Le suicide de l’Ontario français

La Franco-Ontarie est mourante. S’il y a une place où nous pouvons attester cela sans crainte, c’est bel et bien ici. Mais la mort du peuple franco-ontarien ne sera ni la faute du monolithe anglophone ni des orangistes, ni même de (soupir) l’assimilation. Non, la mort de l’Ontario français aura pour cause que celle-ci s’est tranquillement et progressivement asphyxiée. Et donc, comme pour tout bon suicide, une note de la victime s »impose. Je propose la suivante.


Aux gens des Pays-d’en-Haut, de l’Ontario français:

Excusez-moi!

Excusez-moi de ne pouvoir résister à l’apathie générale qui entoure mon existence!

Excusez-moi de ne plus pouvoir me battre contre cette apathie!

Combattants de l »avenir, excusez-moi! Vous direz sans doute que mon apathie envers votre cause est inacceptable.

Tous les Lajoies, Desloges, des Ormeaux, Brûlés…, excusez-moi! Mon abandon trahit vos efforts.

Quand j »affirme que les deux seules variantes de la langue française que j’accepte comme «normales» sont celles de l’Est et du Nord ontarien, excusez-moi!

Je demande au peuple des «régions» de m »excuser, celui qui, en souffrant, m’a vu prêter toute mon attention aux communautés fortes, telles que Sudbury et Ottawa!

Excusez-moi d’avoir divisé un groupe déjà minoritaire en deux systèmes: l »un catholique, l »autre public!

Excusez-moi d’avoir été trop conservateur en ce qui concerne la online casino religion!

Les francophones qui ne sont pas «pur laine», ceux et celles que j’ai tant aliénés et marginalisés, excusez-moi!

Excusez ma xénophobie!

Excusez-moi d’avoir créé une société tellement exclusive que des jeunes portant des noms comme Giroux, Leblanc, Veilleux et Desrochers se sentent rejetés par celle-ci!

Jeunes francophiles et étudiant/e/s en immersion, excusez-moi! Je vous ai ignorés car je vous voyais comme francophones de deuxième classe.

Excusez-moi d’avoir corrompu notre jeunesse avec ces pensées!

Enfants de familles exogames, excusez-moi! Je n’ai pas su vous encadrer afin que vous puissiez vivre en français, maintenant et plus tard.

Excusez-moi pour un système d’éducation qui ne fait rien pour retenir une jeunesse déjà susceptible d »adopter la culture de la majorité!

Excusez-moi chers francophones assimilés et acculturés, vous que j’ai osé utiliser comme boogeyman pour nos jeunes! Vous n’êtes pas un boogeyman, vous êtes ma raison d’exister.

Excusez-moi d’avoir transmis l »idée que l’assimilation est un choix!

Excusez-moi d’avoir participé à cette assimilation en oubliant de m’occuper de ceux qui se font assimiler!

Excusez-moi d’avoir gardé le silence en voyant tout cela se dérouler sous mes yeux!

Excusez-moi! Mea-culpa!

L’Ontario français

Franco-Ontarien inc. est mort

Depuis son décès, on entend plein de louanges au sujet de Paul Desmarais, un Franco-Ontarien devenu un des hommes les plus puissants de la planète. Je trouve qu’il est temps qu’on tire les choses au clair.

Premièrement, je n’ai rien contre les gens d’affaires. Je trouve qu’encourager nos commerces locaux qui vendent des bons produits, respectent l’environnement, embauchent des gens d’ici et leur offre des bonnes conditions de travail est super bon pour l’économie et pour créer un esprit de solidarité dans une communauté.

Cependant, quand j’entends dire que Paul Desmarais a été le premier à découvrir le potentiel économique de la Chine, j’ai un problème. Même avec les meilleures intentions au monde, il a exploité une main-d’œuvre à bon marché pour offrir des produits à prix réduit chez nous et ailleurs dans le monde, ce qui vient pratiquement tuer nos commerces locaux qui ne peuvent faire concurrence.

