Leçon 5 : Bienvenue au « Tohu-bohu des lettres »

«Tohu-bohu au pays de lettres», on doit l’admettre, est notre livre préféré. Le texte de Josée Larocque est absolument extraordinairement bien écrit ; les illustrations de Christian Quesnel sont tout simplement merveilleuses. La maison Bouton d’or d’Acadie nous offre une belle découverte. Mais il y a plus encore. Ce livre représente une excellente introduction à la ponctuation pour les petits… et les grands. Vous aurez donc deviné qu’aujourd’hui les mamans canes veulent faire un petit brin de causette sur la ponctuation.

L’histoire raconte qu’au pays des lettres, rien ne va plus car les minuscules et les majuscules sont fâchées. Alors Monsieur Point, accompagné de ses amis Monsieur Point d’interrogation, monsieur Point d’exclamation et la petite virgule, consultent pour trouver une solution à la chicane des lettres. Vous remarquerez que les signes de ponctuation sont beaucoup plus intelligents que M. Charest… mais là n’est point notre propos.

Notons tout d’abord que la ponctuation tout comme les majuscules ne sont pas de jolies décorations que l’on peut mettre un peu partout telles les enluminures du Moyen-âge. La ponctuation fait partie intégrante de la grammaire dans la mesure où elle donne un sens à la phrase. Remarquez par exemple l’usage de la ponctuation dans les deux phrases suivantes:

Le premier ministre, dit l’étudiant, est un imbécile.

Le premier ministre dit: l’étudiant est un imbécile.

La ponctuation nous indique donc qui est l’imbécile (même si on sait tous qui c’est en réalité… mais là n’est point notre propos).

Autre exemple:

Gabriel continue la lutte. (Il s’agit là d’un constat).

Gabriel, continue la lutte. (Il s’agit là d’une injonction).

1. Quand faut-il mettre une majuscule?

Bien entendu, on met une majuscule au début d’une phrase qui se clôture par un point (tout simple, ou d’interrogation ou d’exclamation). Notez bien que l’on ne met pas de majuscule après deux points, contrairement à l’anglais, sauf si vous citez une phrase entre guillemets, qui, dans le texte original, aurait débuté une phrase et aurait donc eu une majuscule.

On met également une majuscule aux noms propres (prénoms, noms, villes, pays, marques). Une faute couramment commise concerne les nationalités. La règle est simple: les noms de nationalité prennent une majuscule; les adjectifs de nationalité n’en prennent pas (une fois encore contrairement à l’anglais). Donc:

Les étudiants québécois aiment beaucoup les casseroles.

Certains Québécois de plus de 50 ans se comportent comme des nantis.

Autre problème couramment rencontré: les mois de l’année ne prennent pas de majuscule (contrairement à l’anglais une fois de plus).

Le mardi 22 mai sera à marquer d’une pierre blanche.

2. Du bon usage de la virgule

Comme nous le raconte l’histoire, il y a plein d’ouvrières virgules mais il ne faut point trop les fatiguer. La virgule sert à séparer, dans la même phrase, des éléments de même nature ou de même fonction. En général, il n’est pas nécessaire de l’utiliser si vous vous servez d’une conjonction de coordination (mais, ou, et, donc, or, ni, car… l’autre jour, je l’ai rencontré M. Méouédonkornikar, très sympathique!). Bien sûr, la virgule sert aussi à faire une énumération:

Ce premier ministre est irrespectueux, hautain, arrogant et méchant.

Nota bene: nous voyons souvent des personnes utiliser des points-virgules dans le cas d’une énumération, c’est une erreur. Le point-virgule sert, comme la virgule, à séparer des éléments semblables mais bien plus long. Par exemple:

Ils n’étaient pas contents ; ils ont sorti leurs casseroles ; ils voulaient enfin se faire entendre.

La virgule est aussi souvent mise à contribution au début d’une phrase à la suite par exemple d’un complément circonstanciel.

De nos jours, il est de bon ton de prendre des marches nocturnes.

3. Quelques petits détails…

Il arrive que le point soit utilisé pour faire une abréviation… encore faut-il bien utiliser ces abréviations!

