Comprendre le Canada? C’est pas la peine.

On pense que ça ne nous touche pas de très près et pourtant. Le gouvernement Harper a annoncé récemment la suppression du programme «Comprendre le Canada – Études canadiennes», qui relève du Conseil international d’études canadiennes (CIEC). Cet organisme sans but lucratif vieux de 30 ans ayant des membres dans 39 pays rend ses comptes au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international. Des milliers de chercheurs membres du CIEC publient annuellement des centaines d’articles sur la société canadienne, en plus d’organiser des séminaires et colloques. La disparition de ce programme met le CIEC en péril.

Ça nous concerne comment, gens du Nord de l’Ontario, de l’Acadie ou d’ailleurs? Voyez ci-dessous. C’est la réaction désolée de la professeure Claudine Moïse, une chercheure en sociolinguistique qui a séjourné plusieurs fois au Canada (à Sudbury entre autres), et dont les recherches ont porté, par exemple, sur la construction de l’identité franco-ontarienne dans les discours. En somme, c’est une bête rare: une sympathisante des minorités francophones du Canada qui habite à Montpellier (France) et qui enseigne à Grenoble (France), autrement dit, une alliée à l’étranger comme il nous en faudrait bien plus. Or, avec la fin de ce programme, il y en aura désormais bien moins.


Sudbury, le CIEC et une histoire française… Fin du film.

Tout mon travail de recherche a commencé avec le Canada, et plus précisément avec Sudbury, un terrain que je suis allée explorer et qui m’a fait basculer; c’était en 1990, plus de vingt ans déjà. J’étais partie pour faire mon doctorat et la minorité franco-ontarienne s’est livrée. L’existence minoritaire, inconnue de ma vie de France, m’a transformée dans mes habitudes homogènes. C’est alors que j’ai glissé – quand d’aucuns penseront «riper» ou «déraper» -. Dans un temps lent, qui était le mien et celui de l’enquête, j’ai arpenté pendant six mois la ville d’hiver et de printemps de Sudbury pour faire de l’ethnographie sans le savoir: j’ai marché, regardé, noté, enregistré, rêvé, interprété. Sudbury m’a adoptée. J’étais partie avec une bourse du Conseil international d’études canadiennes, ou, pour le dire autrement, avec des fonds du gouvernement canadien.

J’ai donc fait mon doctorat, j’ai croqué puis dessiné mon sujet au fil des jours; j’ai essayé de rendre les paroles offertes en traçant les mises en discours de soi quand on est minoritaire. Comme les «hasards de la vie» sont les jeux de dés de nos détours intérieurs, ma vie résonnait et résonne encore du nord de l’Ontario. Ainsi, mon travail m’a portée à dépasser les simples enjeux académiques. Cette première partance intellectuelle a ébauché le canevas de mes premiers questionnements, que je n’ai pas lâchés depuis. Ils se sont imposés à moi à Sudbury, ville du nord de l’Ontario et ne m’ont pas quittée. Il se sont affirmés et affinés dans leur appréhension et leur résolution, les années passant. J’ai soutenu mon doctorat après du temps passé à Toronto auprès de collègues du Centre de Recherches en Éducation franco-ontarienne. Monica Heller et Normand Labrie notamment m’ont donné à comprendre les complexités langagières du Canada, ils m’ont offert tous les outils théoriques d’analyse pour parfaire mon chemin. J’ai passé cette année à Toronto grâce à des fonds du CIEC.

En 1999 je rendais à l’ambassade du Canada un rapport de 60 pages sur l’aménagement linguistique au Canada, j’avais obtenu une bourse du CIEC pour un complément de spécialisation. Je proposais pendant plusieurs années un séminaire à l’université d’Avignon où j’étais titulaire. Ce texte qui tentait de détricoter la complexité en ce domaine se voulait explicatif et pédagogique; il était l’aboutissement d’une année de réflexion et de séjours à Ottawa, notamment au sein du ministère Patrimoine canadien. Et le Canada et Sudbury se sont implantés dans cette université, il y a eu les cours et les séminaires, il y a eu pendant des années des ateliers d’écriture que nous organisions avec ma collègue et amie Hilligje Vant’ Land . Les étudiants ont plongé dans les variations outre Atlantique, ont lâché leur appréhension en écriture pour aller vers une écriture libérée avec Marguerite Andersen, André Carpentier, Robert Dickson, Jacques Godbout, Gérald Leblanc, Robert Marinier, Sylvie Massicotte ou Yvon Rivard. Ces ateliers étaient en partie financés par les Études canadiennes.

