Leçon 3: les participes passés

Bon ça y est, vous trouviez les canes drôles, quétaines, intéressantes, un peu gauches, pas toujours claires, sexy (on extrapole un peu, mais après tout, taGueule est sensé être sexy alors on a le droit de le prendre à notre compte!), mais là on a peur. On se dit qu’attaquer les participes passés à la troisième leçon, la glace va casser sous nos petites pattes et pis on va couler drette-là! Mais c’est le printemps, prenons des risques, c’est la saison des amours!

Vous allez voir, ce n’est pas si compliqué si vous avez bien suivi les deux premières leçons.

Nous avons deux auxiliaires en français : ÊTRE et AVOIR. Des fois ce sont des verbes, des fois ce sont des auxiliaires (des aides grammaticales si vous voulez). Vous savez certainement que la langue française a plusieurs temps de verbes: présent, futur, imparfait, plus-que-parfait, passé composé et autres. Eh bien pour les temps composés, on a besoin d’un auxiliaire et d’un participe passé. Le participe passé c’est une forme verbale que chaque verbe a (le participe passé de «manger» est «mangé»; celui de «partir» est «parti», celui de «vouloir» est «voulu», etc.).

1er problème : Faut-il utiliser ÊTRE ou AVOIR?

La règle est assez simple: on utilise AVOIR presque tout le temps. On utilise ÊTRE avec les verbes d’état (devenir, naître, mourir) et les verbes de mouvement (aller, partir, venir, descendre, monter, revenir, parvenir, repartir) et TOMBER. Là faut pas qu’on s’énerve, mais vous comprenez que le verbe «tomber» indique un mouvement, alors il faut utiliser l’auxiliaire ÊTRE. Répétez et écrivez la phrase suivante 100 fois: «Je ne dirai plus jamais: ‘J’ai tombé’ mais ‘je suis tombé’». S’il vous plaît, pour la santé mentale des canes, plus jamais!

2ème problème : J’ai rien compris.

De quoi parlent-elles? Comment on fait ça? Pas de panique! Ça aussi c’est simple. Un temps composé est composé d’un AUXILIAIRE et d’un PARTICIPE PASSÉ. Prenons l’exemple du passé composé qu’on utilise très souvent:

J’ai mangé. (AVOIR au présent plus PARTICIPE PASSÉ de manger)

Tu es allé. (ÊTRE AU PRÉSENT plus PARTICIPE PASSÉ de aller – verbe de mouvement)

Il a parlé de chansons.

Elle est tombée sur les roches.

Nous sommes revenus du cinéma.

Vous avez fait un gâteau.

Ils sont partis à la pêche.

Elles ont mis leurs mitaines.

3ème problème : Ça se complique.

Bon là, on l’avoue ça se complique un tout petit peu: Comment ça s’accorde ces affaires là? Bougez pas ce n’est pas difficile, c’est juste qu’on ne vous l’a pas appris.

1ère règle:

Quand l’auxiliaire est ÊTRE, le participe passé s’accorde TOUJOURS en genre et en nombre avec le SUJET.

Ma mère est partie.

Mon père est parti.

Mes parents sont partis.

Mes sœurs sont parties.

Il est revenu.

Elle est tombée.

Ils sont sortis.

Elles sont descendues.

2ème règle:

Quand l’auxiliaire est AVOIR, le participe passé ne s’accorde JAMAIS, SAUF… (attendez la 3ème règle). Vous voyez dans les exemples suivants que le participe passé ne change pas, peu importe le sujet ou le COD, ou autre chose. Ça ne bouge pas!

Elle a mangé du cochon.

Il a fait un dessin.

Ils ont écrit une lettre.

Nous avons chanté au petit matin.

Elles ont récité un poème.

3ème règle:

SAUF… avec l’auxiliaire AVOIR, QUAND LE COD EST PLACÉ AVANT SON VERBE, LE PARTICIPE PASSÉ S’ACCORDE EN GENRE ET EN NOMBRE AVEC LE COD. (Il n’y a rien d’autre à faire que d’apprendre cette phrase comme vous avez appris le Notre Père, ça paraît futile mais ça sert dans la vie! … et en plus c’est moins long!)

Les fleurs qu’elle a cueillies sont bleues.

