Première leçon : nature et fonction d’un mot

Comme toutes les mères le savent, il ne faudrait pas trop compter sur le système d’éducation pour que nos enfants apprennent les règles de base de la grammaire française. Nous n’en voulons pas aux enseignants, ils n’ont malheureusement pas été formés pour ça à l’école des sciences. Ce sont les bureaucrates qui pondent les programmes et les conseils scolaires, qui jadis comme l’Église, sont coupables de collaboration dans cette longue agonie de notre langue.

Nous aurions pu chialer, mais nous sommes tannées de le faire. Alors, pour une fois, parce que nous sommes résilientes, nous avons décidé de positiver et d’offrir des leçons de grammaire aux autres mamans qui n’auraient pas le temps de trouver les ressources nécessaires.

Nous ne sommes pas grammairiennes, et nous n’avons aucune prétention à l’être. Nous voulons simplement expliquer quelques bases avec nos mots à nous, et pas le jargon pédagogique incompréhensible des textes officiels. Cela repose sur nos souvenirs d’enfance, soit la méthode Grevisse, celle qui faisait que nos grands-parents arrêtaient l’école à 13 ans et savaient écrire sans faute. Tenants de la dite nouvelle grammaire aux petits arbres s’abstenir.

1ère leçon : nature et fonction d’un mot

Chaque mot a une nature et une fonction. La nature, c’est l’identité du mot, elle est quasi-immuable, c’est son marqueur génétique. Un mot peut donc être : un substantif aussi appelé un nom (chien, chat, langue), un verbe (manger, parler, être); un adverbe (hier, souvent, malheureusement); un pronom (je, nous, mes, ton); un déterminant (le, des, les); un adjectif (belle, gros, gentil). Souvent on associe plusieurs éléments comme « un gros chien », on parle alors de « groupe nominal ». De la même façon, un verbe est souvent conjugué et donc comporte plusieurs éléments comme « a été mangé », on parle alors de « groupe verbal ».

Mais chaque mot peut avoir des fonctions différentes dans une phrase : sujet, verbe, complément d’objet direct (COD), complément d’objet indirect (COI), complément circonstanciel (C.C.) (de temps, de lieu, de moyen, etc.). En règle générale, dans la langue française, on connaît la fonction d’un mot grâce à la place qu’il occupe dans la phrase (et non grâce à sa terminaison comme dans les langues à déclinaison). Les compléments circonstanciels sont des agents libres, ils peuvent se placer un peu n’importe où. Alors que la structure de base de la phrase est : sujet + verbe + COD, sauf à vouloir faire du style!

On peut trouver le sujet en posant la question « Qui? »

On peut trouver le COD en posant la question « Quoi? »

On peut trouver le COI en posant la question « A qui? »

On peut trouver les C.C. en posant les questions « Où? Quand? » etc.

Le verbe décrit l’action de la phrase.

Exemple

Le chat et la souris sont des noms mais ils peuvent être des sujets, des COD, des COI, etc.

Code couleur

[hl-yellow]En jaune[/hl-yellow], on souligne le sujet. [hl-green]En vert[/hl-green], on souligne le COD. [hl-red]En rouge[/hl-red], on souligne le verbe. [hl-blue]En bleu[/hl-blue], on souligne le COI. [hl-pink]En rose[/hl-pink], on souligne les compléments circonstanciels.

[hl-yellow]Le chat[/hl-yellow] [hl-red]voit[/hl-red] [hl-green]la souris.[/hl-green]
[hl-yellow]La souris[/hl-yellow] [hl-red]mange[/hl-red] [hl-green]du fromage.[/hl-green]
[hl-pink]Hier,[/hl-pink] [hl-yellow]la souris[/hl-yellow] [hl-red]est passée[/hl-red] [hl-pink]dans la cuisine.[/hl-pink]
[hl-pink]Demain,[/hl-pink] [hl-yellow]le chat[/hl-yellow] [hl-red]donnera[/hl-red] [hl-green]du fromage[/hl-green] [hl-blue]à la souris.[/hl-blue]

Utilité de la leçon

Il s’agit de la base de la langue. Comme la base de la division de la pensée scientifique : le biologiste étudie la nature de l’homme. Le sociologue étudie les fonctions de l’homme (est-ce qu’il est plombier, mineur ou bucheron? Mère, père, frère?). Il est impératif pour nos enfants de comprendre cette distinction afin qu’ils puissent, par la suite, bien faire leurs règles d’accord (du sujet avec le verbe, des participes passés, etc.). Mais de façon plus générale, cette distinction est utile pour comprendre la grammaire, la conjugaison et la syntaxe.

Exercices conseillés

Faites écrire des phrases à vos enfants les plus complexes possibles. Demandez-leur, avec notre code couleur, d’identifier les fonctions des mots (en les soulignant), et en dessous d’indiquer la nature du mot.

[hl-pink]Hier,[/hl-pink] [hl-yellow]les enfants[/hl-yellow] [hl-red]ont trouvé[/hl-red] [hl-green]des cadeaux[/hl-green] [hl-pink]sous le sapin.[/hl-pink]
adverbe, groupe nominal, groupe verbal, groupe nominal, groupe nominal

[hl-yellow]Ils[/hl-yellow] [hl-green]les[/hl-green] [hl-red]ont trouvés[/hl-red] [hl-pink]sous le sapin.[/hl-pink]
Pronom personnel, pronom, groupe verbal, groupe nominal

À vos crayons, et bonne chance!