Après ma soutenance de thèse en 1995, j’ai continué à travailler sur le nord de l’Ontario. J’en avais besoin, intérieurement et intellectuellement. Et j’ai pris part sans hésiter un seul instant, et jusqu’à récemment encore, aux projets de recherche proposés par Monica Heller, qui ont toujours cherché à comprendre le changement des minorités linguistiques et culturelles au Canada face à la mondialisaiton. C’est avec elle, autour des projets, entre tâtonnements, échanges, travail en équipe, retours théoriques que s’est ébauchée mon évolution.

Dans une belle tradition ethnographique, nous sommes allés sur le terrain et avons débroussaillé notre champ, avons observé et interviewé. L’équipe a ramené pendant toutes ces années d’innombrables entrevues, davantage fragments d’enquête et éléments de nos regards croisés sur les changements en cours que traces analysées dans leur intégralité; je me consacrais au Nord, de Sudbury à Hearst, et, avec un collègue, Marcel Grimard, partais pour trois semaines d’été indien de 1998 sur les routes avec une question en tête, «c’est quoi être francophone dans le nord de l’Ontario ?». Comment, à l’heure de la mondialisation, se redéfinissent les appartenances, comment les détenteurs de pouvoir, les faiseurs d’action et d’idéologie vivent les changements identitaires, les restructurations étatiques et économiques, les enjeux linguistiques? Comment se construisent les discours en marge des discours hégémoniques? Nous avons mené une quarantaine d’entretiens, avec des agents des ministères, enseignants, entrepreneurs, artistes mais aussi d’anciens mineurs et des employés.

Nous avons roulé et vécu. Ce temps d’automne a été une façon de reprendre contact avec le nord de l’Ontario dans une période de mutation et de mondialisation. En résonance avec mon doctorat, j’ai perçu dans leur nouveauté les changements en cours. Rien n’aurait sans doute été pareil sans l’expérience antérieure, sans l’effet de palimpseste du terrain défriché quelques années auparavant, sans les signes qui surgissent au détour des évocations et des paysages en archipel. Le travail d’analyse s’imprègne des charnières et des sutures, des fracas et des naufrages, des déambulations et des rêveries d’une telle enquête, hors aussi de nos réflexions en chambre. J’ai pris beaucoup de notes.

Lors d’un second volet de ce projet, je gardais le nord de l’Ontario comme terrain, j’aurais pu choisir de percer davantage le monde artistique autour de festivals ou de scènes théâtrales; je décidai de me centrer sur le milieu touristique, alors en plein bouleversement et renouveau économique dans une perspective mondialisante. Et je repartis dans le Nord, accompagnée un temps par une collègue, Maïa Mayrymowich; c’était en juillet 2003, temps propice aux vacances et au vagabondage; je vécus les décors solitaires d’un tourisme en balbutiement. J’avais minutieusement préparé mes étapes et avais pris des contacts avec les faiseurs de promenades et d’aventures dans tout le Nord. Destination Nord, organisme chargé du développement du tourisme a été mon pôle ressource. J’ai rencontré les principaux acteurs à Kapuskassing, et j’ai alors mieux compris les enjeux, les limites et les missions à venir du développement touristique, objet de bien des espoirs d’une minorité mondialisée.

Tous ces différents projets et d’autres encore m’ont constituée, il y a toujours eu une participation des Études canadiennes; alors qu’aujourd’hui je suis Professeure des Universités à l’Université de Grenoble 3, je n’ai jamais arrêté avec le Canada, le Nord de l’Ontario puis plus récemment avec Moncton et l’Acadie. Toutes ces années passées à approfondir la connaissance des minorités francophones, toutes ces années à développer des cours, des activités dans l’université française, tous les étudiants qui sont partis eux-mêmes en stage, pour des recherches, pour des mémoires, tous les collègues français que j’ai sensibilisés sur des projets, tous ces échanges ont été possibles grâce à la volonté du gouvernement canadien via le CIEC. Les bourses octroyées ont permis de faire connaître les questions propres au Canada, de publier, de développer de l’humanité et des liens indéfectibles d’un bord à l’autre de l’océan mais aussi et tout simplement de favoriser des échanges et des investissements économiques qui ont dépassé les quelques sommes octroyées à ma petite personne.

