophonique des pièces auxquelles j’ai contribué et gonflera la somme des droits d’auteurs que me verse la SOCAN. Nous sommes dans une société capitaliste après tout. Au diable l’intégrité, vive la convergence !

PS3: Au fond, je peux bien vous le dire, c’est aussi moi qui a composé l’intégral des pièces de CANO. Mais ne le répétez pas, ça vexerait les musiciens du groupe. C’est une vieille entente entre eux et moi qu’on tient à garder secrète. Admirez ma modestie…

Tricia Foster : Marginale et triomphante

Ses fans habitués risquent d’être un peu déstabilisés. Tant mieux.

Négligée, le nouvel album de Tricia Foster, s’installe confortablement dans la marge de ce qui se fait habituellement en musique francophone au Canada. Une bouffée d’air frais.

Plongeant entre le trip-hop (Pendule), le drum & bass (M. Le Temps) et le jazz atmosphérique (Leaves), la grande fille avec une grande gueule née dans un trailer park près de North Bay dans le Nord de l’Ontario nous livre un album sombre, saupoudré de fébrilité et minimaliste à nous faire ronger les doigts. Gros phat beat qui fade out pendant une montée fulgurante de cor français. La négligée sait séduire.

Avec Olivier Fairfield (Timber Timbre, Iceberg) à la réalisation, on découvre une Tricia Foster complètement dans son élément. Sa livraison saccadée de texte sans retenue se colle parfaitement aux grooves planants, aux textures rudes et aux ambiances tendues créés par les cors français d’Erla Axelsdóttir et de Pietro Amato (Torngat, Bell Orchestre, Arcade Fire). La guitare se fait discrète, la voix est croustillante, les textes mûrs sont teintés d’images éclatantes, tout comme celle qui les chante. D’ailleurs, belle surprise : sur la deuxième pièce sur l’album, D’éclats de peines, Tricia chante un poème de Brigitte Haentjens tiré du recueil du même nom.

It grows on you. C’est un album qui passerait sous le radar à une seule écoute, mais qui s’avère triomphant après l’avoir dans l’casque pendant plusieurs semaines. Négligée marque clairement une renaissance pour l’artiste qui s’installe quelque part entre de l’early Ariane Moffatt et une Betty Bonifassi pré-Beast. L’artiste plonge entre le français et l’anglais sans hoquets et sans cérémonies, comme toute bonne Franco-Ontarienne. Les deux univers ne sont qu’un seul.

Tricia Foster nous livre son album le plus audacieux et authentique à ce jour. Un album pop percutant d’une grande dame qui mange du groove pour déjeuner, qui a peur de tout mais qui s’arrête à rien et qui ne mâche pas ses mots.

Reste à voir si l’Ontarienne qui a l’habitude de trop parler en show réussira à transposer l’atmosphère monastique en spectacle. Elle fera bien ce qu’elle voudra. C’est comme ça qu’on l’aime.

À écouter et réécouter trop fort et sur vinyle.

Pour les fans de

Betty Bonnifassi, Ariane Moffatt, Torngat

Moments forts

M. Le Temps, La 17, Pendule, D’éclats et de peinte

«Vidéo moche, mais musique intéressante» – Olivier Lalande, journaliste Nightlife et le Voir. Ditto.

S’aventurer dans la cour arrière de Patrick Watson

Patrick Watson
Adventures In Your Own Backyard
Secret City Records/Domino Records

Si taGueule publie une critique d’un album complètement en anglais, il faut que ce soit un maudit bon album. Eh bien, voici qu’arrive le tout nouvel album du montréalais Patrick Watson, Adventures In Your Own Backyard.

Après une nomination au prix Polaris pour chacun de ses deux plus récents albums (et une victoire d’ailleurs!), la barre était haute pour celui-ci et Watson ne déçoit pas une miette. Pour ce quatrième album, Patrick et sa formation ont enregistré l’album dans leur salle de répétition, d’où vient l’inspiration du titre de l’album. Comparé à Wooden Arms, son dernier album, Adventures In Your Own Backyard est un album moins éclectique, plutôt simple, mais toujours émouvant d’un bout à l’autre. C’est plus terre-à-terre et beaucoup plus axé sur les paroles et le chant.