Autres ressources

Vous trouverez ici des exercices que vous pouvez faire et qui seront corrigés.

Trou Story : Un gros trou démocratique

Il y a un vieux proverbe cri qui dit « Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson pêché, alors vous découvrirez que l’argent ne se mange pas. ». Voilà la citation à laquelle j’ai pensé après avoir vu le documentaire « Trou Story » de l’auteur-compositeur-interprète Richard Desjardins et du réalisateur Robert Monderie. Le duo nous avait offert « L’erreur boréale », qui portait sur l’industrie forestière, en 1999. Dans ce film coup-de-poing, l’équipe Desjardins-Monderie nous présente un portrait de l’histoire de l’industrie minière au Canada et au Québec. Ils jettent la lumière sur cette dernière à l’aide d’archives, de statistiques et de témoignages. Ils accusent les entreprises minières de récolter des profits exorbitants sans le moindre souci pour l’environnement, les travailleurs ou les populations affectées.

Le film nous emmène d’abord dans un voyage dans le temps guidé par des photos et des films du peuplement du Nord-Est ontarien et de l’Abitibi. On se penche sur la formation des mines de Sudbury (cuivre et nickel), Cobalt (argent) et Timmins (or) en Ontario, pour terminer avec celle de Rouyn-Noranda (cuivre et or) au Québec.

On constate que depuis leurs débuts, les mines constituent un grand moteur du capitalisme. Elles ont mené à la création d’empires et ont permis à un grand nombre d’industriels d’accumuler des fortunes immenses. On a notamment exhumé à Timmins, en Ontario, sept fois plus d’or que dans toute l’histoire du Klondike, une quantité équivalant aujourd’hui à 100 milliards de dollars.

Pendant des années, les mines ont pillé les ressources de la terre et pollué avec une impunité quasi-totale. Selon les réalisateurs, « La région entre Rouyn-Noranda et Val-d’Or est « l’une des plus importantes poubelles d’Amérique du Nord». Les vues aériennes de rivières et lacs pollués par les résidus sont sans équivoque. Pour ceux qui habitent autour des mines, on ne sait rien des conséquences sur la santé des métaux lourds. Au Canada, les normes de contamination n’ont pas été revues depuis 30 ans ».

Des conditions de travail effroyables

Par ailleurs, les entreprises minières ont exploité leurs travailleurs. Au début du siècle, la plupart des employés des mines étaient des immigrants venus d’Europe. Ils avaient des conditions de travail effroyables et couraient de grands risques. Ils travaillaient 10 heures par jour, six jours et demi par semaine, dans le fond des mines pour des salaires de misère. À cette époque, l’espérance de vie d’un mineur était de 46 ans.

Les risques pour la santé de la population étaient et demeurent énormes dans les régions minières. Pendant très longtemps, l’industrie a refusé de reconnaître le lien existant entre l’exposition à la pollution et le développement de maladies chez les mineurs. Plusieurs d’entre eux sont morts très jeunes sans jamais recevoir de dédommagement. Encore aujourd’hui, on recense un taux de plomb anormalement élevé dans le sang des résidents du quartier Notre-Dame, voisin de l’ancienne fonderie Horn, à Rouyn-Noranda. Les maladies respiratoires et les cancers y sont aussi monnaie courante.

À Malartic, dans le nord du Québec, des centaines de résidants ont été délogés de gré ou de force pour faire place à une gigantesque mine d’or à ciel ouvert. On va y extraire 55 000 tonnes de minerai du sol par jour. Et les habitants qui restent ne seront pas dédommagés pour leurs maisons et les risques à leur santé causés par le bruit et la pollution. « On peut rien dire, on sait rien », lance un habitant du secteur, inquiet comme ses voisins de voir apparaitre dans le paysage un trou gros comme 20 fois celui de la mine d’Asbestos. « La tour Eiffel va faire dans le trou, et on verra même pas le top… », illustre un autre citoyen.

Les mineurs ont lutté pendant 60 ans pour se syndicaliser et continuent à se battre aujourd’hui pour faire reconnaître leurs droits. Le film l’illustre bien avec l’exemple de la mine de Vale Inco à Sudbury. Les 3 500 travailleurs de cette mine ont fait la grève pendant un an, de juillet 2009 à juillet 2010, car l’entreprise refusait de renouveler leur convention collective s’ils n’acceptaient pas une détérioration importante de leurs conditions de travail. Malgré un bénéfice de 13,2 milliards de dollars américains réalisé en 2009, Vale insistait pour obtenir la mise en place d’un régime de retraite à deux vitesses, une réduction considérable de la prime de nickel et une détérioration importante des droits d’ancienneté, tout en engageant du personnel de remplacement pour continuer la production.

Des « bons citoyens corporatifs »

Alors qu’elles se vantent d’être des « bons citoyens corporatifs » et d’investir de façon importante au sein des communautés, les compagnies minières paient des impôts dérisoires. Les profits sont privatisés mais les dettes sont collectivisées.