Deuxièmement, quand je vois le nom «Desmarais» sur un édifice de l’Université d’Ottawa, je n’éprouve aucune fierté. Au contraire, ça me fait peur! À mon avis, cela démontre que l’université place les intérêts de grandes entreprises privées avant ceux du public, et surtout ceux des étudiants. Si M. Desmarais voulait vraiment venir en aide aux étudiants, il aurait accepté de payer plus d’impôts pour que nos gouvernements puissent financer adéquatement l’éducation supérieure et la rende accessible à toutes et à tous, pas seulement ceux et celles dont les parents ont suffisamment d’argent ou qui répondent à des critères spécifiques leur permettant d’obtenir des bourses.

Je reconnais que Paul Desmarais est un pionnier, qu’il est un des premiers hommes d’affaires canadiens-français à faire fortune alors que le marché était contrôlé par une élite anglophone. Pour ça, il avait du «guts» et s’ il a pu inspirer d’autres jeunes francophones à se lancer en affaires, tant mieux. Cela étant dit, ce n’est pas aux dirigeants de grandes entreprises de déterminer ce qui est bon ou mauvais pour la population. Ils ont les moyens d’acheter une tonne de journaux (comme M. Desmarais a acheté Le Droit, La Presse et plusieurs autres journaux au Québec) pour imposer leurs idées au peuple, mais leurs opinions ne sont pas plus importantes ou valables que n’importe quel autre citoyen/ne. C’est pour cette raison qu’on a des élections et qu’on choisit nos représentant/e/s. Et si ces personnes sont incapables de défendre nos intérêts, si elles plient l’échine devant des gens comme Paul Desmarais, je pense qu’on devrait tout simplement les «sacrer dehors»!

600 000 raisons de se poser des questions

Ça fait depuis le début des temps (oui, vraiment) qu’on s’obstine à savoir combien il y a de francophones en Ontario. Dans nos cours d’histoire au secondaire, on a entendu tous les chiffres possibles entre 375 000 et 650 000 tout en sachant très bien qu’il y’avait une différence entre un Franco-Ontarien et un Ontarien francophone . Voilà que le malaise s’installe. Ça fait plus d’un an que ce texte est dans notre collimateur. Maintenant que d’autres commencent à s’intéresser à la question, on a jugé qu’il était temps de le publier et d’ouvrir la discussion. Let’s talk. 


Est-ce qu’il y a vraiment 600 000 Franco-Ontariens? 600 000 francophones en Ontario? 600 000 locuteurs de la langue française sur le territoire de la province de l’Ontario? Do 600 000 people actually give a fuck about the French language in Ontario?

Est-ce qu’on ne serait pas mieux de se dire 300 000 et se concentrer sur ceux-là? Est-ce qu’on devrait arrêter de dépenser notre énergie, nos resources et nos subventions gouvernementales sur les ayant-droits sans espoir, sur les anglophones opportunistes, et sur les franglo-Ontariens apathiques?

Est-ce qu’on ne serait pas mieux de se dire 150 000 et se concentrer que sur les gens qui ne vivent qu’en français, qui intériorisent leurs réalités en français, et qui n’ont rien à redouter de l’assimilation?

Est-ce qu’on est capable de trouver 75 000 Ontariens francophones avec la même réalité?


Est-ce que le bilinguisme officiel fonctionne? Est-ce qu’on force les anglophones à apprendre le français? Did you go to french school? Do you still speak french?

Est-ce que je vous frustre? Est-ce que j’ai le droit de poser ces questions là? Est-ce que je suis un franco-traître? Est-ce qu’on se souvient?

Est-ce que la Patente est dans la salle?


Est-ce qu’on devrait être plus honnêtes dans nos revendications? Est-ce qu’on devrait dire aux anglophones qu’on est capables de parler anglais, pour pouvoir leur faire comprendre qu’on veut plutôt parler français, au lieu de leur donner l’impression qu’on se plaint pour rien? Est-ce qu’on devrait leur dire qu’on n’a pas nécessairement les réponses? Est-ce qu’on devrait essayer de leur expliquer pourquoi l’assimilation nous fait peur, au lieu de s’entêter à poursuivre un dialogue de sourds? Est-ce que c’est en se battant contre des contraventions ou en poursuivant Air Canada ou en invoquant nos droits constitutionnels qu’on va réussir à se partir une vraie conversation? Entre qui devrait avoir lieu cette conversation?

