Canailles: Manger du bois

Le premier album de Canailles est un vrai cirque, un travelling freakshow avec la galerie de monstres pis toutte le kit. Imagine un groupe zydeco-bluegrass du fond d’un bayou qui tombe dans un dumpster du Plateau Mont-Royal. Ajoute Bernard Adamus à l’harmonica pis c’est dans l’sac. À coups de planche à laver et d’accordéon, de mandoline et de banjo, ces bâtardes ont réussi d’un sacré coup à immortaliser l’énergie carnavalesque de leur show sur bobine et ça goutte la bonne vieille gueule de bois.

L’ambiance est autant à la fête (R’tourne de bord) qu’à la peine (Muraille de Chine), autant cabaret (J’l’haïs) que trailer trash (Dans mon litte). Une chose est sure: Canailles rassemble… t’es drette là dans ‘marde avec eux.

En party, lors d’un dance-off entre Canailles et Daft Punk, je ne suis vraiment pas sûr qui gagnerait. L’autotune n’a rien sur ces voix qui faussent parfaitement et le yodeling pourrait tromper les gros synthés, finalement.

Je suis cette gang de mouffettes depuis longtemps. Leur EP, sorti en septembre 2010, est devenu un de mes albums fétiches et je n’ai jamais raté l’occasion de les voir en shows. Elles m’ont accompagné dans des moments de délire à la Townehouse à Sudbury, au festival Rivers & Sky sous un ciel étoilé avec une bouteille de Jameson trop vide et dans le vieux Noranda au Diable rond pendant le Festival de musique émergente… La gang de Canailles. Des vraies de vraies. Sales. Puantes. Pleines d’échardes.

Pogne-toi une p’tite cannisse de Febreeze, pèse play et tiens-toi bien!

Pour les fans de

Mara Tremblay, Bernard Adamus, Lisa LeBlanc, Québec Redneck Bluegrass Project, Tom Waits, Petunia, Lake of Stew

Ode à la cenne noire

Oh petit disque d’acier, de nickel et de cuivre,
Comme il est triste de savoir qu’on te délivre…
Certes! Tu alourdis mes poches en torieux
Tout en sonnant comme un carillon qui attire les quêteux…
J’entends ton tintement lorsque tu tombes par terre
Et mon regard te suit sous le comptoir où tu erres;
Oh! Combien de fois t’ai-je négligé
Alors que je te laissais simplement tomber!
Pourtant tu es mon brave et fidèle petit compagnon d’antan,
Avec toi je me croyais riche lorsque j’étais enfant.
Combien de fois t’ai-je cherché
Au fond de ma tirelire, sous le tapis de l’entrée,
Dans le tiroir à débarras et sous les coussins,
Afin d’en avoir assez m’acheter un cossin!
À l’université, au bac, je t’amassais,
Afin de payer une pizza que je voulais.
Dans mes disputes les plus tenaces,
Tu étais médiateur avec ton pile et ta face.
Oui, mon petit sous, mon centime, ma cenne,
Je réalise à quel point je t’aime!
Maintenant que la société a décidé de ton sort,
Je te fais part ici de mes remords.
À ta santé ce soir j’irai défendre ma raison,
Car comme le dit la chanson:
C’est avec des cennes qu’on se fait des piastre,
C’est avec des piastre qu’on se saoul la face!


Photo: Big Penny, Canadian Centennial Numismatic Parc, Sudbury, Ontario, 1967

Motel Califorña: Qualité Motel

Les 5 membres de Misteur Valaire ont lancé officiellement hier Motel Califorña, le premier album de Qualité Motel, leur projet parallèle 100% électro. Cet album hyperactif et spontané goûte la limonade et sent la crème solaire!

Au courant des dernières années Qualité Motel s’est forgé un nom sur la scène musicale en faisant des DJ sets lors d’after party et de soirée dansante impromptue (Pop Montréal cette année, dans le métro à la station Place des arts, en aft’heure party des Cowboys Fringants à Sudbury en 2010). Et là, finalement, un album!