Par exemple, à Sudbury, les mines ne paient pas pour les réservoirs d’eau, ni pour l’entretien des routes empruntées par les camions pour se rendre à la mine, qui restent à la charge des municipalités. De plus, très souvent, elles laissent aux gouvernements le fardeau de la décontamination des sites abandonnés. L’ancien maire de Sudbury, John Rodriguez, affirme qu’il a toujours dû « mendier » pour pouvoir financer les services publics. On compte actuellement 345 sites dits orphelins au Québec, dont la décontamination devrait coûter 264 millions $ au trésor public. Seulement pour la mine « Manitou » en Abitibi- Témiscamingue, il coûtera 50 millions $ pour décontaminer et réhabiliter le site abandonné par la compagnie. Si l’imposition est insupportable pour les compagnies minières, la charité leur semble tout à fait acceptable.

Partout dans le monde, lorsqu’une compagnie veut exploiter une mine, elle est tenue de payer des redevances pour compenser les habitants. Au Québec, le régime actuel prévoit que les minières versent 12 % de redevances sur les profits qu’elles réalisent. Si cela peut, à première vue, paraitre équitable, la réalité est tout autre. En avril 2009, un rapport du Vérificateur général du Québec a révélé que de 2002 à 2008, les compagnies minières ont extrait du sol québécois des métaux pour une valeur de 17 milliards de dollars. Quatorze d’entre elles n’ont versé aucune redevance, et les autres n’ont remis au trésor public que 259 millions de dollars, soit deux fois moins que ce qu’il en a coûté au gouvernement en infrastructures, en crédits d’impôt et en allégements fiscaux de toutes sortes.

Et si les gouvernements refusent d’accorder aux compagnies les privilèges qu’elles demandent, ces dernières vont tout simplement ailleurs ou pratiquent le chantage à l’emploi. Dans le cadre de la mondialisation et d’une économie libéralisée, elles peuvent facilement « délocaliser » leurs usines dans des pays moins regardants en termes de droits de l’homme, de droits sociaux ou de préservation de l’environnement, en exportant les minerais vers des sites de raffinage. Par exemple, les mines canadiennes vendent de plus en plus de minerai brut à la Chine, qui leur renvoie transformé, au double de sa valeur.

Pour Richard Desjardins, le constat est simple : « Pour nous, c’est une très mauvaise business, les mines. Dans certains pays comme la Norvège, l’État va toucher jusqu’à 50% des profits miniers. On est loin du compte, ici. »

Les Claims

Autre aberration soulignée par les réalisateurs : les « claims ». Dans le Québec d’aujourd’hui, pour acquérir un droit de propriété sur la ressource minière, une compagnie n’a qu’à placer un claim – réclamation – sur un territoire déterminé où elle croit pouvoir trouver de l’or, de l’argent, du fer, du zinc, du titane, du cuivre, des diamants ou autres métaux. Le claim équivaut à dire: « Je réclame le droit exclusif d’exploiter et de m’approprier la substance minérale que recèle ce terrain ».

Cette réclamation s’adresse au gouvernement, propriétaire en titre, au nom de la collectivité, de tout le sous-sol québécois. Automatiquement, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) acquiesce. La compagnie se trouve ainsi en possession d’un droit minier. Par la suite, elle obtient facilement du MRNF un bail minier ou une concession minière. Une compagnie peut placer un claim aussi bien sur les terres publiques que sur un terrain privé. Un propriétaire ne peut s’opposer à l’intrusion sur son terrain d’un individu ou d’une entreprise en possession d’un droit minier.

En autres mots, toute entreprise détentrice d’un claim peut faire tout ce qu’elle veut sur ses terres sans rendre de comptes. La partie la plus habitée de l’Abitibi est sous claim. Soulignons que même si la propriété privée est érigée en valeur cardinale en Amérique du Nord, le sol et ses ressources restent un bien éminemment collectif au même titre que l’eau ou l’atmosphère, par exemple.

Collusion entre l’industrie minière et les gouvernements

Desjardins et Monderie accusent les gouvernements canadien, ontarien et québécois de complaisance et de complicité dans le saccage de nos ressources naturelles. Des gouvernements qui, selon les cinéastes, ont bradé sans sourciller nos richesses collectives en délivrant à bas prix « des permis de polluer ». Selon les réalisateurs, même le premier ministre canadien Wilfrid Laurier (1896-1911) aurait touché un pot-de-vin pour avoir favorisé l’exploitation minière. « Ça fait partie de l’histoire du Canada, ça. Il y a parfois une proximité troublante. Le premier ministre (Laurier) qui touche un chèque de 5000 piasses, c’en est une illustration assez flagrante! »

