L’Ontarienne débarque

J’attends depuis plus d’une heure pour renouveler ma carte étudiante et le gars au comptoir me demande si j’ai une autre pièce d’identité, quelque chose de plus officiel, comme une carte émise par un ministère. Un peu confuse, je lui réponds que je ne sais ce qu’il veut de plus… «Un permis de conduire, il me semble que c’est assez officiel, non?!» Le gars regarde à nouveau ma pièce d’identité et se rend compte (enfin!) que c’est un permis ontarien. C’est aussi à ce moment qu’il m’adresse la parole en anglais. Inutile de lui demander pourquoi, je connais malheureusement déjà la réponse, qui est toujours sensiblement la même. Il va probablement m’expliquer comment le cousin de son père, qui a déménagé à Toronto dans les années 1980, s’est fait assimiler et comment, selon cette logique, il est convaincu qu’il n’y a pas réellement de francophones en Ontario. Chaque fois que j’entends ce genre de réplique, je me demande s’il s’agit d’une blague. Comment peut-on ne rien connaître au sujet du plus gros contingent de francophones habitant à l’extérieur du Québec?  Plus d’un demi-million de personnes!

J’ai grandi dans le Nord ontarien, dans une région où l’assimilation n’était pas un enjeu et où il fallait même plaider avec les élèves pour qu’ils parlent anglais. Situation rare, certes, mais qui existe néanmoins dans quelques villes ontariennes. Étonnamment, l’événement qui marque ma prise de conscience ne fut pas tellement mon arrivée en région majoritairement anglophone, mais plutôt mon déménagement dans la province voisine. Je me suis réellement identifiée comme Franco-Ontarienne, ayant des motivations politiques et culturelles distinctes, pour la première fois de ma vie en habitant au Québec; preuve que la langue n’est pas toujours un facteur d’unification.

Il faut dire que j’ai été surprise d’apprendre combien de Québécois ignorent l’existence des communautés francophones hors province. À maintes reprises, j’ai dû expliquer, même à des collègues historiens, que la présence française en Ontario date depuis longtemps et qu’il est effectivement toujours possible d’y vivre en français. Il me semblait parfois farfelu d’expliquer à des universitaires comment le reste des Canadiens français n’avaient pas soudainement cessé d’exister au moment de la Révolution tranquille, du moins, pas sur le plan démographique. J’ai vite compris que les liens de solidarité avec le Québec étaient très faibles, même si, en réalité, la frontière ontarienne se trouvait tout près, à une centaine de kilomètres.

Je suis partie au Québec pour poursuivre mes études en français. Non pas parce que c’était impossible en Ontario, mais parce que le choix de programmes dans mon domaine était limité. À peine quelques minutes après ma première rencontre avec mes collègues, j’étais vouée à être l’anglophone du groupe. Ce n’était pas à cause de mon accent, mais plutôt à cause de mon origine, qui, en quelque sorte, garantissait que je maîtrisais probablement mieux l’anglais. Si je m’exprimais relativement bien en français, c’était sûrement parce que j’avais habité près de la frontière ou encore parce que mes parents étaient Québécois. Impossible que ce soit plutôt à cause des institutions francophones que j’avais fréquentées. Non. Impossible. «Tu parles très bien français pour une anglophone!» Comment même réagir à cette remarque sans perdre son sang-froid?

Pourtant, l’existence des Franco-Ontariens ne m’avait jamais paru extraordinaire considérant le nombre de minorités linguistiques éparpillées partout dans le monde. À peine débarquée dans ma nouvelle province, je me retrouvais soudainement, malgré moi, embarquée dans une croisade cherchant à prouver et à légitimer ma francophonie auprès de mon nouvel entourage. Je passais mon temps à fournir des explications détaillées sur l’histoire du fait français en Ontario. Pire encore, je justifiais, avec des arguments irréfutables, pourquoi j’avais aussi le droit de vivre en français.

Il n’est certainement pas facile de vulgariser la situation des francophones en Ontario, mais obstinément, j’ai voulu informer mon entourage quant à la complexité de la question. À maintes reprises, j’ai pris soin d’expliquer comment la francophonie se vivait différemment en situation minoritaire. J’ai aussi expliqué à quel point les Francos-Ontariens étaient éparpillés partout en province, rendant parfois difficile le ralliement. J’essayais ultimement d’inculquer à mon entourage qu’il y avait des gens qui continuaient – par choix – de vivre en français en Ontario, malgré leur situation minoritaire. C’était malheureusement un débat perdu d’avance. À la fin, j’étais épuisée de réitérer sans cesse la même chose. La plupart du temps, on ne se gênait pas pour me rappeler que j’étais seulement un dead duck, dont toutes les luttes, passées et futures, étaient futiles.