Munis de vieux synthés cheaps et de boîtes à gros rythmes comme on les aime, les cinq geeks de Qualité Motel se font un plaisir fou à nous livrer un album pop exutoire sans prétention et submergé d’ironie. Tant bowiesque (Grand farceur) que LMFAO-esque (Arabesque et indécence), nos tympans font face à une armée de collaborateurs. Ceux qui s’ennuyaient de La Patère rose seront enchantés d’entendre Fanny Bloom ouvrir l’album avec la pièce Full of CrimesYann Perreau et la nunavikienne Élisapie Isaac font un surprenant duo sur En selle, Gretel. Un vrai petit bijou. En écoutant l’album, on a des fois l’impression que QM se moque carrément de la musique pop (Le Qualité Motel). On l’apprécie beaucoup. Et comme ultime climax à leurs folies, la pièce Honey Cruller met de l’avant Mitsou qui chante au sujet de Thérèse, une grosse franglo-ontarienne serveuse au Tim Hortons avec un dragon tattoo qui découvre la vie grâce à une soirée de danse. Je pourrais facilement être en crisse de voir l’Ontario immortalisé d’une façon pareille, mais non, c’est fuckin’ pissant.

Parmi les autres voix, nommons SocalledStefie ShockGrand Analog (Winnipeg, Toronto), Pintandwefall (Helsinki, Finlande), James Di SalvioMrs. Paintbrush (Pittsburgh), Karim OuelletCaracolBéni BBQAmélie Glenn et Usetowork. C’est le plaisir.

 «Notre rapport à la pop a beaucoup changé depuis nos débuts, remarque Jules. À l’époque de Mr. Brian [premier album de MV], on était anti-pop, mais le problème, c’est qu’on n’en écoutait pas. Aujourd’hui, sans forcément se taper le dernier Britney en boucle, on peut s’inspirer de l’efficacité d’un hit de Madonna.»

– Luis Clavis, lors d’une entrevue accordée au Voir

Les die-hard fans de Misteur Valaire risquent d’être un peu déçus. Motel Califorña n’est pas la bombe à stimulation de coco qu’était Friterday Night ou Golden Bombay. Ce side-project est une spitoune d’électropop avec de sublimes collaborations bien senties, mais n’est pas à la hauteur du calibre auquel nous a habitué Misteur Valaire.

Pour les fans de

Dance Mix ’95, Misteur Valaire, Duchess Says, LMFAO, Les Rita Mitsouko, La Patère rose, les paparmanes roses

La Nuit sur l’étang 2012 : vision asséchée

À l’époque des têtards

Originalement conçue comme étant une prise de parole pour la communauté franco-ontarienne de l’Université Laurentienne, de Sudbury, voire du Nouvel-Ontario, et en étant le premier lieu de diffusion d’une nouvelle vague d’artistes, La Nuit sur l’étang a déjà été beaucoup plus qu’un simple show rock. C’est pour souligner la clôture du congrès Franco-parole de 1973 (qui avait comme but d’étudier l’état du fait français à l’Université Laurentienne) que ce happening multidisciplinaire où tous y trouvaient quelque chose d’intéressant, a vu le jour… euh, la nuit, pour la première fois.

Cela dit, les temps ont changé. La Nuit d’autrefois n’existe plus. Si on parlait autrefois de ce show annuel comme étant «la folie collective d’un peuple en party», dernièrement on pouvait en parler comme étant «le n’importe quoi individuel d’une petite gang qui n’avait aucune idée ce que voulait le peuple».

Comme l’a dit notre collègue Félix Acheté dans son billet intitulé Pourquoi je ne suis pas à La Nuit sur l’étang, l’évènement est maintenant «un show rock auquel on associe une certaine mythologie, puisqu’on nous dit que ça a déjà été autre chose qu’un simple show». Pis ça finit pas mal là. Or, le nom qu’on y accordait à l’origine s’avérait peut-être plus prophétique qu’on le croyait : dans le fond, un étang, c’est une petite étendue d’eau stagnante. Faudrait-il peut-être voir à retourner à quelque chose de plus qu’un simple show rock?

