Le Règlement XVII: un arrêté lourd de conséquences

Aujourd’hui, lendemain de la Saint-Jean Baptiste, l’Ontario français reconnaît le 100e anniversaire du Règlement XVII, un arrêté de Queen’s Park qui visait à imposer l’enseignement de toutes les matières scolaires en anglais et limiter l’usage du français à quelques heures par jour en première et deuxième années exclusivement.

En juin 1912, les Conservateurs venaient d’être élus à Ottawa et réélus à Queen’s Park. À la suite d’une campagne francophobe, le gouvernement de James Whitney sentait qu’il avait le mandat de «résoudre» le «problème» des nouveaux arrivants qui avaient migré vers la province «loyaliste» dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Les 200 000 Canadiens-français composaient maintenant des majorités dans les cantons de Prescott, Russell, Nipissing et Temiskaming et avaient modifié le caractère des paroisses et des localités. Le sentiment d’«invasion», mais aussi le refus chez les Canadiens anglais de reconnaître une dualité quelconque (linguistique ou culturelle) moussa la volonté d’assimiler les gens de souche française comme n’importe quelle autre minorité ethnique. Pourtant, au Québec, une sorte de «réserve» pour les Canadiens-français, les Anglo-Protestants, minoritaires, s’attendaient à pouvoir gérer leurs écoles autonomes que le nombre le justifie ou non.

Le Règlement XVII a été dénoncé farouchement par l’Association canadienne-française d’éducation d’Ontario naissante, mais surtout par quelques commissions scolaires, des paroisses canadiennes-françaises, des parents, des instituteurs et des élèves. La mise en vigueur du Règlement en 1913 eut pour effet de suspendre le financement et de congédier les enseignantes qui insistaient de transmettre leur matière en français. Alors que les écoles du sud-ouest ont fléchi sous la pression de Queen’s Park et de leur évêque Michael Fallon, les écoles d’Ottawa et de l’est ont résisté par des manifestations, des chasses aux inspecteurs, des souscriptions auprès du Québec pour payer les enseignantes, des délégations furent envoyées à Rome et à Londres pour convaincre l’Église et le Conseil privé du bien-fondé du refus, sans compter les nombreuses répliques écrites et orales des Canadiens-français envers leurs coreligionnaires d’origine irlandaise qui voyaient chez eux des «foreign customs» ou un «racial mad party». Les écoles du nord ont aussi résisté à leur manière. À Sudbury, la Commission des écoles séparées a divisé les écoles mixtes, ouvrant des écoles distinctes «pour» les Canadiens-français qui disaient respecter le Règlement et ne sortaient leur anglais que lorsque l’inspecteur leur rendait visite.

On connaît la suite. Après le déploiement d’arguments pédagogiques, économiques, politiques et religieux auprès de l’Église, Queen’s Park et la société civile canadienne-anglaise, mais aussi l’ouverture d’une école pédagogique française (1923) et les gestes visant à convaincre les Ontariens qu’ils pourraient s’en sortir comme des héros du bon-ententisme, l’Ontario français a obtenu gain de cause. En novembre 1927, Toronto suspendait le Règlement, non pas parce qu’il reconnaissait la dualité du Canada ou la légitimité des Canadiens-français sur son sol, mais parce que le Règlement n’avait pas favorisé le bon apprentissage de l’anglais selon les méthodes employées par les nouvelles institutrices formées à l’école pédagogique (qui était toujours entièrement financée par l’Église et l’Université d’Ottawa). La conclusion du Ministre de l’Éducation à la fin du périple était que l’anglais serait enseigné toutes les années de l’instruction primaire dans les écoles «bilingues» et que d’autres matières pourraient être enseignées en français sans que cela nuise à l’apprentissage. «The official language of the province will be properly taught», concluait-il.

Cet épisode rappelle la précarité de l’existence de l’Ontario français, mais aussi les séquelles dont nous ressentons encore les effets. Il est difficile de déterminer combien de jeunes ont été perdus aux mains d’un système scolaire anglicisant. Les écoles primaires «bilingues» ne devinrent françaises qu’en 1963 (ce qui exigeait toujours l’enseignement de l’anglais, mais seulement à partir de la troisième année) et des écoles secondaires publiques françaises ne furent financées qu’à partir de 1969. Certains élèves du secondaire (par exemple, à Sault-Sainte-Marie, Hornepayne et Espanola) attendent toujours un édifice où ils seront autonomes et n’auront pas à subir la discrimination d’une majorité qui ne comprend pas la nécessité ou le sens d’une école indépendante. La grande majorité des Franco-Ontariens «parlent l’anglais de toute façon», estime-t-on, sans prendre en compte qu’ils l’ont acquis par obligation ou par osmose.