Pour la première fois de ma vie, je me suis sentie comme si c’était peut-être illogique de vouloir continuer à vivre en français en Ontario en n’ayant pas l’appui du Québec; questionnement qui ne m’était pourtant jamais venu à l’esprit auparavant. Malgré l’opposition parfois féroce de certains groupes unilingues anglophones en Ontario, parler et vivre en français avait toujours été pour moi un fait accompli. Il me semblait alors paradoxal que l’attitude défaitiste envers les francophones hors Québec soit plus forte dans la «belle province» que dans ma province d’origine. À vrai dire, je n’avais jamais rencontré un si haut niveau d’opposition à l’idée d’une francophonie pancanadienne avant mon arrivée au Québec. Alors que je me retrouvais enfin entourée de gens qui parlaient français quotidiennement, j’avais constamment du mal à m’intégrer tant à l’université qu’au petit pub du coin. Toutes les discussions revenaient sans cesse aux questions linguistiques et à la notion des deux solitudes. Originaire de l’Ontario, on considérait rarement mon opinion sérieusement; comme si, venant du Canada, j’étais automatiquement une fervente fédéraliste. Manifestement, l’absence de communication entre les groupes francophones au pays avait donné naissance à un dialogue de sourds.

C’est après plusieurs mois que j’ai enfin compris. «Tant pis, câlisse! Ce que pensent les Québécois n’est pas important!» Le refus systématique du Québec à être solidaire avec les francophones ailleurs au pays ralentit peut-être l’avancement des projets en Ontario français, mais il ne les empêche certainement pas. Si on parle encore français en Ontario aujourd’hui, c’est, à mon avis, malgré le Québec, qui préfère se donner une vitrine internationale plutôt que de tisser des liens avec le Canada.


Image: Gadaffi Duck, Inkbot Design, 2011

La quête de racines

« On l’a tous lu, mais en a-t-on retenu quelque chose? » C’est la question que posait récemment un internaute au sujet du roman La quête d’Alexandre de Hélène Brodeur. Plus de 30 ans après ma lecture, je relève le défi. Sans relecture, alors soyez indulgents.

J’ai lu ce livre dès sa publication puisque je suis un abonné à Prise de parole et que j’achète tous leurs livres. Si vous aimez la littérature, vous devriez faire de même. Mais je m’égare.

Bon, qu’est-ce qui me revient? D’abord que c’est l’histoire d’un gars, Alexandre, qui quitte son patelin québécois pour aller retrouver son frère parti quelques années auparavant dans le nord de l’Ontario. Il me semble que ça se passe dans les années entre les deux guerres mondiales. Alexandre aboutit dans un petit village dont le nom m’échappe mais qui est calqué sur Val Gagné.

Alexandre finit par retrouver son frère mais les deux hommes n’ont plus grand’ chose en commun et le frère retourne au Québec. Alexandre, lui, reste au village parce que, ben oui, il est en amour. Je ne me souviens plus du nom de la belle et je crois même que l’idylle finit en queue de poisson. Mais bon, l’important c’est qu’Alexandre reste dans le nord de l’Ontario où il fera sa vie.

Hélène Brodeur a écrit deux autres romans qui sont la suite de La quête d’Alexandre. Dans ces livres on suit la vie d’Alexandre qui fait des affaires, qui devient membre de l’Ordre de Jacques Cartier, la Patente et qui finit même par faire de la politique. Voila pour le « pitch » comme disait Ardisson.

Ça c’est plus ou moins l’histoire. Enfin, ce dont je me souviens. Mais ce qui me revient encore plus fort c’est que c’est bien écrit, que c’est un divertissement, un « page-turner ». Mais c’est surtout un livre qui raconte l’histoire de la colonisation du nord de l’Ontario par des parlant français.

On y vit le grand feu qui a détruit plusieurs villes et villages du nord au début du XXe siècle. On suit les Canadiens français du nord alors qu’il vivent la dépression, la guerre et la reconstruction. On apprend les batailles qu’ils ont dû livrer pour obtenir leurs droits en tant que francophones. On comprend leur affiliation à leur paroisse, leur école, leur village. Et on voit comment ils ont trouvé des alliés chez certains anglophones.

Voila donc ce que j’ai retenu. Mon souvenir est un peu flou, bien sûr, ça fait plus de trente ans. Mais le « bottom line » est que c’est un roman intéressant qui nous fait mieux comprendre d’où nous venons.

La francophonie au Maine

Le Franco-américain? Qui est-il? Une espèce en voie de disparition dites-vous? Pourtant, il mérite tout de même qu’on s’intéresse à lui. Au 19e siècle et au début du 20e siècle, nombreux ont été ceux qui ont quitté le Québec (et par extension l’Acadie) pour la Nouvelle-Angleterre pour travailler dans les usines de textiles, notamment. En fait, de nos jours, il semblerait que près de la moitié de la population de cette région des États-Unis auraient des racines canadiennes-françaises quelconques.