Retour précaire à l’excellence?

Malgré tout, La Nuit semble quand même vouloir se positionner pour redevenir l’évènement pour lequel elle détient sa renommée. Soulignons quelques points forts et quelques points faibles de l’édition 2012.

Un bar dans la salle? Merci. Y’était temps. Au fil des années, le bar a toujours été un problème. Que ce soit au Collège Boréal, où on divisait la salle en deux (un côté bar, un côté non), à l’École secondaire Macdonald-Cartier (bar dans la cafétéria, spectacle dans le gymnase), ou bien à l’auditorium Fraser (bar dans une salle sur un autre étage entièrement), on ne pouvait pas jadis prendre un verre en écoutant le spectacle. Le choix de déménager le spectacle au Grand Salon de l’Université Laurentienne a au moins permis que les spectateurs puissent prendre une bonne bière en écoutant ce qu’ils ont payé 35 $ pour voir, même si la qualité du son en a souffert.

Malgré ce bon flash, il est resté un grand problème : on ne pouvait pas se commander une bière en français à La Nuit cette année. Ayant lieu à l’Université Laurentienne, La Nuit a dû faire affaire avec Aramark, le service de traiteur qui détient le monopole sur la vente de bouffe et de boisson sur campus. Heureusement, il devrait être facile de rectifier la situation en exigeant des serveurs francophones.

Le même problème était également vrai du côté des gardes de sécurité. Lorsqu’on fait sortir une foule d’au-delà de 300 francophones, n’est-il pas réaliste qu’on engage également des gardes de sécurité qui vont dialoguer avec la foule dans sa langue?

Disons-le. Le calibre des musiciens était élevé, et le choix des artistes était plus cohérent. Ça faisait du bien voir des musiciens franco-ontariens embarquer sur scène. Cela dit, ça faisait bizarre de voir le Jeudi Soir, un groupe composé uniquement de jeunes hommes, monter sur scène après l’ouverture du show par Cindy Doire. Y’ aurait-il eu une façon plus organique d’intégrer ces gars au tout?

Si on pouvait compter au moins 300 spectateurs, il restait, malgré tout, un grand espace vide du côté gauche et à l’avant de la salle. Ça faisait bizarre de voir les trois quarts des spectateurs assis à la droite de la salle, tandis que le côté gauche et le devant étaient vides. C’est presque comme si on ne s’était pas vraiment donné la peine de réfléchir à la disposition de la salle. Disons-le, il est difficile pour La Nuit (ou n’importe quel autre évènement de langue française) d’attirer plus de 300 spectateurs à Sudbury sans faire une campagne de promotion exorbitante. Voilà pourquoi il est doublement important d’accorder une attention particulière à la disposition de la salle. Peut-on suggérer qu’on place moins de chaises et qu’on le fasse de façon à ne pas diviser la salle l’année prochaine?

Du côté des décors, on dira que l’intérieur de la salle était bien décoré. On n’a pas vu d’usages abusifs du drapeau franco-ontarien et les diviseurs de salle étaient recouverts d’affiches de La Nuit. Par contre, à l’entrée de la salle, les décors étaient beaucoup moins bien réfléchis. On y retrouvait plusieurs cut-outs de femmes peinturées de façons éclectiques. L’image d’une femme enceinte avec une pancarte en dessous disant «femme heureuse» aurait franchement pu être mieux réfléchie…

Malgré qu’on ait mentionné sur scène le fait que les décors avaient été fabriqués par le Centre Victoria pour femmes, cela n’était pas indiqué à l’entrée. Peut-être qu’en soulignant ceci aux spectateurs, ces derniers auraient mieux apprécié ce que les décors devaient représenter.

Une Nuit blanche multidisciplinaire pour 2013?

Si le «festival» a cessé d’être «la folie collective d’un peuple en party» au cours des dernières années, l’édition de 2012 était néanmoins une nette amélioration sur celle de 2011.