Ainsi, Monsieur peut être remplacé par «M.» et madame par «Mme». Pourquoi monsieur a-t-il un point et non madame? La règle est simple: si la dernière lettre de l’abréviation est la dernière lettre du mot complet (comme le –e de Madame), il n’y a pas de point. Si ce n’est pas la dernière lettre (-m n’est pas la dernière lettre de monsieur) alors il y a un point:

Mademoiselle – Mlle

Docteur – Dr

Docteure – Dre

Ibidem – Ibid.

Professeur – Prof.

Id est – i.e.

Une fois n’est pas coutume, les règles de l’anglais sont la cause de nos erreurs.

Revenons à M. Méouédonkornikar. Les conjonctions de coordination ne sont jamais précédées d’une virgule si elles relient deux phrases de même nature.

Ils sont venus, ils ont vu, ils ont vaincu.

En revanche, il peut y avoir une virgule s’il s’agit de lier deux propositions qui ont une nature différente.

Charest n’était que premier ministre, et pourtant les principes de droits pour lesquels le peuple québécois s’était battu étaient clairs et bien établis.

On peut aussi mettre une virgule si l’on veut insister sur le contraste ou l’opposition entre deux propositions.

Le premier ministre s’entête, et même se rend ridicule.

Allez! À vos casseroles!

Leçon 3: les participes passés

Bon ça y est, vous trouviez les canes drôles, quétaines, intéressantes, un peu gauches, pas toujours claires, sexy (on extrapole un peu, mais après tout, taGueule est sensé être sexy alors on a le droit de le prendre à notre compte!), mais là on a peur. On se dit qu’attaquer les participes passés à la troisième leçon, la glace va casser sous nos petites pattes et pis on va couler drette-là! Mais c’est le printemps, prenons des risques, c’est la saison des amours!

Vous allez voir, ce n’est pas si compliqué si vous avez bien suivi les deux premières leçons.

Nous avons deux auxiliaires en français : ÊTRE et AVOIR. Des fois ce sont des verbes, des fois ce sont des auxiliaires (des aides grammaticales si vous voulez). Vous savez certainement que la langue française a plusieurs temps de verbes: présent, futur, imparfait, plus-que-parfait, passé composé et autres. Eh bien pour les temps composés, on a besoin d’un auxiliaire et d’un participe passé. Le participe passé c’est une forme verbale que chaque verbe a (le participe passé de «manger» est «mangé»; celui de «partir» est «parti», celui de «vouloir» est «voulu», etc.).

1er problème : Faut-il utiliser ÊTRE ou AVOIR?

La règle est assez simple: on utilise AVOIR presque tout le temps. On utilise ÊTRE avec les verbes d’état (devenir, naître, mourir) et les verbes de mouvement (aller, partir, venir, descendre, monter, revenir, parvenir, repartir) et TOMBER. Là faut pas qu’on s’énerve, mais vous comprenez que le verbe «tomber» indique un mouvement, alors il faut utiliser l’auxiliaire ÊTRE. Répétez et écrivez la phrase suivante 100 fois: «Je ne dirai plus jamais: ‘J’ai tombé’ mais ‘je suis tombé’». S’il vous plaît, pour la santé mentale des canes, plus jamais!

2ème problème : J’ai rien compris.

De quoi parlent-elles? Comment on fait ça? Pas de panique! Ça aussi c’est simple. Un temps composé est composé d’un AUXILIAIRE et d’un PARTICIPE PASSÉ. Prenons l’exemple du passé composé qu’on utilise très souvent:

J’ai mangé. (AVOIR au présent plus PARTICIPE PASSÉ de manger)

Tu es allé. (ÊTRE AU PRÉSENT plus PARTICIPE PASSÉ de aller – verbe de mouvement)

Il a parlé de chansons.

Elle est tombée sur les roches.

Nous sommes revenus du cinéma.

Vous avez fait un gâteau.

Ils sont partis à la pêche.

Elles ont mis leurs mitaines.

3ème problème : Ça se complique.

Bon là, on l’avoue ça se complique un tout petit peu: Comment ça s’accorde ces affaires là? Bougez pas ce n’est pas difficile, c’est juste qu’on ne vous l’a pas appris.

1ère règle:

Quand l’auxiliaire est ÊTRE, le participe passé s’accorde TOUJOURS en genre et en nombre avec le SUJET.

Ma mère est partie.

Mon père est parti.

Mes parents sont partis.

Mes sœurs sont parties.

Il est revenu.

Elle est tombée.