Aujourd’hui le gouvernement canadien a décidé de tout simplement fermer les bureaux à Ottawa du CIEC. Il croit sans doute faire des économies pour «rationaliser les dépenses» et juguler le déficit. Sans parler des bénéfices humains et du rayonnement international, ce calcul à courte vue oublie qu’un dollar investi auprès d’un-e canadianiste passionné-e s’est démultiplié sans compter pour aller dans les caisses de ce même gouvernement. D’une façon ou d’une autre, cette décision est désolante d’inconscience et de bêtise.

L’école française: une bonne école d’immersion

Je suis élève d’une école secondaire catholique du centre-sud de l’Ontario.

Ceci est mon appel à l’aide.

Au moment d’écrire cet article, je me vois entouré d’élèves et de personnels d’écoles qui semblent vouloir traverser la ligne entre une école de langue française et une école d’immersion. Dresser une ligne claire semble être notre plus grand défi aujourd’hui.

Voici, puisque pour plusieurs (moi inclus jusqu’à récemment), la différence entre une école de langue française et une école d’immersion est floue. Une école d’immersion a pour objectif de transmettre le français comme mode de communication verbale et écrite. Et, soyons honnêtes, la plupart accomplissent à merveille leur mandat. De ces écoles, plusieurs élèves en ressortent épatés par une nouvelle langue qui leur est donnée. Malheureusement, ce n’est pas le cas dans les écoles dites «de langue française»!

La problématique est la suivante: des huit écoles secondaires de mon conseil scolaire, il y en a une seule qui peut se dire forte culturellement. J’envie les élèves qui y étudient. Une sur huit? 12,5%? Pitoyable. Il se peut bien que celle-là soit la seule à pouvoir mériter le titre d’école de langue française.

Revenons aux définitions. Une école de langue française a pour mandat de transmettre la culture francophone, en particulier au secondaire, puisqu’arrivé là, le français devrait être une méthode de communication maîtrisée par les élèves. Nous savons bien que ce n’est pas le cas, du moins pas dans le centre-sud, mais on crée certainement une belle image. L’enseignant dans une école d’immersion donne 100% de son temps payé à transmettre le savoir (donc le matériel du curriculum) aux élèves. L’enseignant d’une école de langue française est sensé donner 50% de son temps afin de remettre aux élèves le même savoir. L’autre 50% est la fameuse ligne, celle qui différencie les francophones des anglophones qui ont eu la chance d’apprendre la langue de Molière: c’est la transmission de la culture.

Et elle ne s’effectue pas.

Quand les membres du personnel, enseignant et non, parlent entre eux dans une autre langue que le français, et pire, qu’ils parlent aux élèves de la même façon, comment est-ce qu’une école peut oser s’appeler une école de langue française? Les élèves s’en foutent, les enseignants s’en foutent, la direction s’en fout, tout le monde s’en fout!

Cependant, cela n’est pas pour dire que personne n’ose contrer le système plutôt que de le respecter. Il y a en effet certains enseignants qui constatent cette réalité et la jugent inacceptable. Il y a des étudiants, comme moi-même, qui font face à cette adversité et se relèvent à chaque fois que quelqu’un nous demande «Why are you speaking French at school?», mais nous sommes dans la minorité. En effet, en 2009, seulement 31% des élèves du secondaire de mon conseil ont rapporté qu’ils parlaient souvent en français à l’école. Nous avons complètement perdu notre sens d’appartenance à l’école. Différents des autres uniquement par la langue dans laquelle nous choisissons de nous exprimer, nous sommes maintenant des rejets sociaux. Il nous arrive souvent de penser à changer d’école, afin de finalement trouver un espace francophone sécuritaire, où nous ne recevrons plus de menaces, plus de «Go back to Québec!» Mais on comprend que notre avenir consistera en une bataille pour une école de laquelle je graduerai l’an prochain, pour une école qui s’en fout, pour une école qui ne cesse de nous pousser à terre.

Mais on se lève, et on se lèvera encore et encore, afin de ne jamais laisser notre chère culture tomber. Mais nous avons besoin d’aide. Le sud est trop souvent négligé par la FESFO, qui se dit la voix des jeunes Franco-Ontariens. Une ruée vers la francophonie se réalisera bientôt: il s’agit simplement de montrer aux élèves et aux enseignants à quel point la culture tombe dans une catégorie marquée «indispensable».