Est-ce que c’est légal de vendre des faux drapeaux franco-ontariens? Est-ce qu’il y a une limite à la grosseur du drapeau? Do we deserve a flag? Do we need a flag?

Est-ce qu’on devrait s’allier aux Autochtones, aux Tamouls, aux Ukrainiens pour la reconnaissance d’une certaine diversité canadienne? Est-ce qu’on devrait se battre pour notre spécificité? Quelle spécificité? Est-ce qu’on devrait continuer nos combats identitaires internes, futiles et déjà perdus?  Est-ce qu’on devrait essayer de parler aux Québécois, en espérant qu’ils nous écoutent pour une fois?

Pourquoi, 30 ans plus tard, nos cadavres sont-ils encores chauds? Est-ce que les canards sont encore morts?

Est-ce qu’on est vraiment un peuple fondateur? Est-ce que Trudeau avait raison? Est-ce que Durham a réussi? Est-ce qu’on a un pays?

Est-ce qu’on est bien, dans le fond? Est-ce qu’on revendique pour rien? Can we prove an angryphone wrong?


Est-ce qu’on choisit mal nos luttes? Est-ce qu’on a une lutte? Est-ce qu’on s’est fait lutter?

Est-ce qu’on devrait tous déménager dans la même région? Est-ce qu’on devrait multiplier les contacts et les rencontres? Est-ce qu’on devrait se battre pour une autoroute entre Lafontaine et North Bay? Un TGV entre Ottawa, Toronto, et  Sudbury? Est-ce qu’on est capables de réunir assez de gens pour effectuer des vrais changements? Est-ce qu’on est capables, en tant que communauté, de prendre à cœur des causes qui ne touchent pas que la langue? Est-ce qu’on devrait?

Est-ce qu’on fête la Saint-Jean-Baptiste? Est-ce qu’on fête la fête du Canada? Est-ce qu’on fête le 4 juillet?


Quand on dit «nous», de qui on parle? Quand ils disent « they », de qui ils parlent? Quand on dit « we », est-ce que c’est « on »?

Est-ce que le verre est à moitié vide? À moitié plein? Est-ce qu’on a assez d’eau? Est-ce que le verre est trop grand?

Est-ce que j’écris pour rien? Est-ce que vous allez tout simplement vous dire «ah ok» et fermer cette page sans laisser de commentaires? Est-ce que vous savez qui a gagné la game hier soir?

Est-ce qu’il y aura encore des gens pour poser ces questions dans 30 ans?

 

 

Je l’sais pas.

L’éléphant dans l’école

C’est l’éléphant dans la salle. Il est impossible à ignorer. On chuchote souvent dans son dos. Pas vraiment par peur. Car parfois, il est vrai, on en parle de vive voix. Toutefois, c’est généralement sans grande conviction, avec une certaine lassitude. Il fait partie du paysage. Il semble immuable. On s’y est habitué. On a nommé, bien sûr, la division du système scolaire ontarien en une branche publique et une branche catholique.

Voilà des années qu’un débat sur le sujet mijote en Ontario français… mais à feu bas. TFO vient tout juste de soulever le couvercle en espérant, on suppose, provoquer une discussion. taGueule salue l’initiative, et veut bien aider à brasser ce breuvage suspect. S’il y a un sujet sur lequel il est nécessaire, pour les Franco-Ontariens, d’avoir un débat de société dans le sens le plus civil du terme, c’est celui-ci. Les positions sont déjà polarisées. C’est un thème qui touche au personnel. On l’avoue – oui, nous – qu’un coup de gueule, ici, pourrait faire plus de tort que de mal. Reste à voir s’il y a moyen d’avancer ensemble, de rompre l’immobilisme qui sévit depuis des décennies. Visionner cette vidéo serait un bon départ.