On a appris que l’année prochaine, La Nuit espère nous livrer un «nouveau» concept pour son quarantième anniversaire, soit celui d’une «Nuit blanche» où on pourra participer à une foire des différents médiums. En fait, on parle plutôt d’un retour à La Nuit des années 70 : multidisciplinaire, plus libre et plus longue. Bref, c’est prometteur, mais seulement si le CA s’assure de mieux définir la vision de la soirée plus précisément. L’édition de 2012 avait comme thème, «les femmes», mais rien de plus. Pourquoi fallait-il souligner les femmes en 2012? Attention, nous ne remettons pas en question la validité de ce choix, mais plutôt la logique du CA en l’adoptant.

À l’automne 2011, La Nuit a tenu son «visionning» (ce qui semblait être un genre d’AGA ouvert à la communauté) afin d’obtenir des commentaires et des suggestions pour s’améliorer. Malgré les quelques heures de discussion, on n’a pas pu déterminer si La Nuit devait être un évènement «toast cheeze whiz» ou «baguette camembert» pour reprendre les mots des participants. C’est à dire, on ne pouvait pas décider si on devait orienter le spectacle vers un public «plus raffiné» ou vers un public de «average joes». L’édition 2012 semble vouloir être «baguette camembert», mais elle ne réussit pas à dépasser le contexte «toast cheeze whiz» pour les raisons qu’on souligne dans ce texte. On est entre les deux mondes. Si on cherche réellement à être le juste milieu, pourquoi ne pas miser sur ceci dans la promotion de l’évènement? De cette façon, on cesse de plaire moyennement à plein de monde et on plait beaucoup à la majorité.

Il faudra donc nous expliquer tout au long de la préparation du quarantième, pourquoi la Nuit blanche est pertinente. On espère entendre plus que «parce qu’on veut un méchant party» comme raison. Les méchants partys, y’en a à longueur d’année à Sudbury.

Si on veut fêter toute la Nuit, tant mieux… mais faisons-le comme du monde. On vous laisse avec quelques suggestions de plus pour l’an prochain : notamment, il faudra penser à offrir de la bouffe (s.v.p. arrangez-vous pour ne pas servir que de la pizza pep and cheese, on est en 2012 et les végétariens existent), un service de navette ou de taxi pour rapporter les gens à la maison (d’ailleurs, pourquoi n’y pense-t-on pas déjà? La conduite en état d’ivresse est déjà un gros problème. Le Regroupement des gens d’affaires francophones du district de Sudbury le fait lors de ses évènements, pourquoi pas la Nuit?), donner de plus longues pauses entre les prestations (désolé, on a de la misère à faire quoi que ce soit pendant plus de 2 heures sans arrêter), et laisser les pros faire leur job (des poètes pour lire de la poésie sur scène, par exemple).  Autrement, La Nuit risque d’être affligée à nouveau par la médiocrité qui l’a paralysée pendant aussi longtemps.


Photo: little goose, dry swamp, par Mele Avery

Lettre à une jeune poète: Ariane Bessette, Avant l’oubli

Salut Ariane,

Puisque des curieux d’un peu partout liront peut-être cette missive, soulignons que je ne te connais pas, que je ne t’ai jamais rencontrée. Et c’est tant mieux! Non pas parce que je n’aimerais pas te rencontrer un jour, mais plutôt parce que je n’ai pas à tenir compte (ou à tenter de m’éloigner) du vécu de l’auteure que tu es, de tes petites manies (nous en avons tous), de tes valeurs, de tes goûts, de tes influences, de tes lectures préférées… Somme toute, je n’ai que ton recueil, tes textes, cette matière première de l’inconscient qui me parvient en ce début de printemps.

Lorsque j’ai reçu Avant l’oubli, la sobriété de la couverture m’a d’abord frappé. Puis, j’ai appris qu’il s’agissait d’un premier recueil et j’ai feuilleté maladroitement, comme je le fais souvent (chacun ses petites manies), à la recherche de quelques perles, quelques images qui sautent aux yeux et qui incitent à poursuivre.