Je ne prétends pas être parfait. Je parle en anglais à l’école, et même si je le fais moins qu’en français, oui, je le fais. Mais je l’accepte. D’autres, non. Je ne serai jamais parfait, ni moi, ni mes compatriotes. Dans ce milieu, ce serait littéralement impossible. Et l’impossible, on ne l’atteindra jamais, mais il nous sert de lanterne.

Dérape de la Francophonie

En cette Journée de la Francophonie, je partage avec vous un vidéo qui est dans la même veine que C’est un amour, sauf que celui-ci vient de l’Ontario et les saxs kitch des années ’80 ont été remplacés par des «Yo! Yo! On est francos!», des «Francoquoi?» et des «C’est cooool».

On peut-tu s’il vous plaît arrêter de pervertir la Francophonie avec des quétaineries aussi insipides? On a d’l’air désespéré!

Oui, le contenu est pertinent, mais si le médium est le message, on est notre propre source d’assimilation.

Ça me rappelle un peu (mais un peu!) ceci.

Laurentie: un WTF cinématographique

Il y a une couple de semaines, je suis allé voir L’acadie! L’acadie!?! à la cinémarobothèque de l’Office National du Film à Montréal avec ma blonde. Elle ne l’avait jamais vu et il fallait, évidemment, que je lui montre ce classique.  En passant par là, j’ai pris un programme pour les Rendez-vous du cinéma québécois qui était en full swing à ce moment-là. C’est en regardant le programme que je me suis dit qu’il semblait y avoir des ben bons films. Et qui l’eut cru, il y avait un film franco-ontarien.

C’est la description du film qui m’avait convaincu. En gros, Laurentie, c’est un film qui met en scène toute l’angoisse et le malaise d’un francophone cherchant à se retrouver des repères alors qu’il est confronté à une proximité menaçante de l’autre : son voisin anglophone.

Fait que, n’ayant pas vraiment le budget ou le temps de voir plus d’un film aux RVCQ cette année, je me suis dit Fuck it, forget le film franco-ontarien, je vais aller voir Laurentie à la place. D’ailleurs, je l’avais déjà vu, La Sacrée, pis ça avait plus le goût d’une Molson réchauffée qu’une bonne bière artisanale. Je sais, je sais, c’est un premier long métrage de fiction franco-ontarien, c’est important. Well, Aurore, l’enfant martyre aussi, c’était important.

Bon, back to Laurentie. Le titre de ce film québécois est une référence à ce pays lyrique imaginé par toute une génération d’intellectuels nationalistes de droite ultramontaine. Vous savez, la clique brébeufienne et certains profs de l’Université vaticane de Montréal. Oh oui, Pierre Trudeau y adhérait, je crois que vous le connaissez. En tout cas, le but de cette bourgeoisie nationaliste : la fondation d’une république catholique française fondée sur le modèle des états franquiste, en Espagne, et fasciste, en Italie.

Les réalisateurs, Mathieu Denis et Simon Lavoie, ont choisi le titre ironiquement. Le film ne se passe pas à cette époque-là; il se déroule plutôt dans le Montréal de nos jours. Louis Després, 28 ans (incarné par Emmanuel Schwartz), y va pas très bien. Non, en fait, il va assez mal. Il est perdu. Il est un être totalement asocial et il s’apprête à perdre le nord. Il emménage dans un nouvel appartement. Son voisin est un anglophone.

Pour l’anglophone la vie est belle. Il est étudiant, il est content, populaire, bref il est tout le contraire de Louis, qui l’observe discrètement, avec une fascination perverse. Louis ne parle à personne. Il ne s’intéresse pas à la banalité de la vie que se racontent ses collègues.

Certains plans-séquences durent de cinq à dix minutes. Le temps s’étire, le vide de la vie se fait sentir. Louis va boire dans un bar avec ses amis. Il se bat avec des Anglais. Louis boit de la bière avec ses chums. En silence. Louis se paye une danse contact dans un bar de danseuses. Louis se branle au travail. Louis baise sa blonde sans romantisme et à vrai dire, sans érotisme. Louis se branle dans la salle de bain de son voisin durant un party. Sans jamais jouir. Ce film est fabriqué à partir de scènes comme ça, étirées au maximum. Une scène montre même un vieux à marchette qui se dirige lentement vers la sortie de l’église. En temps réel. La seule scène où Louis semble heureux est un retour en campagne, dans un semblant de Laurentie, mais la réalité le reprendra et le ramènera de force à Montréal. Dans certaines scènes, des extraits de textes sont projetés sur l’image, citant des poèmes de Saint-Denys Garneau, Anne Hébert, Gaston Miron, Hubert Aquin qui contrastent par leur espoir d’un pays, le désespoir des images.