(Le participe passé «cueilli» s’accorde au féminin pluriel parce qu’il s’accorde avec les fleurs qui sont le COD du verbe «cueillir»… Elle a cueilli quoi? Les fleurs!).

Les bonbons! Il les a mangés!

(Le participe passé «mangé» s’accorde au masculin pluriel parce qu’il s’accorde avec les bonbons qui sont le COD du verbe «manger». Il a mangé quoi? Les bonbons!).

J’ai lu les livres que tu m’as prêtés.

(Très intéressante comme phrase: «lu» ne s’accorde pas parce que son COD (les livres) est placé APRÈS; en revanche, «prêté» s’accorde parce que son COD (les livres) est placé AVANT). Un autre exemple pour la route:

Elle a pris toutes les affaires qu’il lui avait données.

4ème règle :

Vous avez tout compris. Nous aussi. Tout le monde est content. Mais voyons, cela ne peut pas être aussi simple… et bien oui et non, avouez que c’est simple (si vous savez trouver un COD, voir leçon 1), mais des fois ça se complique un petit peu, juste des fois.

Avec le pronom EN (voir leçon 2) :

Vous vous rappelez peut-être que dans la leçon 2, nous avons appris que dans certains cas, on remplace le COD par le pronom EN. Eh bien, quand EN est placé avec le verbe, LE COD NE S’ACCORDE JAMAIS. C’est simple! Exemples:

J’ai mangé des bonbons.              (COD après le verbe, pas d’accord)

J’en ai mangé.                              (COD avant le verbe mais remplacé par EN, pas d’accord)

Les bonbons, je les ai mangés!    (COD placé avant, accord)

Certains verbes de mouvement peuvent être accompagnés d’un COD. Dans ce cas, on utilise AVOIR.

Elle est descendue dans la cuisine.

MAIS :

Elle a descendu son chandail pour le mettre à sécher.

Ils sont sortis prendre une marche.

MAIS :

Ils ont sorti les poubelles.

Les verbes pronominaux :

Avouons que nous rentrons dans un terrain glissant. Nous ne sommes pas certaines de tout comprendre. Ce qui est sûr c’est qu’avec un verbe pronominal (se + verbe comme se laver, se lever, se doucher), on utilise toujours l’auxiliaire ÊTRE. Le problème est l’accord. Si le verbe pronominal est réfléchi (le sujet fait l’action sur lui-même comme «se doucher», c’est toi que tu douches!), ou réciproque (on fait l’action en gang comme «se réconcilier»), alors on accorde en genre et en nombre avec le sujet.

Verbes réfléchis ou réciproques qui s’accordent

Elle s’est lavée.

Elles se sont couchées.

Ils se sont levés.

Nous nous sommes douchés.

Ils se sont réconciliés.

Elles se sont embrassées.

Verbes pronominaux suivis d’un infinitif : PAS D’ACCORD.

Elle s’est fait manger toute crue.

Elles se sont laissé aller à leur guise.

Pour les participes passés avec un infinitif, il faut toujours se poser la question du COD. Mais là on botte en touche, c’est compliqué: on vous donne le lien suivant si ça vous amuse.

Nous, on va se coucher parce qu’on a un boulot et des mômes à nourrir et amuser demain, mais si vous avez compris les trois premières règles, nous seront heureuses en maudit!

Première leçon : nature et fonction d’un mot

Comme toutes les mères le savent, il ne faudrait pas trop compter sur le système d’éducation pour que nos enfants apprennent les règles de base de la grammaire française. Nous n’en voulons pas aux enseignants, ils n’ont malheureusement pas été formés pour ça à l’école des sciences. Ce sont les bureaucrates qui pondent les programmes et les conseils scolaires, qui jadis comme l’Église, sont coupables de collaboration dans cette longue agonie de notre langue.

Nous aurions pu chialer, mais nous sommes tannées de le faire. Alors, pour une fois, parce que nous sommes résilientes, nous avons décidé de positiver et d’offrir des leçons de grammaire aux autres mamans qui n’auraient pas le temps de trouver les ressources nécessaires.