Pour un système scolaire sans ségrégation religieuse

En septembre 2011, je publiais ce billet sur mon blogue alors que l’Ontario était à la veille d’élire un gouvernement minoritaire libéral. Ce gouvernement vient de livrer son premier budget, lequel touche certains intérêts des Franco-Ontariens. Puisque le budget Duncan mènera à des fusions géographiques de conseils scolaires, ma réflexion sur les politiques scolaires de la province prend une pertinence nouvelle.


Pour une rentrée scolaire sans ségrégation religieuse

Si vous avez des enfants, inutile de vous rappeler que la rentrée scolaire est arrivée. Vous avez déjà englouti des sommes folles pour les fournitures scolaires et les vêtements de vos petits anges. Vous avez probablement rencontré plusieurs enseignants et réglé les nombreux détails de l’inscription.

Une tracasserie supplémentaire se présente si vous habitez l’Ontario. Votre progéniture fréquentera-t-elle une école du réseau 1) francophone publique, 2) francophone catholique, 3) anglophone publique ou 4) anglophone catholique?

Ne riez pas. Les contribuables ontariens financent bel et bien quatre systèmes scolaires distincts. Vous pouvez l’imaginer, ce morcellement pose de sérieux problèmes de gestion. Les chevauchements de ces multiples réseaux coûteraient près de 500 million de dollars par année.

Cela provoque des situations absurdes. Lorsque le nombre d’enfants décline dans une petite communauté, cela cause souvent une sous-occupation à la fois dans l’école publique et dans l’école catholique. Au lieu de regrouper tous les élèves dans une seule école commune, les conseils scolaires se voient alors forcés de fermer toutes les écoles locales. Ce sont les enfants qui en subissent les conséquences. Ils sont séparés de leurs amis de quartier et se voient imposer de longs trajets quotidiens en autobus.

Une atteinte à l’égalité et à la liberté de conscience

Je ne plaiderai pas pour un système unique. L’éducation de langue française est essentielle pour la survie de la minorité francophone. C’est un élément central du pacte fondateur canadien et le résultat de la longue lutte historique des Franco-Ontariens. En revanche, la ségrégation religieuse n’est pas indispensable. Il y a d’autres endroits que l’école pour apprendre les dix commandements. La grande majorité des parents dans la grande majorité des pays occidentaux transmettent leur foi en privé.

En fait, il y a d’importants principes qui militent pour la déconfessionalisation des écoles ontariennes. Pourquoi financer les Catholiques mais exclure les Musulmans, les Juifs ou les Protestants? La pratique est foncièrement discriminatoire. Elle attaque aussi la liberté de conscience de sept millions de non-catholiques en les forçant à subventionner les enseignements du Vatican, tout en leur empêchant d’être embauché dans ce même réseau scolaire.

La Commission des droits de l’homme de l’ONU a dénoncé cette iniquité à deux reprises, en statuant que le système scolaire ontarien viole le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Nous nous retrouvons ainsi dans le même club que la Corée du Nord, le Soudan et la Chine.

Quand les évêques s’en mêlent

Ce qui aggrave les choses, c’est que les réseaux catholiques abusent fréquemment de leurs privilèges. Ils forcent leurs enseignants à se référer à la Bible et au Catéchisme dans les cours de chimie et de biologie et ils empêchent leurs pupilles de s’exprimer librement sur la question de l’avortement.

Le plus décevant, c’est peut-être l’insensibilité des écoles catholiques à l’égard de leurs élèves gais et lesbiens. On se rappellera que le Conseil de Durham s’est battu bec et ongle pour interdire à l’un de ses étudiants d’assister au bal de fin d’étude en compagnie de son amoureux. Plus récemment, le Conseil scolaire de Halton et l’école St. Joseph de Mississauga interdisaient aux élèves gais et lesbiens de former des groupes de support. Le Conseil de Dufferin-Peele a poussé le ridicule jusqu’à censurer les images d’arc-en-ciel, jugées «trop politiques».