Au Maine, près d’un tiers de la population déclare avoir des racines francophones et près de 7% de la population, surtout concentrée dans trois régions : le nord, le centre et le sud, parlent toujours le français à domicile. De son côté, le comté d’Aroostook compte même plusieurs communautés majoritairement francophones. Fait intéressant, car en 2014, le comté sera l’un des trois hôtes du prochain Congrès mondial acadien qui se tiendra également dans le Madawaska (Nouveau-Brunswick) et le Témiscouata (Québec).

Jason Parent est un fier francophone de cette région. Il est également président du comité organisateur du

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Maine pour cet événement. J’ai profité de cette occasion pour en savoir davantage sur cette communauté francophone méconnue. Quoique parfaitement bilingue, l’entretien suivant est en anglais pour la simple raison que M. Parent affirme avoir plus de facilité à s’exprimer en anglais à l’écrit (l’entretien a eu lieu par courriel).


Briefly, could you paint me a portrait of the present situation of the francophone population in Aroostook County (and the state of Maine).

Maine has the second highest percentage of French Americans in the U.S. Only New Hampshire has a higher percentage of French Americans. In Aroostook County (particularly the St. John Valley region of Aroostook County) many Acadians still speak French at home. See the percentage of French speaking people as cited below in some of the larger communities in the St. John Valley:

Madawaska, Maine (pop. 4,534) – 84% French-speaking

Fort Kent, Maine (pop. 4,233) – 61% French-speaking

Van Buren, Maine (pop. 2,631) – 79% French-speaking

Frenchville, Maine (pop. 1,225) – 80% French-speaking

Eagle Lake, Maine (pop. 815) – 50% French-speaking

St. Agatha, Maine (pop. 802) – 80% French-speaking

St. Francis, Maine (pop. 577) – 61% French-speaking

Grand Isle, Maine (pop. 518) – 76% French-speaking

Saint John Plantation, Maine (pop. 282) – 60% French-speaking

Hamlin, Maine (pop. 257) – 57% French-speaking

The French that is spoken in many of the homes in the St. John Valley is an old world French that is most often mixed with English in the same sentence. For example it would be uncommon for someone in the Valley to refer to a computer by its French term ordinateur – rather the person speaking would likely say the word computer in the middle of an otherwise French sentence.

How has the situation evolved over the years?

The history of a supportive climate for speaking French in Maine has swung from extreme to extreme over the generations and has somewhat settled in a lukewarm place. In the early part of the last century, Maine had the highest percentage of people registered as members of the Klu Klux Klan in the United States. Unlike in the south where the KKK was forwarding an anti-African American agenda, in Maine the KKK was positioned against the French and Catholics. In the middle part of the last century laws were passed by the state prohibiting the speaking of French in schools. If mobile casino French was heard on the playground, students in my parent »s generation were punished for speaking the language and required to write repeatedly on the chalkboard « I will not speak French at school. »

In the 1990″s a revival of sorts happened as a successful grant was written to the Federal Government Department of Education to introduce a new French Immersion Program into schools in the St. John Valley. The immediate results were mixed as not all school districts in the Valley signed on with the project. The schools (particularly those in the western part of the Valley) that didn »t take advantage of the program didn »t do so largely because the damage had already been done by nearly a century of discrimination of the French people. For some, the French Heritage was not something you ran up the flagpole – rather many families chose to hide their ancestry by anglicizing their last name. For example some Roys became Kings, Levesques became Bishops, LeBlancs became Whites, etc. Unfortunately, funding for the project ran out within the last decade. Without funding, the French immersion project is far less effective and has all but disappeared in some of the schools.

Are the younger generations still speaking it?

There is a bubble of youth in the communities that engaged in the French Immersion Program that do speak French quite well. Otherwise, you do hear French spoken by the younger generation on occasion. Much like their parents and grandparents, the French is a unique Valley Franglais.

Do they still have close connections to their heritage?

The coming of the World Acadian Congress has provided a resurgence of sorts for the Acadian Heritage in northern Maine. The youth have a very keen understanding of what it means to be Acadian. They don »t feel that speaking French is a litmus test for being Acadian. They understand that geopolitical decisions, made long before they were even imagined, have dictated the current situation with the erosion of the French language in our region.

Are the older generations still passing it down?

Yes, especially the grandparents. What is particularly heartwarming is that they are passing down the unique local French spoken here to their grandchildren. The youth hear the difference from the more formal French they are learning in school. It sparks an interesting dual learning opportunity and cross cultural experience of sorts.

How often could a visitor hear the french language in public spaces?

Everyday and at all times. It is very dominant in the St. John Valley. What one should expect to hear is that Franglais I noted — a unique blend of French and English that is seamless within the same sentence and seemingly understood by all.