Nous ne sommes pas grammairiennes, et nous n’avons aucune prétention à l’être. Nous voulons simplement expliquer quelques bases avec nos mots à nous, et pas le jargon pédagogique incompréhensible des textes officiels. Cela repose sur nos souvenirs d’enfance, soit la méthode Grevisse, celle qui faisait que nos grands-parents arrêtaient l’école à 13 ans et savaient écrire sans faute. Tenants de la dite nouvelle grammaire aux petits arbres s’abstenir.

1ère leçon : nature et fonction d’un mot

Chaque mot a une nature et une fonction. La nature, c’est l’identité du mot, elle est quasi-immuable, c’est son marqueur génétique. Un mot peut donc être : un substantif aussi appelé un nom (chien, chat, langue), un verbe (manger, parler, être); un adverbe (hier, souvent, malheureusement); un pronom (je, nous, mes, ton); un déterminant (le, des, les); un adjectif (belle, gros, gentil). Souvent on associe plusieurs éléments comme « un gros chien », on parle alors de « groupe nominal ». De la même façon, un verbe est souvent conjugué et donc comporte plusieurs éléments comme « a été mangé », on parle alors de « groupe verbal ».

Mais chaque mot peut avoir des fonctions différentes dans une phrase : sujet, verbe, complément d’objet direct (COD), complément d’objet indirect (COI), complément circonstanciel (C.C.) (de temps, de lieu, de moyen, etc.). En règle générale, dans la langue française, on connaît la fonction d’un mot grâce à la place qu’il occupe dans la phrase (et non grâce à sa terminaison comme dans les langues à déclinaison). Les compléments circonstanciels sont des agents libres, ils peuvent se placer un peu n’importe où. Alors que la structure de base de la phrase est : sujet + verbe + COD, sauf à vouloir faire du style!

On peut trouver le sujet en posant la question « Qui? »

On peut trouver le COD en posant la question « Quoi? »

On peut trouver le COI en posant la question « A qui? »

On peut trouver les C.C. en posant les questions « Où? Quand? » etc.

Le verbe décrit l’action de la phrase.

Exemple

Le chat et la souris sont des noms mais ils peuvent être des sujets, des COD, des COI, etc.

Code couleur

[hl-yellow]En jaune[/hl-yellow], on souligne le sujet. [hl-green]En vert[/hl-green], on souligne le COD. [hl-red]En rouge[/hl-red], on souligne le verbe. [hl-blue]En bleu[/hl-blue], on souligne le COI. [hl-pink]En rose[/hl-pink], on souligne les compléments circonstanciels.

[hl-yellow]Le chat[/hl-yellow] [hl-red]voit[/hl-red] [hl-green]la souris.[/hl-green]
[hl-yellow]La souris[/hl-yellow] [hl-red]mange[/hl-red] [hl-green]du fromage.[/hl-green]
[hl-pink]Hier,[/hl-pink] [hl-yellow]la souris[/hl-yellow] [hl-red]est passée[/hl-red] [hl-pink]dans la cuisine.[/hl-pink]
[hl-pink]Demain,[/hl-pink] [hl-yellow]le chat[/hl-yellow] [hl-red]donnera[/hl-red] [hl-green]du fromage[/hl-green] [hl-blue]à la souris.[/hl-blue]

Utilité de la leçon

Il s’agit de la base de la langue. Comme la base de la division de la pensée scientifique : le biologiste étudie la nature de l’homme. Le sociologue étudie les fonctions de l’homme (est-ce qu’il est plombier, mineur ou bucheron? Mère, père, frère?). Il est impératif pour nos enfants de comprendre cette distinction afin qu’ils puissent, par la suite, bien faire leurs règles d’accord (du sujet avec le verbe, des participes passés, etc.). Mais de façon plus générale, cette distinction est utile pour comprendre la grammaire, la conjugaison et la syntaxe.

Exercices conseillés

Faites écrire des phrases à vos enfants les plus complexes possibles. Demandez-leur, avec notre code couleur, d’identifier les fonctions des mots (en les soulignant), et en dessous d’indiquer la nature du mot.

[hl-pink]Hier,[/hl-pink] [hl-yellow]les enfants[/hl-yellow] [hl-red]ont trouvé[/hl-red] [hl-green]des cadeaux[/hl-green] [hl-pink]sous le sapin.[/hl-pink]
adverbe, groupe nominal, groupe verbal, groupe nominal, groupe nominal

[hl-yellow]Ils[/hl-yellow] [hl-green]les[/hl-green] [hl-red]ont trouvés[/hl-red] [hl-pink]sous le sapin.[/hl-pink]
Pronom personnel, pronom, groupe verbal, groupe nominal

À vos crayons, et bonne chance!