L’album reprend le style pop/alternatif/folk/cinéma des dernières oeuvres de le formation. De la première piste, Lighthouse, avec son piano somptueux et une fin digne des meilleurs moments de splendeur, jusqu’aux dernières sombres notes de l’instrumental épilogue, Swimming Pools, l’album crée une atmosphère qui éclabousse en toute douceur. Il n’y a pas de chansons cheese, accrochantes ou emmerdeuses. Il n’y a que des simples mélodies permutées par la voix falsetto du chanteur, par des sons de trompettes et par des ambiances parfaitement placées. Les paroles de l’album racontent les ballades autour du voisinage, la campagne, l’amitié; l’album est quasiment un hommage à la vie chez lui au Québec. On dirait un miroir littéraire de The Suburbs d’Arcade Fire.

Patrick Watson célébra ce soir le lancement canadien de son album avec un troisième et dernier spectacle à guichet fermé au Théâtre Corona de Montréal. Pour le Canada et l’Europe continentale, un des albums les plus anticipés de l’année est finalement arrivée. L’album sortira le 20 avril en Allemagne et au Royaume-Uni, le 30 avril ailleurs sur la planète sauf aux États-Unis où ils devront attendre au 1er mai, un 24 heures de plus.

[h3]Pour les fans de[/h3]
Radiohead, Karkwa, Arcade Fire, The Cinematic Orchestra, Jimmy Hunt, City and Colour

[h3]Moments forts[/h3]
Lighthouse, The Quiet Crowd, Into Giants, Noisy Sunday

Dans une galaxie près de chez vous…

AVEC PAS D’CASQUE
Astronomie
Grosse Boîte

Au lieu de simplement rafistoler le folk joliment déglingué de ses deux premiers albums, dont l’excellent Dans la nature jusqu’au cou en 2009, le groupe montréalais Avec pas d’casque a choisi d’ajouter des sonorités plus atmosphériques, voire cosmiques. Défoncer le toit de la shed plutôt que bêtement la repeindre. Du coup, on en voit mieux les étoiles.

Ces étoiles, on les doit à l’arrivée du trompettiste baryton Mathieu Charbonneau (Torngat, The Luyas) et de Mark Lawson (Arcade Fire, etc.) à la console. Ils ont su planter un décor nocturne qui convient parfaitement aux textes du cinéaste Stéphane Lafleur (Continental, un film sans fusil, En terrain connus, le montage de Monsieur Lazhar), toujours aussi étonnant avec sa poésie de bout de ficelle, ces images gossées à même un quotidien à la fois tendre et désarmant :

Ton corps trempé dans la paillette
Ma tête de boule miroir
T’es un gala à toi toute seule
Je garde le vestiaire
(Les oiseaux faussent aussi)

Nous ferons des concours de lumière
De blessures en ordre croissant
Tu voudras que je préfère
J’haïrai évidemment
Mais je veillerai le feu avec toi

Veiller le feu

Qu’il s’agisse d’Apprivoiser les avions, de Veiller le feu ou de La journée qui s’en vient est flambant neuve, les mots et les images nous traversent le corps pour nous laisser émerveillés, mais aussi curieusement apaisés, preuve que le groupe a su dépasser la simple enfilade de métaphores chocs au profit d’un univers somptueux, cohérent. Alors qu’on écoutait les précédents albums d’Avec pas d’casque à la recherche de la jolie phrase à épingler sur son frigo, Astronomie nous invite plutôt à nous étendre au sol, les yeux plantés au ciel. Jamais l’idée d’accorder des «étoiles» à un disque n’aura été plus appropriée.

Pourquoi je ne suis pas à La Nuit sur l’étang

Pour ma génération, La Nuit sur l’étang c’est un show rock parmi tant d’autres. C’est un show rock auquel on associe une certaine mythologie, puisqu’on nous dit que ça a déjà été autre chose qu’un simple show.

Ça a déjà été une soirée de party, un rassemblement, une célébration de l’art, de la musique, de la poésie, du théâtre. Me semble que c’était une façon de se faire notre propre Nuit de la poésie. Me semble que c’est censé représenter «la folie collective d’un peuple en party», non?

J’ai souvent ressenti un devoir, ou une obligation personnelle d’aller à La Nuit. Pas nécessairement pour les artistes, qui souvent ne m’intéressaient pas, mais pour avoir l’impression de participer à quelque chose. J’y allais, soit comme bénévole, soit comme consommateur, et j’étais souvent déçu. Pas nécessairement par les artistes, qui malgré leur anonymat relatif et/ou leur manque de compréhension du contexte donnaient des bonnes performances, mais par le manque de party, le manque de dynamisme, la banalité de la chose.

J’y allais, principalement (malheureusement) pour démontrer que les jeunes participaient encore à la culture franco-ontarienne.