Durant les négociations pour un renouveau constitutionnel au début des années 1980, la dualité culturelle semblait seulement faire du chemin au Nouveau-Brunswick où le premier ministre Richard Hatfield reconnut l’égalité du français et de l’anglais et des deux cultures fondatrices du pays. Le Québec optait de plus en plus pour l’unilinguisme, même si les acquis de sa minorité anglophone n’ont jamais été menacés. L’Ontario, pour sa part, cherchait à plaire à son partenaire de la Confédération en faisant des gestes de bonne foi envers sa minorité canadienne-française (la construction de nouvelles écoles, l’obtention des services juridiques, la proclamation de la Loi sur les services en français – LSF), mais le premier ministre de l’époque, Bill Davis, a toujours refusé de reconnaître l’égalité du français par crainte d’un «ressac anglophone» dans sa province. Même Bob Rae avait promis de reconnaître l’égalité du français. Cela dit, il n’a pas posé de gestes concrets pendant son mandat (1990-1995).

Les exemples de ce refus persistent, que ce soit dans le cadre de la lutte pour faire flotter le drapeau franco-ontarien à l’hôtel de ville de Sudbury (2003), lutte pendant laquelle le député provincial Rick Bartolucci avait déclaré candidement que hisser ce drapeau exigerait que ceux de l’Italie et de tous les autres pays flottent à côté de lui (!). Et n’oublions pas le récent conflit à l’hôpital de Cornwall (2012) où des municipalités et des citoyens avaient suspendu leur financement à l’institution en raison de la désignation bilingue de nouveaux postes tel qu’exigé par la LSF. L’idée que l’Ontario français fasse partie d’une des deux nations majeures du Canada ou que sa population constitue une minorité nationale (avec les Québécois, les Acadiens et les autres Francos) au même titre que les peuples indigènes peine toujours à faire du chemin auprès de la population générale. L’Ontario n’est jamais parvenu à reconnaître une autonomie aux Franco-Ontariens (hormis la gestion scolaire obtenue en 1998) ou une égalité par rapport à la majorité anglophone. Les concessions à la minorité que les Orangistes avaient qualifiées de «un-British» continuent d’être vues ainsi par trop de gens. La majorité canadienne a beau adhérer à un bilinguisme symbolique, elle continue de refuser la substance de la dualité et celle des minorités nationales.

15 au 19 mai 2012. Sears. Centre Rideau. Ottawa.

Aujourd’hui, je ne parlerai pas de café, mais de montre. Bien sûr, cet article traitera, comme les deux derniers parus dans le cadre de la chronique «Do you want more coffee?», des services en français dans un milieu anglophone comptant une minorité francophone importante. Les articles de cette catégorie s’intéressent essentiellement, pour le moment, à la ville d’Ottawa : j’invite bien sûr d’autres rédacteurs à parler de leur expérience dans des espaces différents et à compléter cette chronique.

Pour remettre en contexte le petit récit qui va suivre, je voulais rappeler que je suis francophone et que, comme beaucoup au Canada, je maîtrise aussi l’anglais (lu, entendu, écrit et parlé). J’ai fait le choix, dans les échanges que je relate ici, de jouer l’unilingue francophone, capable toutefois de comprendre l’anglais bien qu’incapable de répondre dans une autre langue que le français. Le but de cette «expérimentation» est de promouvoir l’usage du français hors Québec, peut-être même de réveiller une certaine fierté et, surtout, de prouver que les petites actions, par leur accumulation, peuvent avoir des impacts non négligeables (à l’instar du bruit d’une cuillère en bois sur une casserole qui, accompagné de centaines d’autres, produit un véritable tintamarre).

Le 15 mai 2012, je me suis rendue au Centre Rideau, à Ottawa, pour y trouver une montre en prévision d’un cadeau. L’employé au comptoir d’informations du centre commercial parlait français et a pu m’indiquer sur un plan plusieurs boutiques pouvant m’intéresser.

J’ai fini par me rendre au Sears, qui disposait d’un petit rayon de montres de différentes marques. N’étant pas certaine de laquelle choisir sur le moment, j’ai voulu ramener chez moi un magazine.

Trois vendeuses étaient en train de discuter, accoudées aux comptoirs vitrés des présentoirs à bijoux. Je me suis approchée et leur ai demandé, en français, où est-ce que je pouvais trouver le catalogue du magasin. Elles m’ont fixée un instant, se sont regardées les unes les autres en levant les sourcils, puis l’une d’entre elles a dit : «None of us speak French.» Elles seraient vraisemblablement retournées à leur conversation si je n’avais pas insisté : «Mais est-ce que quelqu’un d’autre parle français ici?». Celle qui se tenait derrière le comptoir s’est alors saisi d’un téléphone et a demandé à parler à un agent de la sécurité en particulier.