Réaction de l’industrie

Comme on aurait pu s’y attendre, l’industrie n’a pas très bien accueilli le film pamphlétaire de MM. Desjardins et Monderie. La porte-parole d’une entreprise minière les accuse d’avoir une vision passéiste. Elle reconnaît que dans le passé, les mines ont eu leurs torts, mais soutient que les choses se sont grandement améliorées depuis. Robert Monderie avance que les entreprises minières ont le devoir d’agir de façon responsable : « Aujourd’hui, les nouvelles mines ne peuvent plus déverser leurs résidus dans le lac, mais elles ne sont pas responsables des méfaits passés: tout ces résidus qui restent dans les nappes phréatiques, dont l’arsenic au fond du lac Témiscamingue, j’aimerais ça que les industries minières prennent la responsabilité dans la décontamination pour le milliard de dommages déjà causés. Le ministère des Ressources naturelles paie à leur place et leur collusion là comme ailleurs est inacceptable. »

Appel à la nationalisation de l’industrie

Desjardins et Monderie lancent un appel en faveur de la nationalisation de l’industrie minière. À tout le moins, pour eux, il est urgent de revoir la Loi sur les mines pour mettre fin aux « méthodes issues du Far West » et au « vandalisme corporatif ». Les effets de l’exploitation minière sur la population et sur l’environnement sont dévastateurs et souvent, irréversibles. En bout de ligne, il faut se demander si cela en vaut la peine, lorsqu’on compare les profits versés aux collectivités avec les coûts totaux sur les plans environnemental et humain… La dernière phrase du film fait figure de devise : « Il est à peu près temps d’être maîtres chez nous. »

Ville de la semaine sur URBANIA : Sudbury

En cette journée bissextile, je suis fier de vous annoncer que j’ai écris la chronique de la ville de la semaine pour le magazine URBANIA.

C’est la première Ville de la semaine à plus que quelques minutes de la belle province. J’aurais bien aimé dire que c’était la première hors-Québec mais Ottawa m’a devancé.

Selon moi, c’est un beau signe de bonne volonté, des deux bords de la rivière des Outaouais/Lac Témiscaminque, que de publier un texte de même. En plus, les gens de Sudbury ont une réduction sur l’abonnement à Urbania cette semaine! YEEE BOIIIEE!

Je vous suggère fortement de faire le tour un peu sur le site, selon moi le meilleur magazine/blogue/plateforme de diffusion francophone du Canada/Québec. Vous y lirez des textes de [name-drop d’une personnalité inconnue en Ontario] ou encore de [hipster montréalais quelconque] ainsi que des textes percutants sur [cause dont on a aucune connaissance hors-Québec, mais qu’on devrait] et [artistes intéressants qui gagneraient à être connus en Ontario]. En plus, ils sont drôles, pis c’est tout en français! Wow!


Photo: Sébastien Perth

La quête de racines

« On l’a tous lu, mais en a-t-on retenu quelque chose? » C’est la question que posait récemment un internaute au sujet du roman La quête d’Alexandre de Hélène Brodeur. Plus de 30 ans après ma lecture, je relève le défi. Sans relecture, alors soyez indulgents.

J’ai lu ce livre dès sa publication puisque je suis un abonné à Prise de parole et que j’achète tous leurs livres. Si vous aimez la littérature, vous devriez faire de même. Mais je m’égare.

Bon, qu’est-ce qui me revient? D’abord que c’est l’histoire d’un gars, Alexandre, qui quitte son patelin québécois pour aller retrouver son frère parti quelques années auparavant dans le nord de l’Ontario. Il me semble que ça se passe dans les années entre les deux guerres mondiales. Alexandre aboutit dans un petit village dont le nom m’échappe mais qui est calqué sur Val Gagné.

Alexandre finit par retrouver son frère mais les deux hommes n’ont plus grand’ chose en commun et le frère retourne au Québec. Alexandre, lui, reste au village parce que, ben oui, il est en amour. Je ne me souviens plus du nom de la belle et je crois même que l’idylle finit en queue de poisson. Mais bon, l’important c’est qu’Alexandre reste dans le nord de l’Ontario où il fera sa vie.

Hélène Brodeur a écrit deux autres romans qui sont la suite de La quête d’Alexandre. Dans ces livres on suit la vie d’Alexandre qui fait des affaires, qui devient membre de l’Ordre de Jacques Cartier, la Patente et qui finit même par faire de la politique. Voila pour le « pitch » comme disait Ardisson.

Ça c’est plus ou moins l’histoire. Enfin, ce dont je me souviens. Mais ce qui me revient encore plus fort c’est que c’est bien écrit, que c’est un divertissement, un « page-turner ». Mais c’est surtout un livre qui raconte l’histoire de la colonisation du nord de l’Ontario par des parlant français.

On y vit le grand feu qui a détruit plusieurs villes et villages du nord au début du XXe siècle. On suit les Canadiens français du nord alors qu’il vivent la dépression, la guerre et la reconstruction. On apprend les batailles qu’ils ont dû livrer pour obtenir leurs droits en tant que francophones. On comprend leur affiliation à leur paroisse, leur école, leur village. Et on voit comment ils ont trouvé des alliés chez certains anglophones.

Voila donc ce que j’ai retenu. Mon souvenir est un peu flou, bien sûr, ça fait plus de trente ans. Mais le « bottom line » est que c’est un roman intéressant qui nous fait mieux comprendre d’où nous venons.