Pis encore, le Toronto District Catholic Board vient d’adopter une résolution qui défie l’esprit de la directive d’équité et d’inclusion du Ministère de l’éducation en stipulant que «lorsqu’il y a un conflit apparent entre les droits confessionnels et d’autres droits, le conseil favorisera la protection des droits confessionnels». C’est ainsi que des dispositions adoptées en 1867 pour protéger une minorité sont perverties pour harceler une autre minorité.

Neutralité de l’État et intégration citoyenne

Je ne veux quand même pas pointer les Catholiques du doigt. Toutes les religions ont leurs caprices. C’est le principe même d’une école à la fois publique et religieuse qui est aberrant.

L’État ne peut sanctionner un crédo particulier. Il doit surplomber les innombrables visions rivales de la vie bonne. Pour que chacun puisse vivre selon ses convictions particulières, l’État ne peut promouvoir que les grands principes nécessaires au vivre-ensemble, à la démocratie et à la liberté.  L’éducation publique ne saurait servir à l’endoctrinement sectaire.

Le système actuel nuit aussi à l’intégration des nouveaux Canadiens. La province qui accueille le plus d’immigrants est aussi celle qui sépare ses enfants le plus gravement, en multipliant les ghettos scolaires. En quoi cette ségrégation religieuse contribue-t-elle à la formation d’une citoyenneté commune?  Insensée pour la majorité anglophone, cette mesure est suicidaire pour la minorité francophone. Les Franco-Ontariens ne peuvent se permettre de diluer leurs ressources et d’éparpiller leurs enfants.

L’immobilisme des partis politiques

La saine administration, les droits de la personne, le respect des minorités et l’intégration des immigrants sont autant de bonnes raisons de mettre fin à la ségrégation religieuse. Sondage après sondage, les Ontariens confirment leur appui à cette solution. Pourtant, la question reste taboue. À quelques jours de la campagne électorale provinciale, les chefs évitent le sujet comme la peste. Scrutez les plateformes politiques à la loupe: aucun n’y fait allusion.

L’article 93 de la Loi constitutionnelle de 1867 protège le réseau catholique, c’est bien vrai, mais rien n’empêche l’Ontario de procéder à un amendement bilatéral avec Ottawa. La procédure est légitime, simple, et a été utilisée par le Québec et par Terre-Neuve-et-Labrador. Non, les obstacles ne sont pas légaux, mais politiques. En Ontario, la question des écoles séparées a été explosive en 1985 et en 2007 et les trois grands partis favorisent maintenant le statu quo.

Le Parti Conservateur est l’allié traditionnel des groupes religieux et il ne peut heurter cette base électorale en défendant la laïcité. John Tory croyait avoir trouvé une solution équitable lors des dernières élections, en promettant de financer les écoles de toutes les religions. La proposition a provoqué un tollé qui a largement contribué à sa défaite électorale. Son successeur, Tim Hudak, a bien appris la leçon et évite scrupuleusement le sujet.

Depuis le règne de Mitchell Hepburn, les Libéraux bénéficient habituellement du vote catholique. Ils appuient donc le système actuel. L’administration McGuinty a élaboré une excellente politique d’équité et d’inclusion dans les écoles mais n’a pas osé l’imposer aux écoles récalcitrantes. Quand à Andrea Horwath, elle se montre tout aussi réticente, peut-être à cause de l’influence des syndicats d’enseignants catholiques au sein du NPD.

La ségrégation religieuse de nos enfants est onéreuse, rétrograde et inéquitable. Il est grand temps de déconfessionaliser les écoles anglophones et francophones de l’Ontario. Les politiciens tenteront à tout prix d’éviter le sujet. À nous de les interpeller pendant cette campagne électorale.


Photo : Les élèves de la classe de sixième année à l’École Duhamel (Ottawa) vers 1940.