Theoretically, would it be possible to live only in french in certain communities?

Yes. Some more elderly members of the community do live and speak only in French. Government and social agencies have hired personnel accordingly to interface with such citizens in the St. John Valley.

Do you believe that the World Acadian Congress will help advance the situation?

Most certainly. I have always been a believer that economic incentives are the only true motivational force. The St. John Valley has never in my lifetime had such a tremendous opportunity to realize such tremendous economic windfall on the basis of our culture and language. I spoke only French at home before I was enrolled in grade school. From that point forward English became my dominant language because the world around me dictated it be.

From my perspective, cultural and linguistic enlightenment, much like enlightenment on issues pertaining to conservation and the environment, are only realized altruistically by a few « die hards » who really believe in the cause above all else. For the rest, it is not truly embraced until it makes sense to their pocketbook or will benefit their immediate situation. When Maine added a return deposit for beverage containers, nearly the entire population separated its bottles and cans and now bring them religiously to their local redemption center. Had that not been instituted you can bet that the percentage of those recycling would be negligible today. I believe the Congres Mondial Acadien will be the bottle deposit bill for the Acadian Culture and French Language in our region. Like the bottles and cans, our culture its about to find its way to redemption!

What are some of your hopes?

My greatest hope is that we not only save and bolster our French – but renew a pride and confidence in our Brand of French. That we take this opportunity when the Acadian and French World comes to our doorstep to understand and demonstrate that we are just as good as our fellow French speakers around the world. I also hope that our participation as one of the three regions in the International territory of Acadian of the Lands and Forests brings light to the fact that not speaking French is not a disqualifier to being Acadian. There are some people that live in the Valley and other Acadians in Maine and around the United States that don »t speak

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French largely because of the hand that history has dealt them. In all that we do to bring the Acadian Congress to our region, we want for our event in 2014 to say to the World that you are not ex-communicated from the family if you don »t speak French. Our history with the dominant English speaking population in Maine and the efforts to strip us of our pride as citizens of our own state and country because we were different dictates that we understand and have learned that the stick approach is wrong and the carrot approach is much more effective.

And finally, why should one be interested in learning about the history of the francophone population in Aroostook county?

Fundamentally because it is so unique. It is a story defined by triumph over repeated tragedy. The mere fact that we exist as we do today is testament to the spirit of our people. The history of the Acadians in Maine »s St. John Valley is marked with one upheaval after another. From the deportation from Acadie and subsequent migrant people that again lost their homes in present day Fredericton to the separating of families and a people into two different countries after the Bloodless Aroostook War to the hostilities afforded French speakers in Maine in the last century – it is amazing that we are here to tell the story. Moreover, it is exciting that the center of the Acadian universe will be here in just two short years!


Lecture recommandée

Voyages: A Maine Franco-American Reader


Photo: Souper à la résidence de Monsieur J.H. Dubé, fermier de patates, Wallagrass, Maine.
Photographe: Jack Delano, Octobre 1940, National Library of Congress

Piano Mal : Julien Sagot

Suivant de fausses rumeurs que le célèbre groupe Karkwa (le premier groupe de langue française à remporter un prix Polaris) s’était dissous, un de ses percussionnistes et membres fondateurs, Julien Sagot a fait paraître son premier album solo intitulé Piano Mal le 1er février 2012 chez Simone Records. Je dois avouer que je ne savais pas trop à quoi m’attendre, n’étant familier qu’avec son travail au sein du groupe Karkwa.

Rapidement, Sagot nous transporte vers des paysages musicaux trop peu fréquentés. Des gros accords ouverts, disjoints et lents au piano s’opposent par moment à des petits coups de guitare rapides et secs. La sonorité de l’album crie Montréal, Paris, mais aussi un désert du Far West américain. Les mêmes genres de textes poétiques et réfléchis qu’on retrouve chez Karkwa sont aussi présents dans Piano Mal. C’est la précision des mots qui règne dans ce style d’écriture moelleux et précis.

Si certaines chansons sont lentes et éclatées, d’autres sont très rythmées et linéaires. Or, même l’oreille développée a du mal à déterminer comment l’artiste vient à bout de créer ces véritables voyages sonores, elle n’a pas l’impression de s’y perdre. Chaque son, chaque note, chaque effet sont recherchés, et aucun d’entre eux n’est utilisé de façon abusive. À tout ça, on ajoute la (superbe) voix rauque de Sagot et on obtient un produit incroyablement riche et velouté.

Bref, pour le mélomane, cet album aux textures parfois rudes, parfois lisses; aux sonorités parfois chaudes, parfois froides, est un incontournable du milieu musical actuel.

Pour les fans de

Karkwa, Serge Gainsbourg, Roger Whittaker, Ennio Morricone, Arthur H et Leif Vollebeck.

Moments forts

Piano Mal, Une vieille taupe, Le trucifier