Le meilleur documentaire franco-ontarien que vous n’avez jamais vu

Il y a environ deux semaines, je faisais une recherche YouTube pour le mot « franco-ontarien », dans l’espoir de trouver un vieux clip de Marie Soleil ou bien encore un vieux sketch de Volt pour mettre sur la page de taGueule en attendant le lancement imminent. Rien d’intéressant sur la première page. Deuxième page presqu’aussi plate à l’horizon.

Quand tout à coup, je tombe sur un titre qui m’intrigue. « J’ai besoin d’un nom (1978) documentaire franco-ontarien ». 6 views. Mis en ligne par « ontarois ». Son seul vidéo. Aucun commentaire. En ligne depuis une semaine.

J’ai vu des vieux documentaires sur le Québec, sur le Canada, sur l’Acadie, sur l’Ontario français, sur CANO, mais celui-ci ne me disait rien. Pourquoi j’en avais jamais entendu parler?

La mythologie franco-ontarienne

La décennie des années ’70 a une place importante dans l’histoire canadienne, québécoise, et franco-ontarienne. C’est là qu’on arrêté d’être canadiens-français, qu’on est devenu autre chose, qu’on a eu un drapeau, et qu’on attendait de voir ce qu’allaient faire nos cousins québécois, sans trop savoir ce que ça voulait dire pour nous. Mes parents, comme ceux de plusieurs gens de mon âge, ont vécu cette époque, mais je n’en connais que quelques anecdotes ici et là; la première Nuit sur l’étang, la création du drapeau franco-ontarien, une soirée passée à écouter tous les albums de Charlebois. En fait, c’était souvent des choses que j’apprenais à l’école et je demandais par la suite à mes parents leur version des faits.

Where have you been my whole life?

Mais là, j’avais devant moi un document d’une authenticité indiscutable (production de l’ONF) et d’une importance capitale. J’étais sérieusement abasourdi, en tant que franco-ontarien, étudiant en communications, et documentaire-ophile, que j’avais jamais entendu parler de ce film.

J’ai regardé le premier 5 minutes, et j’ai compris immédiatement que ce n’était pas le genre de film à regarder de façon distraite en regardant le hockey. J’ai tout de suite fait parvenir le lien à quelques autres collaborateurs de taGueule et j’ai fermé mon ordinateur, avec la ferme intention de m’enfermer dans mon sous-sol pour pouvoir me concentrer sur le film.

What the fuck?

Et j’ai été jeté à terre. Complètement. J’ai été en tabarnak toute la semaine après ça. Complètement outré. Ce film, c’est le genre de film qu’on devrait nous montrer au secondaire. Au Québec, on leur enseigne le Refus global, la Révolution tranquille, Speak White

Me semble que la moindre des choses serait de nous montrer ce film.

En gros, c’est un documentaire sur une réunion de l’ACFO à Sudbury, en 1976. Cette réunion sert de trame de fond au film, qui prend la forme d’un habile montage d’entrevues avec des intervenants parfois pertinents, parfois risibles, toujours percutants. Je veux même pas en dire plus.

Regardez le film. Pour l’amour de tout ce qui est franco-ontarien, regardez ce film. Faites-le circuler, parlez-en, n’importe quoi.

It’s when I remember who I was that I can’t remember who I am

Ce qu’on comprend en regardant ce film, c’est que les déboires actuels de l’Ontario français par rapport à l’assimilation, à la politique, et à la culture elle-même remontent à cette époque. Malgré tous les acquis de la communauté depuis 1978, les questions soulevées par le film sont toujours extrêmement pertinentes, et on n’y a pas encore trouvé de réponse. On a toujours besoin d’un nom.

Le disque compact (1982-2012)

C’est dans un silence sidéral et numérique plus tôt cette nuit que la famille et les amis du Disque Compact ont confirmé sa mort. Monsieur Disque Compact, CD pour les intimes, est mort après une longue maladie industrielle et commerciale. Inconscient depuis des lunes, il n’aurait pas souffert, sauf de l’ouïe. Il avait 30 ans.

Conçu aux Pays-Bas en 1978 avant de naître en Allemagne en 1982, Disque Compact s’est fait connaître avec l’album 52nd Street de Billy Joel, le 1er octobre 1982. Reconnu initialement pour sa qualité sonore impeccable et inusable, il n’a pas pu garder les promesses de sa jeunesse. On s’en souviendra surtout pour son incroyable vélocité au frisbee, son manteau de cellophane qui a fait sacrer tous ceux qui ont voulu le déshabiller rapidement, et le sport qu’il inventa : la course vers le lecteur pour faire next quand il se mettait à sauter comme un cabri caféiné.

Un nuage plane au-dessus de cette mort annoncée à cause d’une enquête policière qui est présentement en cours pour déterminer les véritables causes du décès. Téléchargement, piratage, l’irruption de iTunes sont au nombre des hypothèses émises par l’industrie du disque. La plus probante, soutenue par des mélomanes, serait un suicide provoqué par la nouvelle répandue par Neil Young que Steve Jobs, créateur du célèbre iPod d’Apple, et amateur de long jeu, n’écoutait strictement que des vényls à la maison.