La force du film est  sa construction cinématographique particulière et le culot de nous montrer des scènes crues en temps réel, ce qui se voit rarement de nos jours au cinéma. Et il faut avouer que c’est un risque qui a valu la peine.

Pour ce qui est du message politique, à part critiquer le marasme du mouvement nationaliste au Québec et le manque d’identité claire et précise au Québec, il est difficile de savoir exactement ce que les réalisateurs voulaient dire.  Après la projection de branlages sur l’écran, j’ai assisté à une séance de masturbation intellectuelle au Bistro SAQ où les réalisateurs se défendent contre un panel qui ne se reconnaît pas dans leur film. « Je n’ai aucun malaise face à mes voisins anglophones » ou « Je suis capable de vivre mes deux identités sans problème », entend-on. Je crois qu’ils sont tombés à côté de la plaque. J’avais l’impression que le panel avait pris le film pour une apologie d’Hérouxville plutôt qu’un portrait de la situation qui lui donne voix. Et le besoin de régler la question, justement pour pas que l’on repasse par Hérouxville sur le chemin de l’affirmation identitaire. Mais certaines interventions des réalisateurs m’ont laissé perplexe. Je n’avais peut-être pas bien compris; c’était peut-être moi qui étais tombé à côté de la plaque. En tout cas, le film provoque la discussion, c’est déjà ça. Et explorer la complexité de cette question au Québec est aussi essentiel à la résolution de la question identitaire chez nous, en Franco-Ontarie.

Outre la question politique, le film demeure intéressant. Je ne sais toujours pas si je l’ai « aimé ». Ce n’est peut-être pas le genre de film que l’on aime ou que l’on déteste. Néanmoins, il participe et contribue à la richesse du cinéma québécois et propose autre chose d’un point de vue esthétique. Principalement pour cette raison, il mérite d’être vu.

Sorry, I Don’t Speak French: Anti-bilingualism Protest in Cornwall Demands “Equality For All”

Welcome to the first installment of Sorry I don’t speak French, taGueule’s way of opening dialogue between what are too often known as “two solitudes”  here in Canada. We will occasionally publish articles in English (or translate some of our hottest French articles) in order to seek out opinions from the anglophone community.


“Equality For All” ?

As you may have heard, bilingualism has been the target of the media in the last few months. Whether it was the Fraser institute’s report saying that bilingualism costs 2.4 billion dollars annually to maintain in Canada, the appointment of a unilingual justice to the Supreme Court, the appointment of a unilingual auditor general by Stephen Harper’s Conservatives, the Official Languages Act is taking a beating in comments sections in Sun Media sources across the country. More recently in Cornwall, protesters have taken action against what they claim are “unfair hiring policies” at Cornwall Community Hospital.

According to protestors, the hospital’s administration is only hiring bilingual nurses and letting go staff who are not because of its designation under the Ontario French-Language Services Act (also known as La loi sur les services en français or Loi 8). South Stormont’s city council (who relies on the Cornwall hospital) also decided to withold its annual $30 000 donation to the hospital for the same reason.

So What’s The Problem Here?

The protestors and the city of Stormont are missing the point. In a city like Cornwall, where 30% of the population is francophone, isn’t the additional skill of speaking French a desireable quality for a candidate applying to a nursing position? Consider the following. A middle-aged woman is rushed to the hospital yelling: “J’ai mal au cœur, j’ai mal au coeur!” A non-fully-bilingual nurse could misinterpret the woman saying “j’ai mal au cœur” as saying she has chest pain. While this is indeed a literal translation, French-speakers know that having “mal au cœur” actually means having abdominal pains. As it turns out, the woman’s appendix bursts and she requires immediate surgery. Do we really want a disproportionate number of unilingual nurses working at this hospital? Don’t agree? Why not listen to this CBC radio interview with the Mayor of South Stormont and the chair of the Cornwall Community Hospital and decide for yourself?