Après un survol initial, j’ai plongé, relisant lentement ces poèmes à la fois tendres et crus où progressivement se dessine un univers qui à la fois unit et divise une fille et sa mère. Ici, pas de solutions faciles puisque la mère vit ses dernières heures. Ici, nous nous retrouvons devant l’épreuve d’aimer, l’instinct ressenti au plus petit moment, les balbutiements d’une quête où le passé et le présent s’entremêlent, entre le noir et le blanc.

Ton recueil s’ouvre sur une phrase de Pascal de Duve qui, à mon avis, donne le ton, situe le lecteur, prépare le dialogue à venir: «Peut-être la mort aura-t-elle le dernier mot, mais l’amour aura eu le plus beau».

Puis, tu enchaînes, découpant les vers (des vers brefs et nerveux à souhait où je sens parfois une certaine retenue — inévitable, diront certains), des vers où la juxtaposition du silence et des «phrases incomplètes» participe à la précarité que tu installes dès le premier poème.

Je conserve la durée
le silence
les phrases incomplètes
leur arrêt menaçant
fragile
pose blanche inerte du visage

(page 11)

En cours de lecture, m’est revenue cette phrase de Rainer-Maria Rilke: «En une seule pensée créatrice revivent mille nuits d’amour oubliées». Un petit rapprochement et déjà, j’étais plus près de cette œuvre de mémoire à laquelle tu me conviais («ma mémoire à l’encre faible», oubliant «le temps qui reste», inscrivant l’autre «dans la marge de tout après-midi/passé près des pommiers/à humer leur parfum»).

Des textes courts, certains hachurés presque, des clins d’oeil qui illuminent la nécessité de sentir. Autant de fragments où les images se succèdent («lumière blonde déversée sur les lattes de bois», «frêle bourdonnement/pénombres installées/au creux du regard», «la chambre épuise ta beauté»), déposant lentement, avec douceur, les pièces de ton casse-tête mnémonique.

Progressivement, des états de tension ou de paralysie surgissent entre le souvenir et l’attente, se précisent, se mêlent à qui nous sommes, comme si le lecteur ou la lectrice t’accompagnait le moment de la chute venu.

L’écorce qui recouvre l’intime
érosion amoureuse
lentement
retourne à la terre

(page 29)

Un recueil d’une belle sensibilité, «comme une lenteur/greffée à la peau», celle qui donne raison aux sentiments et au développement naturel de cette grisaille intérieure qui conduit, avec humilité et patience, à un autre état de connaissance.

Sentir qu’il n’y a eu entre nous
qu’une longue conversation
toujours la même:
en retrouver la source

(page 31)

J’ai lu. J’ai relu. Et tes questions sont devenues les miennes jusqu’à la toute fin où d’une part «le jour se libère», où d’autre part:

Tu demeures
pour moi
une douce et subtile
illusion:
un fantôme
qui ne quitte jamais la chambre

(page 68)

Vivre pleinement l’instant, les «pépiements (…) sonores et vivants (…) le silence traversé par un moineau». Et peut-être en les vivant, entrer un jour dans les réponses. Je te le souhaite!


Ariane Bessette, Avant l’oubli, Ottawa, Les Éditions David, 2011, 74 pages.

ISBN 978-2-89597-199-3

Dans une galaxie près de chez vous…

AVEC PAS D’CASQUE
Astronomie
Grosse Boîte

Au lieu de simplement rafistoler le folk joliment déglingué de ses deux premiers albums, dont l’excellent Dans la nature jusqu’au cou en 2009, le groupe montréalais Avec pas d’casque a choisi d’ajouter des sonorités plus atmosphériques, voire cosmiques. Défoncer le toit de la shed plutôt que bêtement la repeindre. Du coup, on en voit mieux les étoiles.