Quelques minutes plus tard, un jeune homme dont la tenue suggérait effectivement qu’il faisait partie du personnel de la sécurité de Sears est venu se joindre à nous. Il parlait français, avec un accent latino : «Bonjour. Je peux faire la traduction si vous voulez.» S’en est suivi un échange assez amusant, entre mes questions en français, sa traduction en anglais pour les vendeuses, leurs réponses en anglais et sa traduction en français pour moi. Ce n’est pas sans mal que je me suis retenue d’interagir directement en anglais avec les vendeuses…

Il m’a ensuite accompagnée jusqu’au rez-de-chaussée, où se trouvait le présentoir des catalogues du magasin. Sur le chemin, j’ai discuté avec lui de sa maîtrise du français. Il m’a expliqué qu’il était un amoureux des langues et qu’il en parlait pour le moment quatre (portugais brésilien, espagnol, anglais et français). En rigolant, je lui ai dit qu’il devrait être augmenté pour cette capacité à servir les clients dans leur langue et à faire, de fait, le travail d’un vendeur en plus de celui d’assurer la sécurité. Il m’a avoué que c’était justement l’un des sujets d’actualité avec son patron. Sur le magazine que je venais de récupérer, je lui ai demandé d’écrire son nom et celui du responsable de la succursale.

Le 17 mai 2012, j’envoyai un courriel au «Store Manager» de ce Sears, Benjamin Weiss, où je louais la qualité du service en français assuré par son employé, Erick Mynssen.

Le 19 mai 2012, Benjamin Weiss me répondait : «Merci beaucoup ! Thank you so much for your kind comments regarding Erick». Le même jour, Erick m’informait que mon message avait été envoyé à l’ensemble des directeurs locaux et régionaux, qui l’avaient félicité en retour. Mais pas d’augmentation ou de prime en vue (j’étais un peu trop optimiste)… même s’il a vu son nom affiché sur le tableau des employés performants dans son magasin (son courriel : «As far as rewards I had my name up on the Wow board of the store but unfortunately I did not receive anything else, Sears kind of takes its associate’s skills for granted»).

Comprendre le Canada? C’est pas la peine.

On pense que ça ne nous touche pas de très près et pourtant. Le gouvernement Harper a annoncé récemment la suppression du programme «Comprendre le Canada – Études canadiennes», qui relève du Conseil international d’études canadiennes (CIEC). Cet organisme sans but lucratif vieux de 30 ans ayant des membres dans 39 pays rend ses comptes au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international. Des milliers de chercheurs membres du CIEC publient annuellement des centaines d’articles sur la société canadienne, en plus d’organiser des séminaires et colloques. La disparition de ce programme met le CIEC en péril.

Ça nous concerne comment, gens du Nord de l’Ontario, de l’Acadie ou d’ailleurs? Voyez ci-dessous. C’est la réaction désolée de la professeure Claudine Moïse, une chercheure en sociolinguistique qui a séjourné plusieurs fois au Canada (à Sudbury entre autres), et dont les recherches ont porté, par exemple, sur la construction de l’identité franco-ontarienne dans les discours. En somme, c’est une bête rare: une sympathisante des minorités francophones du Canada qui habite à Montpellier (France) et qui enseigne à Grenoble (France), autrement dit, une alliée à l’étranger comme il nous en faudrait bien plus. Or, avec la fin de ce programme, il y en aura désormais bien moins.


Sudbury, le CIEC et une histoire française… Fin du film.

Tout mon travail de recherche a commencé avec le Canada, et plus précisément avec Sudbury, un terrain que je suis allée explorer et qui m’a fait basculer; c’était en 1990, plus de vingt ans déjà. J’étais partie pour faire mon doctorat et la minorité franco-ontarienne s’est livrée. L’existence minoritaire, inconnue de ma vie de France, m’a transformée dans mes habitudes homogènes. C’est alors que j’ai glissé – quand d’aucuns penseront «riper» ou «déraper» -. Dans un temps lent, qui était le mien et celui de l’enquête, j’ai arpenté pendant six mois la ville d’hiver et de printemps de Sudbury pour faire de l’ethnographie sans le savoir: j’ai marché, regardé, noté, enregistré, rêvé, interprété. Sudbury m’a adoptée. J’étais partie avec une bourse du Conseil international d’études canadiennes, ou, pour le dire autrement, avec des fonds du gouvernement canadien.

J’ai donc fait mon doctorat, j’ai croqué puis dessiné mon sujet au fil des jours; j’ai essayé de rendre les paroles offertes en traçant les mises en discours de soi quand on est minoritaire. Comme les «hasards de la vie» sont les jeux de dés de nos détours intérieurs, ma vie résonnait et résonne encore du nord de l’Ontario. Ainsi, mon travail m’a portée à dépasser les simples enjeux académiques. Cette première partance intellectuelle a ébauché le canevas de mes premiers questionnements, que je n’ai pas lâchés depuis. Ils se sont imposés à moi à Sudbury, ville du nord de l’Ontario et ne m’ont pas quittée. Il se sont affirmés et affinés dans leur appréhension et leur résolution, les années passant. J’ai soutenu mon doctorat après du temps passé à Toronto auprès de collègues du Centre de Recherches en Éducation franco-ontarienne. Monica Heller et Normand Labrie notamment m’ont donné à comprendre les complexités langagières du Canada, ils m’ont offert tous les outils théoriques d’analyse pour parfaire mon chemin. J’ai passé cette année à Toronto grâce à des fonds du CIEC.