What’s the deal with the hypocrisy of the protestors? Slogans like “Equality for All” or “Fairness in Full-Time Positions. Education + Experience before Language” can be read on their signs. Surely, learning French isn’t added education or anything like that. If a unilingual francophone applied for the same position, he or she obviously wouldn’t be hired in a hospital where about 70% of the patients only speak English, that would be absurd! Where does the bigot at 1:30 in this video get off with his claims that a unilingual Canada would save billions of dollars? When did the francophones from Cornwall say they wanted a separate country? Isn’t the fact that the FLSA exists a testament to the fact that francophones are proud Canadians and wish to remain so? Isn’t the fact that they want to be served in their language in their homeland demonstrating their love for their country? Buddy, we live here too!

What’s up English Canada? I know people like this are the minority, but where did they come from? I’m not blaming you, but I’m curious. More importantly, what Canada did they grow up in? It sure as hell isn’t the same one I did.

[hr]

March 8th 2012, 11:32 pm edit: For anyone wondering whether or not the bilingualism policy means that all jobs be bilingual at the hospital, here is an official statement from the hospital stating otherwise.

Photo: Des manifestants dénoncent la nouvelle politique d’embauche de l’Hôpital de Cornwall, Radio-Canada

Cornwall: le docteur est malade

Début février, le bon Dr Dany Tombler s’offusque de la publication d’une publicité qui vise à recruter des infirmières à l’Hôpital communautaire de Cornwall. La raison? La politique d’embauche d’infirmières bilingues dont l’hôpital s’est doté pour respecter ses obligations en vertu de la Loi sur les services en français de l’Ontario.

Le bon Dr Tombler invite les bons Cornwalliens (Cornwailleux? Cornwallois?) à cesser de contribuer à la campagne de financement du méchant hôpital.

Apparemment, pour le Dr Tombler, les besoins des patients francophones de la région sont secondaires. Que voulez-vous? C’est en anglais qu’il a fait son serment d’Hippocrate.

Le canton voisin, South Stormont (SS), s’empresse de suspendre son financement annuel de 30 000 $, qui doit être versé jusqu’en 2015 pour contribuer au projet d’immobilisation de l’établissement. La mairesse suppléante Tammy Hart déclare même qu’« en ces temps d’austérité, l’abolition du ministère ontarien des Affaires francophones » devrait être envisagée.

Bon. Je n’habite pas à SS. Je n’y habiterai d’ailleurs jamais. Mais cette guéguerre doit préoccuper tous les Franco-Ontariens. On parle de sacrifier le ministère des Affaires de la minorité sur l’autel de l’économie. La communauté franco-ontarienne n’en a rien à gagner, à part peut-être la disparition de Madeleine Meilleur.

La main invisible de l’opinion publique

On parle souvent de la main invisible de l’économie, un concept à la limite du ridicule selon lequel le marché est régulé par une sorte de main fantôme. Et de nombreux économistes, pourtant peu versés dans la parapsychologie, y croient dur comme fer.

Alors permettez-moi d’inventer la main invisible de l’opinion publique franco-ontarienne. Cette main pointe actuellement vers l’hôtel de ville de SS et son majeur est bien haut dressé.

Contre-attaque

Peut-on raisonner les élus de South Stormont en utilisant des arguments constitutionnels? Peut-être, mais il apparaît plus sage d’utiliser la même arme économique qu’ils invoquent.

Voilà ma proposition: le premier blocus économique franco-ontarien.

Ainsi, je m’engage solennellement à ne plus arrêter faire le plein, manger ou dépenser le moindre sou à SS tant que le financement municipal pour l’hôpital ne sera pas rétabli, tout en préservant la politique d’embauche bilingue de l’hôpital. J’invite les Franco-Ontariens, les Québécois, les francophiles, les anglophones tolérants et tous les autres mammifères sensés à faire la même chose.

Si les élus de SS se montrent imperméables aux arguments historiques et constitutionnels, ils ne le seront pas face à des gens d’affaires aux abois.

Une fois le financement annuel de 30 000 $ rétabli, nous retournerons manger dans les fast-food de SS, qui provoqueront des indigestions. Nous nous dirigerons ensuite fièrement vers l’hôpital communautaire de Cornwall, fraîchement rénové, où nos maux de ventre seront soignés dans la langue de notre choix.