CD est précédé dans la mort par : le minidisque (1992-2011), la cassette (1963-1997), la Elcaset (1976-1980), la cartouche 8-track (1959-1981), le cylindre phonographique (1877-1907). Le défunt laisse dans le deuil ses frères et soeurs : le MP3, le AAC et le vinyle (qui est ressuscité des morts vers 2001 suite à l’introduction de l’iPod d’Apple).

Aucun service funéraire n’est planifié. Mais CD sera enterré dans un musée du son lors d’une cérémonie agrémenté par un concert de tables tournantes et un set de DJ diabolique.

Lettre aux éditeurs: À qui revient la responsabilité?

Si mon enfant ne sait pas ou ne veut pas s’exprimer en français, c’est de la faute des enseignants et des enseignantes. Si nos élèves préfèrent s’exprimer en anglais, c’est à cause de nos directions et de nos conseils qui ne nous appuient pas. Si on ne veut pas parler français, c’est à cause des systèmes de valorisation comme L’étoile du mois ou les Franco-primes,… et bla bla bla! Il faut arrêter de publier des articles biaisés qui ne montrent qu’une facette du problème.

La réalité est qu’il manque certains éléments importants à notre équation. Les parents, la famille, ainsi que la communauté existent aussi. Avec le monde de l’éducation, ils jouent un rôle primordial pour que nos jeunes développent un sentiment d’appartenance face à leur langue et à leur culture.

Il est juste de dire que l’école doit inclure dans sa programmation des évènements, activités, groupes de musique, troupes de théâtre, choix de lecture, choix de musique, tournois sportifs et ainsi de suite. Et à l’école élémentaire? Il est possible d’organiser des jeux de balles, de cordes, de marelle ainsi que de développer du vocabulaire sportif et d’encourager (sans punir) qu’il soit employé dans la cour d’école. De plus, le personnel enseignant et non enseignant doivent aussi se montrer authentique dans leur façon de promouvoir leur culture. Et surtout, ils doivent s’exprimer en français dans l’école, entre collègues et devant les élèves. Malheureusement, les jeunes enseignants semblent pour la plupart négligeants de ce côté. Pourquoi? Je pense sérieusement que les conseils scolaires francophones ne se donnent pas la peine d’embaucher des enseignants convaincus ni, si on peut se permettre l’expression, « la crème de la crème ». On se contente de prendre les premiers venus avec une éducation qui laisse à désirer et, zéro ou peu d’expérience, car voyez-vous, on économise ainsi en n’ayant pas à les payer aussi cher qu’on rémunérerait un enseignant ou une enseignante ayant un certain montant d’années d’expérience. De plus il serait de mise d’affirmer que l’École des Sciences de l’éducation ne fournit pas les outils nécessaires ni la formation aux sujets qui seraient aptes à créer des éducateurs imprégnés de la culture et de la langue française (même s’ils ne sont pas eux-mêmes franco-ontariens car ceux-ci doivent aussi connaître notre culture s’ils veulent enseigner dans nos écoles). Lorsque les éducateurs ne sont pas authentiques dans leur appartenance et leur fierté franco-ontarienne, comment peuvent-ils transmettre quelque chose d’aussi important aux jeunes?

Cela dit, n’oublions pas le rôle des parents dans cette histoire. Ces derniers sont souvent les premiers à blâmer les écoles et les enseignants de ne pas relever le défi: « c’est à cause de l’école si nos enfants ne veulent pas s’exprimer en français! » Sûrement en partie. Or, si le parent ne fournit pas à son enfant l’occasion de vivre sa culture en l’accompagnant à des spectacles de musique, des pièces de théâtre, des activités communautaires et sportives dans sa langue, comment développera-t-il un sens d’appartenance et de fierté? Voudra-t-il s’exprimer en français si ses parents ne le font même pas? Le folklore, les traditions, les mets et recettes,… franco-ontariens et canadiennes-françaises occupent une grande place pour nous et si on a perdu ou oublié ces choses et bien elles se retrouvent! Et voilà le rôle de notre communauté francophone. C’est à elle que revient la responsabilité de retracer, d’organiser de telles activités et d’inviter la communauté à y participer.

Voilà! Ce n’est pas en se blâmant l’un l’autre qu’on arrivera à rendre vivante notre francophonie, mais en se responsabilisant et en travaillant ensemble! Ce n’est qu’à partir de ce moment que nos enfants auront une chance de survivre et de vivre fièrement leur langue et leur culture franco-ontarienne si riche en expériences de vie et si belle dans toutes ses saveurs.

Gabrielle Goulet, la Marie Mai franco-ontarienne

C’est juste pas bon.

Ce premier EP de la franco-ontarienne Gabrielle Goulet est produit par Michel Bénac du groupe Swing et ça paraît. C’est de la grosse pop quétaine surproduite et mal écrite. Mon iTunes a planté cinq fois en essayant de faire jouer l’disque. Je le blâme pas.

J’ai pu écouter la pièce Arc-en-ciel avant qu’iTunes dégosse une première fois. Arrivé à mi-chemin dans la seconde pièce, Ta voix, iTunes a fait une autre crise. C’est pas grave. Break.

Je réécoute Ta voix d’un boutte à l’autre. J’vais y donner une chance quand même!