En 1999 je rendais à l’ambassade du Canada un rapport de 60 pages sur l’aménagement linguistique au Canada, j’avais obtenu une bourse du CIEC pour un complément de spécialisation. Je proposais pendant plusieurs années un séminaire à l’université d’Avignon où j’étais titulaire. Ce texte qui tentait de détricoter la complexité en ce domaine se voulait explicatif et pédagogique; il était l’aboutissement d’une année de réflexion et de séjours à Ottawa, notamment au sein du ministère Patrimoine canadien. Et le Canada et Sudbury se sont implantés dans cette université, il y a eu les cours et les séminaires, il y a eu pendant des années des ateliers d’écriture que nous organisions avec ma collègue et amie Hilligje Vant’ Land . Les étudiants ont plongé dans les variations outre Atlantique, ont lâché leur appréhension en écriture pour aller vers une écriture libérée avec Marguerite Andersen, André Carpentier, Robert Dickson, Jacques Godbout, Gérald Leblanc, Robert Marinier, Sylvie Massicotte ou Yvon Rivard. Ces ateliers étaient en partie financés par les Études canadiennes.

Après ma soutenance de thèse en 1995, j’ai continué à travailler sur le nord de l’Ontario. J’en avais besoin, intérieurement et intellectuellement. Et j’ai pris part sans hésiter un seul instant, et jusqu’à récemment encore, aux projets de recherche proposés par Monica Heller, qui ont toujours cherché à comprendre le changement des minorités linguistiques et culturelles au Canada face à la mondialisaiton. C’est avec elle, autour des projets, entre tâtonnements, échanges, travail en équipe, retours théoriques que s’est ébauchée mon évolution.

Dans une belle tradition ethnographique, nous sommes allés sur le terrain et avons débroussaillé notre champ, avons observé et interviewé. L’équipe a ramené pendant toutes ces années d’innombrables entrevues, davantage fragments d’enquête et éléments de nos regards croisés sur les changements en cours que traces analysées dans leur intégralité; je me consacrais au Nord, de Sudbury à Hearst, et, avec un collègue, Marcel Grimard, partais pour trois semaines d’été indien de 1998 sur les routes avec une question en tête, «c’est quoi être francophone dans le nord de l’Ontario ?». Comment, à l’heure de la mondialisation, se redéfinissent les appartenances, comment les détenteurs de pouvoir, les faiseurs d’action et d’idéologie vivent les changements identitaires, les restructurations étatiques et économiques, les enjeux linguistiques? Comment se construisent les discours en marge des discours hégémoniques? Nous avons mené une quarantaine d’entretiens, avec des agents des ministères, enseignants, entrepreneurs, artistes mais aussi d’anciens mineurs et des employés.

Nous avons roulé et vécu. Ce temps d’automne a été une façon de reprendre contact avec le nord de l’Ontario dans une période de mutation et de mondialisation. En résonance avec mon doctorat, j’ai perçu dans leur nouveauté les changements en cours. Rien n’aurait sans doute été pareil sans l’expérience antérieure, sans l’effet de palimpseste du terrain défriché quelques années auparavant, sans les signes qui surgissent au détour des évocations et des paysages en archipel. Le travail d’analyse s’imprègne des charnières et des sutures, des fracas et des naufrages, des déambulations et des rêveries d’une telle enquête, hors aussi de nos réflexions en chambre. J’ai pris beaucoup de notes.

Lors d’un second volet de ce projet, je gardais le nord de l’Ontario comme terrain, j’aurais pu choisir de percer davantage le monde artistique autour de festivals ou de scènes théâtrales; je décidai de me centrer sur le milieu touristique, alors en plein bouleversement et renouveau économique dans une perspective mondialisante. Et je repartis dans le Nord, accompagnée un temps par une collègue, Maïa Mayrymowich; c’était en juillet 2003, temps propice aux vacances et au vagabondage; je vécus les décors solitaires d’un tourisme en balbutiement. J’avais minutieusement préparé mes étapes et avais pris des contacts avec les faiseurs de promenades et d’aventures dans tout le Nord. Destination Nord, organisme chargé du développement du tourisme a été mon pôle ressource. J’ai rencontré les principaux acteurs à Kapuskassing, et j’ai alors mieux compris les enjeux, les limites et les missions à venir du développement touristique, objet de bien des espoirs d’une minorité mondialisée.

Tous ces différents projets et d’autres encore m’ont constituée, il y a toujours eu une participation des Études canadiennes; alors qu’aujourd’hui je suis Professeure des Universités à l’Université de Grenoble 3, je n’ai jamais arrêté avec le Canada, le Nord de l’Ontario puis plus récemment avec Moncton et l’Acadie. Toutes ces années passées à approfondir la connaissance des minorités francophones, toutes ces années à développer des cours, des activités dans l’université française, tous les étudiants qui sont partis eux-mêmes en stage, pour des recherches, pour des mémoires, tous les collègues français que j’ai sensibilisés sur des projets, tous ces échanges ont été possibles grâce à la volonté du gouvernement canadien via le CIEC. Les bourses octroyées ont permis de faire connaître les questions propres au Canada, de publier, de développer de l’humanité et des liens indéfectibles d’un bord à l’autre de l’océan mais aussi et tout simplement de favoriser des échanges et des investissements économiques qui ont dépassé les quelques sommes octroyées à ma petite personne.