A letter to my franglo-ontarian friends

To my English-speaking French friends,

Your names are Paquette, Lafleur, Lalonde, Belanger, Tremblay, Gauthier, Veilleux, Lemieux, Giroux. It might be hard to pronounce, or you might just pronounce it in English. Some of you may have two francophone parents, some of you only one, and some of you have never heard your parents utter a single word of French, despite their names being something like Jean-Pierre or Jacqueline.

You may have graduated from a French high school, you may have switched over to immersion, or you may have gone to an English school. Hell, you may even have a French college degree.

You may or may not know me, but you certainly know someone like me, probably with an accent aigu in their names, who actually spoke French in high school, brought French movies to watch in primary school, and likely tried to recruit you to go to some activity/concert/whatever in French, very often at the risk of social ridicule.

Some of you may have cousins like me, whom you make an extra effort to speak French to at Christmas. You may have had a childhood friend like me, who learned English from watching Power Rangers with you. You may even have dated people like me, only to feel awkward when meeting your in-laws and being forced to admit you can’t speak French very well.

I’m writing to you today as a well adjusted young man, an active member of the francophone community in Ontario. Since finishing high school, I’ve been involved with a variety of francophone organisations in the Sudbury area, and I’ve been trying, through various means, to find a way to make speaking French more normal for francophones in Ontario.

I spent 3 and a half years studying in Montreal, where – despite what alarmist politicians and die-hard hockey fans would have you believe – bilingualism is a normal, accepted, (controversial, still) every-day thing. I returned to Northern Ontario about two months ago, and got right back into my francophone involvement. I participated in the launch of this site, and my job as a college recruiter allowed me to travel throughout the North, speaking with francophone students about pursuing their education in French.

I say all of this because I want to ask you a question.

It’s a question that has been bothering me since I was little, since I understood that speaking French in the schoolyard was not the best way to make friends. I’ve wanted to ask you this question every time I hear things like “I’m French but I hate speaking it” or “French music sucks”. I’ve wanted to ask you even more since I found out that some anglophones in Montreal have more respect for the French language than many “francophones” from my hometown.

My question is this: do you even care? Do you even want to keep speaking French? Do you want people to fight for the right to have francophone nurses and doctors? Do you want people to keep taking significant financial risks by bringing  francophone artists over here? Do you want us to complain about the signage in a Caisse Populaire being in English?

Of course, faced with these kinds of questions, many of you will say that you understand the importance of the French language, that you wish you spoke it more, and that you will send your children to French school, so they won’t lose the French and so they can speak to their grandparents. 

So what’s the problem?

I want to know if you care that French schools are filled with kids who don’t really care about French. I want to know if you actually watch French TV, or press 2 for French service. I want to know if, when you go to Montreal for Spring Break or Osheaga or UFC, you speak French to your servers at the restaurant. Quite honestly, I didn’t always use French during my years in Montreal, nor do I today in Sudbury. But I do speak it regularly, in multiple contexts, and most importantly, I can appreciate the influence bilingualism has had on my identity.

I want to know if it is worth it for me and my like-minded friends to keep defending the place of French in this province, and in this country. I want to know if you’re behind us, or if you simply don’t care and are happy to get by in English without having to use French. An honest answer would, at the very least, be a weight off my back.

As francophone Ontarians, we have a double burden. Not only do we have to justify our use of the French language to our Ontarian landlords, but we have to justify our outlying presence to our Quebecker cousins, who quite often can’t take us seriously, despite being genuinely surprised and happy when they actually do meet someone from Ontario who speaks decent French. We are straddling Canada’s traditional two solitudes, and if anyone can help anglophones and francophones understand each other, it is us.

Let me be clear: I’m not blaming anyone. French is hard as fuck to learn when you have no reason to do so. Even the upper echelons of francophone decision-makers are at a loss for meaning, for purpose, and for solutions to our accelerating assimilation rates. I just want to know what you, my English-speaking Franco-Ontarian friends, think of this mess of an officially bilingual country we ended up in. I want to know if it’s still worth fighting for.


Image : Tongue by Alvaro Tapia