Autres ressources

Vous trouverez ici des exercices que vous pouvez faire et qui seront corrigés.

Lettre aux éditeurs: À qui revient la responsabilité?

Si mon enfant ne sait pas ou ne veut pas s’exprimer en français, c’est de la faute des enseignants et des enseignantes. Si nos élèves préfèrent s’exprimer en anglais, c’est à cause de nos directions et de nos conseils qui ne nous appuient pas. Si on ne veut pas parler français, c’est à cause des systèmes de valorisation comme L’étoile du mois ou les Franco-primes,… et bla bla bla! Il faut arrêter de publier des articles biaisés qui ne montrent qu’une facette du problème.

La réalité est qu’il manque certains éléments importants à notre équation. Les parents, la famille, ainsi que la communauté existent aussi. Avec le monde de l’éducation, ils jouent un rôle primordial pour que nos jeunes développent un sentiment d’appartenance face à leur langue et à leur culture.

Il est juste de dire que l’école doit inclure dans sa programmation des évènements, activités, groupes de musique, troupes de théâtre, choix de lecture, choix de musique, tournois sportifs et ainsi de suite. Et à l’école élémentaire? Il est possible d’organiser des jeux de balles, de cordes, de marelle ainsi que de développer du vocabulaire sportif et d’encourager (sans punir) qu’il soit employé dans la cour d’école. De plus, le personnel enseignant et non enseignant doivent aussi se montrer authentique dans leur façon de promouvoir leur culture. Et surtout, ils doivent s’exprimer en français dans l’école, entre collègues et devant les élèves. Malheureusement, les jeunes enseignants semblent pour la plupart négligeants de ce côté. Pourquoi? Je pense sérieusement que les conseils scolaires francophones ne se donnent pas la peine d’embaucher des enseignants convaincus ni, si on peut se permettre l’expression, « la crème de la crème ». On se contente de prendre les premiers venus avec une éducation qui laisse à désirer et, zéro ou peu d’expérience, car voyez-vous, on économise ainsi en n’ayant pas à les payer aussi cher qu’on rémunérerait un enseignant ou une enseignante ayant un certain montant d’années d’expérience. De plus il serait de mise d’affirmer que l’École des Sciences de l’éducation ne fournit pas les outils nécessaires ni la formation aux sujets qui seraient aptes à créer des éducateurs imprégnés de la culture et de la langue française (même s’ils ne sont pas eux-mêmes franco-ontariens car ceux-ci doivent aussi connaître notre culture s’ils veulent enseigner dans nos écoles). Lorsque les éducateurs ne sont pas authentiques dans leur appartenance et leur fierté franco-ontarienne, comment peuvent-ils transmettre quelque chose d’aussi important aux jeunes?

Cela dit, n’oublions pas le rôle des parents dans cette histoire. Ces derniers sont souvent les premiers à blâmer les écoles et les enseignants de ne pas relever le défi: « c’est à cause de l’école si nos enfants ne veulent pas s’exprimer en français! » Sûrement en partie. Or, si le parent ne fournit pas à son enfant l’occasion de vivre sa culture en l’accompagnant à des spectacles de musique, des pièces de théâtre, des activités communautaires et sportives dans sa langue, comment développera-t-il un sens d’appartenance et de fierté? Voudra-t-il s’exprimer en français si ses parents ne le font même pas? Le folklore, les traditions, les mets et recettes,… franco-ontariens et canadiennes-françaises occupent une grande place pour nous et si on a perdu ou oublié ces choses et bien elles se retrouvent! Et voilà le rôle de notre communauté francophone. C’est à elle que revient la responsabilité de retracer, d’organiser de telles activités et d’inviter la communauté à y participer.

Voilà! Ce n’est pas en se blâmant l’un l’autre qu’on arrivera à rendre vivante notre francophonie, mais en se responsabilisant et en travaillant ensemble! Ce n’est qu’à partir de ce moment que nos enfants auront une chance de survivre et de vivre fièrement leur langue et leur culture franco-ontarienne si riche en expériences de vie et si belle dans toutes ses saveurs.