Aujourd’hui le gouvernement canadien a décidé de tout simplement fermer les bureaux à Ottawa du CIEC. Il croit sans doute faire des économies pour «rationaliser les dépenses» et juguler le déficit. Sans parler des bénéfices humains et du rayonnement international, ce calcul à courte vue oublie qu’un dollar investi auprès d’un-e canadianiste passionné-e s’est démultiplié sans compter pour aller dans les caisses de ce même gouvernement. D’une façon ou d’une autre, cette décision est désolante d’inconscience et de bêtise.

Six fois plutôt qu’une

La scène se déroule dans un restaurant du centre-ville d’Ottawa, sur l’heure du midi.

La file s’étend jusqu’à ma table et, sans épier les conservations, je ne peux les empêcher de tomber dans mon oreille.

Deux interlocuteurs se relancent en français. Ils se demandent ce qu’ils vont commander au comptoir de sandwichs. Rien de plus banal.

«Je vais prendre un bon « sisse » pouces», lance le premier, un Franco-Ontarien.

«Tu veux dire un « si » pouces», s’empresse de corriger le second, un Québécois.

«You’re in Ontario here, man», rétorque le Franco-Ontarien du tac au tac.

La file avance et les deux interlocuteurs disparaissent.

Quelques minutes plus tard, j’en viens à me demander lequel des deux a raison. Celui qui donne une couleur locale à sa prononciation dans sa langue maternelle et qui passe immédiatement à sa langue seconde, celle de la majorité, pour se justifier? Ou celui qui s’empresse de corriger ce qu’il perçoit comme une erreur, si bénigne soit-elle, comme s’il n’existait pas d’autre accent correct que le sien?

Ça me laisse perplexe.

J’aime les accents. Ils sont qui nous sommes. Je suis le premier à tendre l’oreille lorsque j’en discerne un que je reconnais ou qui me plaît. J’aime aussi la rectitude linguistique. Celle qu’on laisse trop souvent de côté. Je suis le premier à froncer les sourcils lorsqu’une faute me saute au visage.

Alors voilà.

C’est clair que les accents et la rectitude linguistique ne font pas toujours bon ménage. Le choix est difficile. Mais je choisis l’accent. Quitte à m’écorcher la langue à l’occasion.

Je crois que le Franco-Ontarien a raison d’être fier de son accent et de sa province. Il a également raison d’envoyer paître le Québécois qui le reprend sur sa couleur locale. Le Québécois aurait tout autant raison si les rôles étaient inversés. Mais cet échange doit avoir lieu en français. Autrement, c’est concéder une demi-victoire.

À force de parler d’assimilation et du «Canada anglais» comme d’une société monolithique anglophone, beaucoup de Québécois en sont venus à croire que leur province est la seule porteuse du fait français au sein de la Confédération.

C’est peut-être le temps de se parler. Avec tous nos accents.

Tournons-nous la langue «sisse» ou sept fois, s’il le faut.

18 février 2012. 11h42. Second Cup. Ottawa.

Cette nouvelle chronique Do you want more coffee? cherche à présenter les échanges, tantôt drôles, tantôt navrants, entre des clients se hasardant à utiliser la langue française et les commerçants de villes à forte minorité francophone. Voici mon premier échange.


Samedi 18 février 2012. Il est 11h42.

J’entre dans le Second Cup à l’angle de Dalhousie et de Rideau, à Ottawa.

Vendeuse : “Hi !”

Moi : «Bonjour. Je voudrais un Mocha moyen et cette part de gâteau au chocolat, là.»

Elle met la part de gâteau dans un petit sachet, me le tend, puis me demande :

Vendeuse : “Do you want your Mocha with cream ?”

Moi : «Pardon ? Je ne comprends pas.»

La vendeuse a l’air embêté, elle réfléchit un instant puis articule lentement, en exagérant les mouvements de sa bouche :

Vendeuse : «Creeaaèème ?»

Moi : «Oui, merci.»

Elle tape les articles sur sa machine et apparaît le montant de 8,27$. Elle sourit, l’air gêné, en me regardant fixement.

Moi : «Ok, 8 dollars et 27 sous», dis-je en sortant l’argent.

Elle est soulagée de ne pas avoir eu à essayer de dire le montant en français.

Je récupère mon Mocha.

Moi : «Merci !»

Vendeuse : “You’re welcome !”

Sur la tasse que je sirote, je lis :

“There’s a little love in every cup / Y’a un peu d’amour dans chaque tasse”.

Lettre ouverte à l’Université d’Ottawa

Chère Université d’Ottawa,

Honte, désillusions, désenchantements, déception. Ce ne sont que quelques mots qui nous viennent à l’esprit en ce moment. Votre inaction sur le dossier de la désignation en vertu de la Loi sur les services en français (LSF) échappe à tout bon sens. Cette histoire est devenue ridicule. Vous êtes la risée de ministres, de la presse nationale, des professeurs et des experts reconnus dans le monde entier, et enfin par un corps étudiant comportant plusieurs dizaines de milliers de francophones et de francophiles. Vous vous amusez à vous vanter de votre «prestige», cependant, ce prestige n’est qu’un écran de fumée cachant un manque honteux de courage et de leadership.