Ta voix me chatouille en dedans
Je suis sous ton charme, et je dois te laisser savoir, je dois te laisser savoir…
Je tombe pour toi et ta voix dans le noir me chante tout le temps
Je tombe si fort et je dois te laisser savoir, je dois te laisser savoir…

Muah ha ha ha hein ha ha hein ha ha…

Me laisser savoir quoi? Fini tes phrases!

C’est de la pop. De la pop, c’est de la pop. On sait toute que c’est de la pop. Même elle sait que c’est de la pop. Elle est la Justin Bieber, la Selena Gomez, la Hannah Montana franco-ontarienne.

Aveux: j’aime beaucoup la musique pop. De la bonne musique pop. Mais ça,  c’est pas de la bonne pop. C’est une mauvaise imitation d’un genre amaricain qui est mécanique, agaçant et tout simplement plate. Ça sent l’Swing à n’en plus cracher. Chaque chanson est une photocopie médiocre de la précédente, comme si la machine manquait d’encre.

Arrivé à la piste 3, Dans tes bras, je commence quasiment à me sentir mal pour elle. Je me pose de sérieuses questions: comment est-ce que quelqu’un peut produire quelque chose comme ça sans que personne ne lui dise que c’est pas bon?  La réponse à cette question révèle un encore plus grand problème en Ontario français. Le manque de vrai critique. Il faut qu’on arrête d’appuyer la médiocrité si on veut produire des artistes qui ont de l’allure. Mais ça, c’est un autre billet.

Je comprends qu’il faut bien « supporter la relève » mais là, à quel prix?  Qu’est-ce qu’on est en train d’envoyer comme message?

Gabrielle Goulet a du chemin à faire et est loin d’avoir fait ses preuves. Fais-toi une faveur : laisse faire les feux d’artifice, débarrasse-toi de Bénac et trouve ta voix.

Arrivé à la fin de Petite fille, la dernière pièce de l’album, mon iTunes plante pour la dernière fois.

J’éjecte le disque. J’en ai entendu assez.

Pour ceux qui aiment

Star Académie, Justin Bieber, des gilets polos franco-ontariens.

Je ne suis pas une animatrice de la FESFO

Un beau jour d’été, il n’y a pas tellement longtemps, j’ai découvert une nouvelle facette de la francophonie ontarienne. Non, ce n’est pas celle du Notre Place, ni celle du drapeau franco-ontarien. La richesse culturelle franco-ontarienne ou canadienne-française ne se limite pas à la tire de la Sainte-Catherine, aux tartes au sucre ou aux tourtières.

Non, je ne suis pas animatrice de la FESFO et je ne vois pas le monde qu’en vert et blanc. Moi qui souhaitais tellement m’intégrer à ce monde en mouvement n’étais pas satisfaite par la francophonie qu’on m’avait présentée à l’école. Elle me contraignait dans ma volonté de me brancher à ma société. En étant tellement retournée vers elle-même, dans le but de se protéger, elle me semblait stérile et stagnante! Cette francophonie ontarienne était à mes yeux figée dans le temps et défendue par les nostalgiques du « bon vieux temps ». Ses structures et institutions, malgré qu’elles avaient l’air de m’ouvrir la porte afin que je puisse m’insérer et participer, ne voulaient pas changer leur vieille façon de faire et blâmaient le manque de progrès de la jeunesse paresseuse.  Je ne m’y reconnaissais plus.

Le blâme qu’on m’a mis sur les épaules m’a repoussée d’autant plus de la langue et de la culture plutôt que de m’attirer vers elles. Ce n’est pas de ma faute si je ne connais pas le bon mot français pour m’exprimer, ce n’est pas de ma faute si mon milieu quotidien est anglophone! On me présente la « Barbie » francophone, imperfections linguistiques non incluses, qui emploie toujours un français standard en assistant sans faute à tous les Jeux franco-ontariens au secondaire et on s’attend à ce que je suive ce bon exemple irréaliste. Elle est toujours souriante et confiante, elle a toujours eu ses services en français, elle n’a pas eu de difficultés à faire ses études en français, elle te regarde avec conviction, mais elle cache quelque chose. Derrière son bonheur éternel plastifié, il y a un vide. Ce conditionnement linguistique et culturel se traduit par une chaîne d’assemblage continu d’abandon éventuel de cette identité.

Peu importe le nombre de messages préenregistrés qu’elle récite avec toujours autant d’ardeur que la première fois qu’on me l’a présentée, je refuse d’accepter cet endoctrinement! Une bonne franco-ontarienne connait toutes les paroles du Notre Place! Une bonne franco-ontarienne travaille à éliminer les anglicismes dans son français oral! Elle ne sait pas qui elle est, ni même vraiment pourquoi elle récite ces vers. C’est peut-être pour se convaincre de sa marque, de son appartenance. Ce voile identitaire ne me représente pas; il est surréel, il est inatteignable, il est vide de sens.

C’est une commercialisation du « franco-ontarien » qui me révolte. Les jeunes se découragent devant cette distorsion de l’idéal franco-ontarien, ils sont dégoutés même. Quel manque de vie! Quel manque d’esprit et d’humanité!

