Big Mother is watching you

Mon cher fils,

Il y a longtemps que je n’ai pas pris le temps d’avoir une bonne discussion avec toi. Je sais que tu es bien occupé ces jours-ci, mais j’ose croire que tu as quelques minutes pour lire ces petits mots tendres.

Je veux te parler de la vie privée. En voyant tes amis faire des scandales cette semaine, je me suis souvenue de la fois où j’ai trouvé des photos, que d’aucuns qualifieraient d’inappropriées, dans tes tiroirs. Tu te souviens? Tu m’as fait une crise! « Maman, tu t’es immiscée dans ma vie privée! » et tu m’avais ensuite accusée délibérément d’espionnage, alors que je ne faisais que ranger tes sous-vêtements dans le premier tiroir de ta commode. J’en ris encore. Tu m’appelais « Big Mother »! À partir de ce jour, j’ai été plus prudente et j’ai respecté ta requête. J’ai fait ça par amour et par respect pour toi mon chéri.

Est-ce que tu te rappelles du jour où tu es entré dans ma chambre sans frapper te demandant d’où provenait le bruit étrange que tu entendais? Papa et moi t’avions vivement sermonné sur le respect de l’intimité d’autrui. Il me semblait, à l’époque, que tu avais bien compris le message. À ton tour, tu as respecté notre intimité.

Ce qui me tracasse mon poussin, c’est que j’ai l’impression que tu subis les mauvaises influences de tes amis. Particulièrement le petit moustachu qui veut surveiller tout l’Internet. En plus, il utilise des gros mots pour qualifier tous ceux qui ne pensent pas comme lui. Je me demande bien comment il a été élevé. Entre nous, penses-tu vraiment qu’il fait ça pour l’amour des enfants? J’en doute. Tu pourras lui dire que, comme la plupart des gens, nous ne sommes pas des criminels. Comme ça, j’espère qu’il nous laissera tranquilles. Maman fait ça pour te protéger mon chéri. Une maman reste toujours une maman, même quand son petit loup est devenu grand.

Je sais que ton temps est précieux mon coquelicot, j’attends de tes nouvelles bientôt.

Bisous

xox

Maman

P.s. Vous étiez mignons comme tout avec les pandas!

Première correspondance : Attawapiskat et le respect

Dans cette chronique Lettres à mon fils, j’écris à Stephen Harper comme si j’étais sa mère et comme s’il avait 7 ans. Cette première correspondance a originalement été publié en décembre 2011.


Mon cher fils,

Je crois que nous devons prendre un petit moment pour discuter. J’observe ton travail ces derniers temps et j’ai l’impression que je n’ai peut-être pas réussi à te transmettre les valeurs auxquelles je tenais. Tu as fait de bien mauvais choix et le moment est venu pour moi de te rappeler quelques règles de savoir-vivre et de bienséance.

J’ai été très déçue, cette semaine, quand tu as choisi de ne pas venir en aide à tes cousins d’Attawapiskat.  Tu as de l’argent et tu as les moyens de les aider! Tes cousins du Grand Nord se contentent de bien peu pour vivre et toi, tu oses dire qu’ils profitent de ton argent!  C’est vrai que tu leur en as donné beaucoup, mais c’était insuffisant pour qu’ils puissent s’en sortir. N’oublie pas qu’ils n’ont pas la chance de vivre dans une aussi grande maison que la tienne. Dois-je d’ailleurs te rappeler que nous payons cher pour te permettre de vivre dans cette très grande maison.

Mon amour, je t’ai souvent expliqué que c’était important d’aider les autres, même ceux que tu ne respectes pas.  Maman croit que tu dois laisser tomber tes préjugés.  Souviens-toi ce que je t’ai souvent dit, nous sommes tous des êtres humains et nous nous devons un respect mutuel.

Pour t’aider à comprendre, je vais te donner un exemple.  Disons que Grand-Maman Élisabeth trouve que tu dépenses trop d’argent en jouets de guerre et qu’elle décide de contrôler elle-même ton argent. Comment réagirais-tu?  Est-ce que tu comprends mieux maintenant ce que tu fais à tes cousins du Grand Nord?

Mon chéri, tu aimes bien pouvoir faire ce que tu veux avec ce qu’on te donne. Je suis convaincue que tes cousins d’Attawapiskat aimeraient être aussi chanceux que toi.

Tu me déçois Stephen. N’oublie pas que tu dois respecter la main qui te nourrit.  Ton père et moi te donnons beaucoup et, en échange, on s’attend à ce que tu sois raisonnable et que tu partages.  Tes cousins du Grand Nord ont besoin d’aide maintenant.  Je t’en prie, mon ti-loup, rends-moi fière de toi!

Bonne semaine mon poussin.

xox

Maman