Il y a plus de deux ans, l’honorable Michel Bastarache, B.A., LL.L., LL.B., DES, même CC (!), ancien juge de la Cour suprême du Canada (1997-2008), avocat-conseil au cabinet national Heenan Blaikie, récipiendaire de l’Ordre des francophones d’Amérique (1981), de la médaille du 125e anniversaire du Canada (1993), du titre de juriste de l’année décerné par l’Association des juristes d’expression française du Nouveau-Brunswick (1993), du Prix Boréal décerné par la Fédération des communautés francophones et acadiennes du Canada (1995), de la médaille de Commandeur de l’Ordre de la Pléiade (1999), de la médaille d’Officier de la Légion d’honneur décernée par le gouvernement de la République française (2003), innovateur hors pair et expert reconnu à l’échelle internationale en matière de droits linguistiques, vous a rédigé un avis juridique recommandant la désignation. Vous l’avez payé 15 000 $. Vous l’avez ignoré.

Tout récemment, vous avez accepté d’être hôte d’un colloque célébrant les maints atouts et avantages de la LSF ainsi que le progrès de la communauté franco-ontarienne depuis son adoption il y a 25 ans. En accueillant des centaines de médias, de ministres, de leaders communautaires, de chefs d’entreprises, de professeurs et d’étudiants, vous avez clairement communiqué au public qu’une désignation en vertu de la LSF vous serait bénéfique. À notre avis, votre oisiveté perpétuelle rend l’ironie de tout ce spectacle encore plus abasourdissant.

De plus, vous insistez que vous posez des gestes concrets. Toutefois, la mission qui vous a été confiée par le peuple ontarien, soit de «favoriser le développement du bilinguisme du biculturalisme [et] de préserver et développer la culture française en Ontario» est périphérique à votre paresse institutionnalisée.  Ce sont plutôt le Collège Boréal, l’Université de Hearstl’Université Laurentienne et, tout dernièrement, la Cité Collégiale, qui posent des gestes concrets pour assurer l’avenir de la communauté d’expression française de l’Ontario. Ce sont ces institutions qui profiteront de la protection de la LSF.

Vous, l’Université d’Ottawa, notre alma mater, avez lâché la patate. Il est trop tard pour vous d’être leader dans la communauté franco-ontarienne et canadienne dans ce dossier. Vous ne pouvez maintenant que suivre l’exemple des institutions qui ont compris l’importance de se faire désigner.

Levez-vous, mettez vos culottes. Il y a maintenant 25 ans depuis que cette loi existe et il y a maintenant 25 ans que vous êtes assis sur vos pouces comme des fonctionnaires fainéants.  Il suffit simplement de mettre un formulaire à la poste. On vous donnera même le timbre.

Vite! Le temps file…

Veuillez agréer, chère Université d’Ottawa, nos sentiments les plus sincères.

 

Majid Charania, étudiant passant en 3e année (mais déjà en mode «finissant»)
Joseph Morin, finissant
Albert Nolette, finissant
Daniel Wirz, finissant


Caricature: Honteux, par Joseph Morin

Les «réseaux parallèles» remis en cause

Cet article est paru le vendredi 6 avril 2012 dans le journal Le Droit. Le voici en intégrale tel qu’il est paru dans la version imprimée du journal.


Les «réseaux parallèles» remis en cause

«Le 26 juin 2030 n’était pas que la dernière journée de l’année scolaire; c’était la dernière journée d’existence des conseils scolaires francophones de l’Ontario. À partir de septembre prochain, l’éducation des Franco-Ontariens relèvera d’un nouveau réseau de commissions scolaires.»

C’est dans ce cadre futuriste que les blogueurs du webzine TaGueule.ca remettent en question l’existence de ces «deux réseaux de conseils parallèles, un catholique et un public, qui remplissent exactement le même mandat et qui ne font que diviser les francophones au lieu de les rassembler», affirme Félix Hallée-Théoret, un des éditeurs du billet paru dimanche.

L’équipe de TaGueule.ca cherchait depuis un bout de temps à lancer un débat sur la pertinence d’avoir deux réseaux d’écoles francophones «qui se battent pour recruter les mêmes élèves», déplore M. Hallée-Théoret.

La semaine dernière, le dépôt de l’ébauche budgétaire 2012 à Queen’s Park a donné au webzine les munitions nécessaires. Le gouvernement libéral de Dalton McGuinty ouvre toute grande la porte à la fusion de conseils scolaires, dans les régions où les effectifs sont en baisse. Les lois constitutionnelles de la province empêchent toutefois les fusions entre conseils catholiques et publics.

«Nos conseils francophones sont très grands, surtout dans le Nord. La distance est déjà un problème. Je ne vois franchement pas comment on pourrait faire des conseils plus grands. Tant qu’à vouloir fusionner des conseils pour économiser, pourquoi ne pas fusionner des conseils catholiques et publics ensemble», plaide M. Hallée-Théoret, joint par LeDroit à Sudbury.