Ces étoiles, on les doit à l’arrivée du trompettiste baryton Mathieu Charbonneau (Torngat, The Luyas) et de Mark Lawson (Arcade Fire, etc.) à la console. Ils ont su planter un décor nocturne qui convient parfaitement aux textes du cinéaste Stéphane Lafleur (Continental, un film sans fusil, En terrain connus, le montage de Monsieur Lazhar), toujours aussi étonnant avec sa poésie de bout de ficelle, ces images gossées à même un quotidien à la fois tendre et désarmant :

Ton corps trempé dans la paillette
Ma tête de boule miroir
T’es un gala à toi toute seule
Je garde le vestiaire
(Les oiseaux faussent aussi)

Nous ferons des concours de lumière
De blessures en ordre croissant
Tu voudras que je préfère
J’haïrai évidemment
Mais je veillerai le feu avec toi

Veiller le feu

Qu’il s’agisse d’Apprivoiser les avions, de Veiller le feu ou de La journée qui s’en vient est flambant neuve, les mots et les images nous traversent le corps pour nous laisser émerveillés, mais aussi curieusement apaisés, preuve que le groupe a su dépasser la simple enfilade de métaphores chocs au profit d’un univers somptueux, cohérent. Alors qu’on écoutait les précédents albums d’Avec pas d’casque à la recherche de la jolie phrase à épingler sur son frigo, Astronomie nous invite plutôt à nous étendre au sol, les yeux plantés au ciel. Jamais l’idée d’accorder des «étoiles» à un disque n’aura été plus appropriée.

Pourquoi je ne suis pas à La Nuit sur l’étang

Pour ma génération, La Nuit sur l’étang c’est un show rock parmi tant d’autres. C’est un show rock auquel on associe une certaine mythologie, puisqu’on nous dit que ça a déjà été autre chose qu’un simple show.

Ça a déjà été une soirée de party, un rassemblement, une célébration de l’art, de la musique, de la poésie, du théâtre. Me semble que c’était une façon de se faire notre propre Nuit de la poésie. Me semble que c’est censé représenter «la folie collective d’un peuple en party», non?

J’ai souvent ressenti un devoir, ou une obligation personnelle d’aller à La Nuit. Pas nécessairement pour les artistes, qui souvent ne m’intéressaient pas, mais pour avoir l’impression de participer à quelque chose. J’y allais, soit comme bénévole, soit comme consommateur, et j’étais souvent déçu. Pas nécessairement par les artistes, qui malgré leur anonymat relatif et/ou leur manque de compréhension du contexte donnaient des bonnes performances, mais par le manque de party, le manque de dynamisme, la banalité de la chose.

J’y allais, principalement (malheureusement) pour démontrer que les jeunes participaient encore à la culture franco-ontarienne.

Il y a quelques années que je ne suis pas allé à La Nuit sur l’étang. Ce n’est pas entièrement de ma faute, je n’habitais plus à Sudbury. Bien sûr, j’aurais pu faire la route et revenir voir ma famille pour une fin de semaine, mais tant qu’à faire 8 heures de route, je pouvais voir d’aussi bons, sinon de meilleurs shows à Montréal. D’après ce que m’ont raconté mes amis sudburois lors de mon exil, je n’ai pas manqué grand-chose. J’ai manqué quelques shows rock.

Revenu maintenant dans mon cratère, dans mon étang, dans mon talus de bleuets, je ne ressens plus ce besoin d’aller à La Nuit sur l’étang. Je ne ressens plus ce besoin de prouver que les jeunes s’impliquent; on l’a prouvé avec taGueule, on l’a prouvé avec des shows de Malajube, de Dumas, des Vulgaires Machins, on continue de le prouver et en ce sens, je ne suis plus aussi inquiet que je l’ai déjà été sur la place des jeunes dans la communauté. Mais à travers tout ça, notre folie collective ne passe plus que par La Nuit sur l’étang.

En cette 39ième Nuit sur l’étang, j’ai autre chose à faire. J’ai déjà vu en spectacle la plupart des artistes invités, et je n’ai pas envie de voir un show rock parmi tant d’autres.

Lisa LeBlanc : La torieuse

On l’a appelée la «Bernard Adamus féminine» et la «Diane Dufresne de Rosaireville».

Bullshit!