Ils sont sortis.

Elles sont descendues.

2ème règle:

Quand l’auxiliaire est AVOIR, le participe passé ne s’accorde JAMAIS, SAUF… (attendez la 3ème règle). Vous voyez dans les exemples suivants que le participe passé ne change pas, peu importe le sujet ou le COD, ou autre chose. Ça ne bouge pas!

Elle a mangé du cochon.

Il a fait un dessin.

Ils ont écrit une lettre.

Nous avons chanté au petit matin.

Elles ont récité un poème.

3ème règle:

SAUF… avec l’auxiliaire AVOIR, QUAND LE COD EST PLACÉ AVANT SON VERBE, LE PARTICIPE PASSÉ S’ACCORDE EN GENRE ET EN NOMBRE AVEC LE COD. (Il n’y a rien d’autre à faire que d’apprendre cette phrase comme vous avez appris le Notre Père, ça paraît futile mais ça sert dans la vie! … et en plus c’est moins long!)

Les fleurs qu’elle a cueillies sont bleues.

(Le participe passé «cueilli» s’accorde au féminin pluriel parce qu’il s’accorde avec les fleurs qui sont le COD du verbe «cueillir»… Elle a cueilli quoi? Les fleurs!).

Les bonbons! Il les a mangés!

(Le participe passé «mangé» s’accorde au masculin pluriel parce qu’il s’accorde avec les bonbons qui sont le COD du verbe «manger». Il a mangé quoi? Les bonbons!).

J’ai lu les livres que tu m’as prêtés.

(Très intéressante comme phrase: «lu» ne s’accorde pas parce que son COD (les livres) est placé APRÈS; en revanche, «prêté» s’accorde parce que son COD (les livres) est placé AVANT). Un autre exemple pour la route:

Elle a pris toutes les affaires qu’il lui avait données.

4ème règle :

Vous avez tout compris. Nous aussi. Tout le monde est content. Mais voyons, cela ne peut pas être aussi simple… et bien oui et non, avouez que c’est simple (si vous savez trouver un COD, voir leçon 1), mais des fois ça se complique un petit peu, juste des fois.

Avec le pronom EN (voir leçon 2) :

Vous vous rappelez peut-être que dans la leçon 2, nous avons appris que dans certains cas, on remplace le COD par le pronom EN. Eh bien, quand EN est placé avec le verbe, LE COD NE S’ACCORDE JAMAIS. C’est simple! Exemples:

J’ai mangé des bonbons.              (COD après le verbe, pas d’accord)

J’en ai mangé.                              (COD avant le verbe mais remplacé par EN, pas d’accord)

Les bonbons, je les ai mangés!    (COD placé avant, accord)

Certains verbes de mouvement peuvent être accompagnés d’un COD. Dans ce cas, on utilise AVOIR.

Elle est descendue dans la cuisine.

MAIS :

Elle a descendu son chandail pour le mettre à sécher.

Ils sont sortis prendre une marche.

MAIS :

Ils ont sorti les poubelles.

Les verbes pronominaux :

Avouons que nous rentrons dans un terrain glissant. Nous ne sommes pas certaines de tout comprendre. Ce qui est sûr c’est qu’avec un verbe pronominal (se + verbe comme se laver, se lever, se doucher), on utilise toujours l’auxiliaire ÊTRE. Le problème est l’accord. Si le verbe pronominal est réfléchi (le sujet fait l’action sur lui-même comme «se doucher», c’est toi que tu douches!), ou réciproque (on fait l’action en gang comme «se réconcilier»), alors on accorde en genre et en nombre avec le sujet.

Verbes réfléchis ou réciproques qui s’accordent

Elle s’est lavée.

Elles se sont couchées.

Ils se sont levés.

Nous nous sommes douchés.

Ils se sont réconciliés.

Elles se sont embrassées.

Verbes pronominaux suivis d’un infinitif : PAS D’ACCORD.

Elle s’est fait manger toute crue.

Elles se sont laissé aller à leur guise.

Pour les participes passés avec un infinitif, il faut toujours se poser la question du COD. Mais là on botte en touche, c’est compliqué: on vous donne le lien suivant si ça vous amuse.

Nous, on va se coucher parce qu’on a un boulot et des mômes à nourrir et amuser demain, mais si vous avez compris les trois premières règles, nous seront heureuses en maudit!