Un sujet tabou

Le hic, c’est que depuis que l’ancien chef progressiste-conservateur John Tory s’est cassé les dents sur une question de financement des écoles confessionnelles, en 2007, très peu de politiciens à Queen’s Park osent aborder le sujet. Il n’y a que le Parti vert de l’Ontario qui parle ouvertement de l’abolition des conseils catholiques.

«Ce serait logique et financièrement plus responsable d’avoir un seul réseau de conseils scolaires anglophones, et un seul réseau francophone. Le système actuel est injuste à l’endroit des autres religions. Notre pays a deux langues officielles mais pas deux religions officielles», affirme au Droit le chef vert Mike Schreiner. Une fusion des conseils catholiques et publics se traduirait par une «meilleure qualité de l’enseignement», ajoute-t-il.

Ce n’est pas du tout l’avis de Carole Drouin, la directrice générale de l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques. «Nous assisterions à une diminution de la qualité de l’enseignement. Le système catholique est le plus performant dans la province. Le gouvernement devrait regarder ailleurs pour trouver des économies», rétorque-t-elle.

«Ce n’est pas une attaque contre les catholiques», précise pour sa part M. Hallée-Théoret. L’enseignement religieux aurait toujours sa place dans les écoles, selon lui, même au sein d’un système exclusivement public.

Un chevauchement unique

L’Ontario est la seule province canadienne où se chevauchent deux réseaux scolaires francophones, et deux réseaux anglophones. Le Québec est passé d’un système d’éducation confessionnel à linguistique en 1998. Il lui a suffi d’amender ses lois constitutionnelles, à la suite d’une entente bilatérale avec Ottawa.

«Ce n’est plus vrai que les francophones de l’Ontario sont nécessairement tous catholiques, comme en 1867. Le fait d’avoir deux réseaux crée des divisions entre les Franco-Ontariens de souche et les nouveaux arrivants d’autres religions au lieu de créer une meilleure intégration», affirme au Droit le politologue Alexandre Brassard, directeur de recherche au collège Glendon de l’Université York, à Toronto.

L’Ontario montré du doigt par les Nations unies

Pas une, mais deux. C’est le nombre de fois que l’Ontario s’est fait taper sur les doigts par l’Organisation des Nations unies (ONU) parce que son système d’éducation viole le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Utiliser des derniers publics pour financer un réseau d’écoles confessionnelles va à l’encontre de l’accord ratifié par 160 pays, dont le Canada. «C’est en effet discriminatoire qu’un gouvernement favorise une seule religion au détriment des autres», commente le politologue Alexandre Brassard, du collège Glendon de l’Université York.

Le poids de l’ONU n’a toutefois rien de comparable à celui du lobby catholique à Queen’s Park, selon M. Brassard. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la question des écoles confessionnelles demeure un tabou, dit-il au Droit.

La directrice générale de l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques, Carole Drouin, croit pour sa part que toute fusion administrative entrainerait de lourdes conséquences pour l’éducation de langue française. Elle note que les huit conseils catholiques et les quatre conseils publics francophones sont encore jeunes et «n’ont pas fini de s’établir». Les Franco-Ontariens ont obtenu la pleine gestion de leurs écoles en 1998, après des décennies de lutte.

Félix Hallée-Théoret, du webzine TaGueule.ca, affirme au contraire que les francophones pourraient être «des catalyseurs de changement» dans la province. «Le fruit est assez mûr pour qu’on en parle».


Photo: Archives, Le Droit

Montfort — Merci, mais non merci!

Il y a dix ans, les Franco-Ontariens de la région d’Ottawa gagnaient la bataille de l’Hôpital Monfort. Ils ont traîné le gouvernement Harris jusqu’en Cour supérieure de l’Ontario et lui ont donné la raclée qu’il méritait. Ils y ont gagné une institution qui ne cesse de grandir et d’offrir aux francophones de la région d’Ottawa des services exceptionnels incluant des innovations à la fine pointe de la science médicale. Bravo!

Mais il y a quinze ans, j’écrivais un éditorial dans le journal Le Voyageur dans lequel j’expliquais pourquoi je ne serais pas à la grande manifestation/lovefest qui s’est tenue le 22 mars 1997 au Centre civique d’Ottawa. Et comme rien n’a changé depuis, je me répéterai donc aujourd’hui.

Les Franco-Ontariens de la région d’Ottawa sont très forts quand vient le temps de nous faire croire que le moindre petit droit lésé chez eux affecte tout l’Ontario français. Mais ils sont visiblement absents quand vient le temps de défendre les droits des francophones ailleurs en province. C’est comme si, pour eux, l’Ontario français s’arrêtait à Arnprior. C’est comme si, parce qu’ils vivent dans la capitale nationale d’un pays bilingue, ils jugent tout accroc à leurs droits linguistiques comme un enjeu digne de l’intérêt national.