J’existe, je vis, je suis le produit de mes réalités et ma langue est loin d’être parfaite. Ça ne veut pas dire que je ne suis pas consciente de mes erreurs ou que je n’essaie pas d’améliorer mon niveau de langue, mais libérez-moi de la honte de ces fautes afin que je puisse rester motivée et continuer d’apprendre. C’est décourageant d’intérioriser tout le blâme de ne pas être « au niveau » dans sa propre langue, de ne pas avoir les outils afin de s’exprimer pleinement dans celle-ci et ce, toute seule. Les découragés décrochent et les autres ne sont là que pour augmenter leurs chances d’avoir un boulot, mais ne sommes-nous pas plus qu’un avantage comparatif sur le marché du travail et quelques réminiscences canadiennes-françaises?

J’ai découvert que je n’étais pas la seule à déplorer la stagnation de la culture franco-ontarienne, qu’il y avait encore des organismes culturels qui étaient toujours pleins de vie, alimentés du happening francophone du Canada et d’ailleurs. Cette identité n’est qu’une facette de la francophonie mondiale, nous pouvons à la fois être franco-ontariens, canadiens-français et citoyens du monde.

J’ai arrêter d’écouter les albums de Swing en répétition, la seule musique francophone que je connaissais à un moment donné, car je me sentais mal d’écouter de la musique en anglais de peur de ne pas faire un « assez grand effort ».

C’est par les vers de Patrice Desbiens, de Daniel Aubin et les textes de Konflit que je baigne dans les ombres de la francophonie. Je me comprends mieux. Je peux refuser de me soumettre à cette stérilité identitaire franco-ontarienne, enfin je peux respirer!

Je peux respirer en étant consciente de la fragilité identitaire et linguistique du lys qui a grandi parmi les roses. Ça me rassure et me donne de l’espoir : j’ai le droit de simplement vivre en français et ne pas avoir à monter des barricades pour survivre en français. J’ai un point d’accès, la vraie francophonie ontarienne, organique comme elle l’est par laquelle je peux m’identifier.

J’y suis d’autant plus attachée puisqu’elle se distingue du « fais un effort » parce qu’on va te nommer « étoile du mois » si tu parles en français assez souvent dans la cour d’école. Cette nouvelle perspective de la francophonie et de ma place au sein d’elle en Ontario, au Canada et ailleurs, me parle et me représente mieux. Je la comprends, je la vis. Elle est authentique, spéciale, je veux la développer. Je suis prête à y mettre du temps, ce n’est plus un fardeau.

Je constate qu’elle évolue, qu’elle change avec le temps, qu’elle est dynamique. Elle ne me contraint plus, elle m’enrichit et mon avenir est d’autant plus coloré grâce à elle. Maintenant que je me retrouve à avoir un meilleur sens de ce qu’est cette francophonie ontarienne, je ne veux pas la perdre de vue.

Mes nombreux collègues de classe ont décroché, il y a longtemps, mais je ne peux m’empêcher de leur souhaiter la même exposition à la véritable francophonie ontarienne, de sa place dans le Canada français, dans le Canada et ailleurs.

Nous avons perdu du temps, mieux comprendre les nuances et les moments ténébreux de la vraie francophonie est primordial dans le développement d’un plus grand attachement à cette langue et à cette culture pour tout adhérent.

Tu ne voleras point

Mon ti-loup,

Je prends une fois de plus le temps de t’écrire parce que je n’aime pas parler à une machine pour laisser des messages.  Il faut que je te dise absolument que je ne suis pas très fière de ce vous faites toi et ta bande.

Veux-tu bien m’expliquer c’est quoi ces histoires de robots qui appellent du monde pour leur raconter des mensonges? Premièrement, un robot, ça ne parle pas et si ça parle, ça ne raconte pas de menteries.  Maman ne pensait jamais que tu ferais quelque chose comme ça mon trésor.  Tu sais pourtant que c’est contre nos valeurs de raconter des mensonges, on te l’a répété souvent. Et ne me dis pas que ce n’est pas toi, je te connais trop bien.  N’oublie pas, une maman sait tout! Tu dois cesser de jeter la faute sur les autres mon bébé. Tu es un grand garçon maintenant et tu dois prendre tes responsabilités!

Quand t’étais petit, ton entraîneur au hockey avait dit aux joueurs de l’équipe des rouges que la partie aurait lieu dans un aréna à l’autre bout de la ville. Tu te souviens? Comment oublier une telle humiliation! Vous aviez gagné par défaut ce soir-là. Que Dieu vous bénisse! J’étais tellement gênée que mon p’tit poussin soit associé à une telle ignominie. Papa disait que vous l’aviez volée celle-là.  Il n’avait pas tort pour une fois. On te l’a répété souvent mon chéri : « Tu ne voleras point ». Tu sais très bien de quoi je parle.

Ce qui m’inquiète le plus, c’est que tu commences à te comporter comme l’espèce de cowboy du Texas qui a des petits yeux rapprochés. Tu sais, ses parents n’ont jamais vraiment eu confiance en lui. Mais moi je t’aime mon ti-pou et je serai toujours là pour toi.

Prends soin de toi mon poussinot.

Xxx

Maman