L’acadienne Lisa LeBlanc est une bébitte à part entière.

Originaire de Rosaireville, un village de 42 habitants au Nouveau-Brunswick, Lisa LeBlanc is the real deal. On attendait son premier album depuis longtemps, et my god, que ç’a valu l’attente. Réalisé par Louis-Jean Cormier (Karkwa), son premier opus est une charrue authentique, percutante et touchante qui torche d’un boutte à l’autre et qui ne laissera personne indifférent. Soit tu l’adores, soit tu l’get juste pas.

Armée d’un banjo, de boot spurs et d’une gueule en chiac rauque, on a affaire à une Lisa LeBlanc surprenante et mature (Ligne d’hydro), crue et poète (Motel), charmante et honnête (J’t’écris une chanson d’amour), tordante et puante (Aujourd’hui ma vie c’est d’la marde) et éternellement rough sur les bords (Câlisse-moi là). Belle surprise: entendre Louis-Jean Cormier chanter avec humilité «Au pire on riera ensemble. On mangera du Kraft Dinner. C’est tout c’qu’on a d’besoin.»

«Lisa LeBlanc n’a pas peur des mots, ce sont les mots qui ont peur d’elle.»

— Gilles Vigneault

La gagnante du grand Prix du Festival international de la chanson de Granby en 2010 auto-proclame son style musical le folk-trash, mais son attitude envers la musique ressemble beaucoup plus au punk qu’au folk (Chanson d’une rouspêteuse). Sa musique est un fuck you aux chansons fi-filles, au folk traditionnel et aux gens qui s’prennent trop au sérieux.

Lisa LeBlanc nous livre un premier album débordant d’honnêteté et rafraîchissant comme l’odeur du fumier au printemps.

L’album éponyme est sorti sous l’étiquette Bonsound Records et est disponible dès maintenant!

Pour les fans de

Bernard Adamus, Plume Latraverse, Marcel Martel, Canailles, Patrice Desbiens, Mononc’ Serge

Moments forts

Ligne d’hydro, Cerveau ramolli, Avoir su, Motel, Câlisse-moi là

Dérape de la Francophonie

En cette Journée de la Francophonie, je partage avec vous un vidéo qui est dans la même veine que C’est un amour, sauf que celui-ci vient de l’Ontario et les saxs kitch des années ’80 ont été remplacés par des «Yo! Yo! On est francos!», des «Francoquoi?» et des «C’est cooool».

On peut-tu s’il vous plaît arrêter de pervertir la Francophonie avec des quétaineries aussi insipides? On a d’l’air désespéré!

Oui, le contenu est pertinent, mais si le médium est le message, on est notre propre source d’assimilation.

Ça me rappelle un peu (mais un peu!) ceci.

Flash mob de la Journée de la francophonie

Aujourd’hui, nous célébrons la Journée de la francophonie. Nous allons en profiter pour faire un peu de sensibilisation.

Dans le récent numéro de la revue À bon verre, bonne table du LCBO, un article parle du succès de la trilogie d’Hélène Brodeur, publiée chez Prise de parole. Lors d’une récente visite au LCBO du centre-ville, aucun exemplaire en français de cette revue n’était disponible.

Rendez-vous au LCBO du centre-ville de Sudbury pour un flash mob littéraire!

Aujourd’hui, mardi 20 mars 2012, à compter de 17 h, on fait la file et on se présente l’un après l’autre pour demander la version française.

Si elle est depuis en stock, grand merci!
Si elle ne l’est pas, on indique qu’on souhaite l’obtenir.

Chorégraphie et chapeau fournis sur place, dans la bonne humeur générale! La succursale est ouverte jusqu’à 18 h.

Une fois rassemblés, nous pourrons décider où nous souhaitons ensuite aller déposer nos pénates, peut-être prendre un verre ensemble…

Ailleurs en province

Vous êtes inspirés pour faire de même chez vous? Enwoyez! Mobilisez-vous!

Laissez-nous savoir comment ça va dans les commentaires.

C’est un rendez-vous.