Il y a quelques années que je ne suis pas allé à La Nuit sur l’étang. Ce n’est pas entièrement de ma faute, je n’habitais plus à Sudbury. Bien sûr, j’aurais pu faire la route et revenir voir ma famille pour une fin de semaine, mais tant qu’à faire 8 heures de route, je pouvais voir d’aussi bons, sinon de meilleurs shows à Montréal. D’après ce que m’ont raconté mes amis sudburois lors de mon exil, je n’ai pas manqué grand-chose. J’ai manqué quelques shows rock.

Revenu maintenant dans mon cratère, dans mon étang, dans mon talus de bleuets, je ne ressens plus ce besoin d’aller à La Nuit sur l’étang. Je ne ressens plus ce besoin de prouver que les jeunes s’impliquent; on l’a prouvé avec taGueule, on l’a prouvé avec des shows de Malajube, de Dumas, des Vulgaires Machins, on continue de le prouver et en ce sens, je ne suis plus aussi inquiet que je l’ai déjà été sur la place des jeunes dans la communauté. Mais à travers tout ça, notre folie collective ne passe plus que par La Nuit sur l’étang.

En cette 39ième Nuit sur l’étang, j’ai autre chose à faire. J’ai déjà vu en spectacle la plupart des artistes invités, et je n’ai pas envie de voir un show rock parmi tant d’autres.

Ariane Moffatt: MA

Le nouvel album, MA, de l’auteur-compositrice-interprète montréalaise Ariane Moffatt est nommé d’après le concept japonais d’espace négatif. Il faut souligner qu’il n’y a pas grand-chose de négatif avec cet album.

Pour son quatrième disque, Ariane Moffatt a pris une approche quasiment entièrement solo. Paroles, musique, instrumentation, réalisation… c’est vraiment une œuvre à elle et une bonne à part de ça. C’est un des rares albums de ces jours que l’on peut écouter du début à la fin et ne pas s’écœurer de le reboucler à nouveau. C’est une bombe.

Cet album lancé le 27 février dernier, est de l’électropop qui pousse les frontières de ce que c’est de la pop. Le dynamisme entrainé par les compositions fait en sorte que chaque chanson est quasiment une atmosphère en soi. C’est différent des derniers trois albums d’Ariane Moffatt. Ce qui manque selon certains, c’est une chanson excitante comme Réverbère. Moi, ça ne me manque pas du tout.

Mon seul hic c’est que l’album est à moitié en anglais. C’est de valeur. Ariane Moffatt fait de la langue française un outil de groove sublime. Malgré que les chansons anglophones se tiennent très bien debout, c’est juste mieux en français.

Pour les fans de

Mara Tremblay, Marie-Pierre Arthur, Dumas, Vincent Vallières, DJ Champion, Jean-Phillipe Goncales

Moments forts

Hôtel Amour, Mon corps, Sourire sincère

Recommendations

[button text=’ Éric Robitaille rencontre Ariane Moffatt à l’émission Grands Lacs café, Radio-Canada ‘ url=’ http://www.radio-canada.ca/audio-video/pop.shtml#urlMedia=http://www.radio-canada.ca/Medianet/2012/CBON/GrandsLacsCafeCentre201203101015.asx ‘ color=’ #000000 ‘]

À l’aube du printemps: Mes Aïeux

C’était en 2000. Un groupe osait tripoter l’ADN québécois à même son folklore. Quelques puristes ont fait la grimace tandis que les autres applaudissaient ce vent de fraîcheur inusité et hautement théâtral. 13 ans et 650 000 albums vendus plus tard – merci à Dégénérations, chanson valant à elle seule trois années de bac en sociologie -, plus personne ne doute de la pertinence de Mes Aïeux. Et ils sont de retour…

À l’aube du printemps, vous avez les deux pieds dans la neige brune et la boue quand, soudain, vous levez les yeux au ciel pour y apercevoir une volée d’outardes. Un ballet majestueux où les oiseaux se relaient sans orgueil en tête du peloton afin de maintenir le cap et le rythme. Une image forte qui aura guidé Stéphane Archambault et sa bande dans l’écriture de ce cinquième album résolument en phase avec son époque, où l’on attend encore des leaders inspirants.