Sur ce dernier point, ils ont certainement raison. Tout affront aux droits des minorités linguistiques est un affront au pays entier. La seule chose que je leur reproche c’est de ne pas voir qu’il y a de tels accrocs partout au pays et qu’ils sont tout aussi importants que ceux qui affectent leur petite vie de fonctionnaires privilégiés.

Je comprends la fierté de ceux qui ont mené cette bataille victorieuse, mais je reproche aux organisateurs de cet anniversaire de dépenser autant d’énergie à se taper dans le dos alors que d’autres questions super importantes restent en suspens. Une capitale nationale bilingue peut-être? Une province bilingue maybe? Une université de langue française pour enfin finaliser un système d’éducation pour et par nous? Mais non, on est occupé à se souvenir d’une petite victoire locale. Où à ramasser de l’argent.

En terminant, je tiens à souligner toute l’appréciation que j’ai envers les gens qui ont mené cette bataille et envers tous ceux qui continuent à faire de Montfort une institution qui nous est source de fierté. Et j’ai des raisons personnelles qui motivent mon admiration. Il y a plus d’un an, ma fille a donné naissance à mon premier petit-fils à l’Hôpital Montfort. Ce fut une naissance difficile et maman et bébé y ont reçu des soins exceptionnels. Je suis un grand-papa reconnaissant.

J’enverrai donc probablement un chèque pour la cause, mais je ne participerai pas au lovefest. Je suis trop occupé à tenter d’améliorer l’avenir de mon petit-fils.


Photo: Manifestation SOS Montfort, Étienne Morin

Le village gaulois a son université

L’Université de Hearst avec ses campus à Kapuskasing et Timmins est la seule université franco-ontarienne dans la province. Tu le savais pas? Tu regrettes de t’être inscrit à la Laurentienne ou à Ottawa? Mettons que t’as ben raison.

Mais bon, fais-toi pas d’illusions. C’est vrai que l’Université de Hearst est purement, uniquement, terriblement francophone… franco-ontarienne, un peu… mais y’a encore de la job à faire. C’est juste que c’est pas vraiment, complètement une université. Y’ont un recteur, des profs, des campus à Hearst, Timmins et Kap, toute l’affaire, ben à eux… sauf que les diplômes dépendent de la Laurentienne. Là j’te vois rire, tu t’dis « c’est une joke ». Même pas.

S’ils veulent créer un nouveau cours, ou un nouveau programme, faut qu’y passent par les hosties de comités bilingues milingues de la Laurentienne. C’est des Anglos qui parlent pas un crisse de mot de français qui approuvent toutes les affaires pédagogiques de l’Université de Hearst. Pathétique, tu penses, et t’as pas tort. Ironique et historique surtout.

C’est d’autant plus débile qu’ils ont plus de profs de littérature qu’à la Laurentienne. Ça, ça devrait créer une petite gène aux linguistes du département d’études françaises de la Laurentienne; mais non même pas, rien. Alors l’indécrottable mais honorable Raymond Tremblay, recteur de l’Université de Hearst depuis toujours (tellement qu’on penserait qu’y ferait une crise cardiaque sur son bureau) vient de faire ses adieux… pas pour toujours, juste pour prendre une retraite bien méritée et faut bien qu’on lui tire notre chapeau, lui qui a gardé le flambeau de l’éducation post-secondaire en français dans le Nord pendant toutes ces années. Bravo man!

Mais bon, un petit message à son successeur, Pierre Ouellette. Ouellette, il est pas pire comme gars… sur plusieurs plans… Mais sérieusement Pierre, si tu dois avoir un objectif, un « result-based target blabla bullshit » comme on dit à la Laurentienne, c’est de faire de l’Université de Hearst une université INDÉPENDANTE! Une vraie, la seule, l’unique, celle qui créera un vrai mouvement, derrière laquelle on sera tous mobilisés, une université franco-ontarienne. Avec plus aucun lien avec la Laurentienne.

On l’aura alors notre vrai programme de littérature franco-ontarienne… rêvons deux minutes, y’a déjà Doric Germain, et puis on rapatriera Michel Ouellette pour le théâtre (y vient pas de Smooth Rock Falls?), et on donnera enfin une vraie chance à Gaston Tremblay de partager sa passion pour la poésie, et si y veut pas s’en revenir dans le Nord, on ira chercher nos jeunes poètes de la place, parce qu’il y en a! Pis, on le développera le crisse de programme en traduction. Ça c’était un hostie coup de génie du vieux Tremblay, parce qu’à la base, la traduction quand t’y penses bien, on s’y connaît, on fait ça tout le temps, c’est génétique, on est né comme ça, ça vient plus vite qu’une éjaculation précoce pour nous. Pis on fera de l’histoire franco-ontarienne, et tout plein d’autres affaires qu’on a besoin, ici dans le Nord, pour se développer, sans les Anglais.

Alors, Pierre, mets tes culottes, et déclare l’Université de Hearst indépendante! Bonne chance, on est avec toi! (ça c’est pas forcément une bonne nouvelle pour toi… mais, regarde man, ça dépend de toi!).

Vive l’UFO, vive l’UFO LIBRE!