Dès l’ouverture, on nous prend à bras-le-corps : Viens-t-en incite à la mobilisation, au mouvement. Crescendo délicat, on emboîte le pas et on aura bien besoin de cet élan pour piquer à travers les chansons suivantes comme autant de nuages dans l’horizon. Le gris domine et les questions essentielles abondent: «Quelqu’un sait-il où on s’en va ?», «À l’autre bout du pont, qu’est-ce qui m’attend ?» (En ligne), «Y a-t-il un sens à ta vie ?» (Des réponses à tes questions). Le principal intéressé ne trouvera pas, même après avoir interrogé père, mère, prof, psy et curé. Pas plus de réponses du côté de La Stakose, qui tire sur tout, espérant abattre un coupable qui se trouve peut-être de l’autre côté du fusil. Et on croit trouver un peu de répit avec La berceuse, mais on constate rapidement qu’elle ne sert qu’à nous endormir tandis qu’on pille nos ressources naturelles…

Que ce soit musicalement ou par les termes abordés, Mes Aïeux s’éloigne plus que jamais des racines traditionnelles qui les ont tant inspirés. Oui, l’increvable Yâb’ vient faire son tour (Histoire de peur) et on salue une bastringue moderne et séductrice (Je danse avec toi) mais l’essentiel est ailleurs. On a affaire à un disque profondément ancré dans son époque. Si le résultat est parfois lourd dans le propos, l’humour sauve la mise encore une fois. Et il y a de beaux moments plus légers (Je danse avec toi, Au gré du vent) qui permettent de garder le cap et d’arriver à bon port (Bye bye). On termine le voyage émerveillé par la résilience légendaire des Oies sauvages (la chanson la plus réussie du disque) autant que par ce groupe qui a su demeurer unis, persuadés de la force du nombre sur l’individualisme ambiant et surtout, convaincus que «malgré les défaites, on a encore nos ailes»…

Date de sortie: 12 mars 2012


Pochette: Marianne Chevalier

Gabrielle Goulet, la Marie Mai franco-ontarienne

C’est juste pas bon.

Ce premier EP de la franco-ontarienne Gabrielle Goulet est produit par Michel Bénac du groupe Swing et ça paraît. C’est de la grosse pop quétaine surproduite et mal écrite. Mon iTunes a planté cinq fois en essayant de faire jouer l’disque. Je le blâme pas.

J’ai pu écouter la pièce Arc-en-ciel avant qu’iTunes dégosse une première fois. Arrivé à mi-chemin dans la seconde pièce, Ta voix, iTunes a fait une autre crise. C’est pas grave. Break.

Je réécoute Ta voix d’un boutte à l’autre. J’vais y donner une chance quand même!

Ta voix me chatouille en dedans
Je suis sous ton charme, et je dois te laisser savoir, je dois te laisser savoir…
Je tombe pour toi et ta voix dans le noir me chante tout le temps
Je tombe si fort et je dois te laisser savoir, je dois te laisser savoir…

Muah ha ha ha hein ha ha hein ha ha…

Me laisser savoir quoi? Fini tes phrases!

C’est de la pop. De la pop, c’est de la pop. On sait toute que c’est de la pop. Même elle sait que c’est de la pop. Elle est la Justin Bieber, la Selena Gomez, la Hannah Montana franco-ontarienne.

Aveux: j’aime beaucoup la musique pop. De la bonne musique pop. Mais ça,  c’est pas de la bonne pop. C’est une mauvaise imitation d’un genre amaricain qui est mécanique, agaçant et tout simplement plate. Ça sent l’Swing à n’en plus cracher. Chaque chanson est une photocopie médiocre de la précédente, comme si la machine manquait d’encre.

Arrivé à la piste 3, Dans tes bras, je commence quasiment à me sentir mal pour elle. Je me pose de sérieuses questions: comment est-ce que quelqu’un peut produire quelque chose comme ça sans que personne ne lui dise que c’est pas bon?  La réponse à cette question révèle un encore plus grand problème en Ontario français. Le manque de vrai critique. Il faut qu’on arrête d’appuyer la médiocrité si on veut produire des artistes qui ont de l’allure. Mais ça, c’est un autre billet.

Je comprends qu’il faut bien « supporter la relève » mais là, à quel prix?  Qu’est-ce qu’on est en train d’envoyer comme message?

Gabrielle Goulet a du chemin à faire et est loin d’avoir fait ses preuves. Fais-toi une faveur : laisse faire les feux d’artifice, débarrasse-toi de Bénac et trouve ta voix.

Arrivé à la fin de Petite fille, la dernière pièce de l’album, mon iTunes plante pour la dernière fois.

J’éjecte le disque. J’en ai entendu assez.

Pour ceux qui aiment

Star Académie, Justin Bieber, des gilets polos franco-ontariens.